Un nouveau venu sur la scène progressive polonaise. FREN vient de CRACOVIE mais n'a pas été signé par Lynx Music, ce qui est assez rare pour être signalé. FREN est un quatre pièces instrumental classique (guitare, basse, batterie, claviers) qui existe depuis 2017 seulement et qui puise ses racines chez les ténors du progressif des années soixante-dix essentiellement.

La couleur ou plutôt les couleurs musicales proposées par FREN sont à rechercher entre un post rock tantôt mélancolique, tantôt énergique avec un petit côté spatial trance tirant vers les premiers PINK FLOYD ou les premiers OZRIC TENTACLES, et une coloration médiane très jazz (nous allons y revenir), en clair un melting pot pas toujours simple à appréhender.

Nous débutons le voyage avec "Twin Peaks" (oui, oui comme le feuilleton américain des années quatre-vingt-dix), titre calme ultra mélodique qui pourrait avoir été créé par PINK FLOYD mais peut-être plus encore par un groupe plus soft de la frange progressive britannique tel CAMEL ou CARAVAN, excellente mise ne bouche qui donne envie de poursuivre (9/10). "Surge" est le titre choisi par la formation cracovienne pour se présenter sur les plateformes musicales, c'est une pièce plus longue et plus énergique que la pièce introductive (près de dix minutes) avec une forte présence de la guitare basse d'Andrew SHAMANOV et par ailleurs inondée des claviers d'Oskar CENKIER, (avec un somptueux mellotron à partir de 2:40) donc dans la première moitié de la pièce et puis un orgue truculent et puissant que ne renierait pas un Phil LANZON au meilleur de sa forme, dans la seconde moitié (9/10). Le court "Goraca Linia" rock’n’rollant jazzifiant, avec un piano délié et encore une basse puissante n'est pas dans mes préférés loin de là (6/10).

Passons à la plus longue pièce de l'album avec "Pleonasm" et ses douze minutes, introduit par un céleste piano qui débouche sur une digression jazzante relativement allongée puisqu'elle s'étend jusqu'à la cinquième minute, le tout est agréable mais ce n'est pas ma tasse de thé, par la suite la machine s'emballe quelque peu sous les arabesques de la guitare de Michal CHALOTA, et toujours le piano en première ligne qui donne le tempo à ce pléonasme, un piano frappé au-delà de la neuvième minute et ce, presque jusqu'au terme de la pièce, un titre pas facile d'accès car finalement très original, à réserver à celles et ceux qui ont de très grandes oreilles (7/10). A la suite "Heavy Matter" est énergique et même réellement heavy (surtout dans son mitan), à contrario du titre précédent, le morceau le plus accessible sur l'ensemble de l'album, avec toujours l'omniprésent piano d'Oskar CENKIER, la rythmique métronomique d'Andrew et d'Oleksii FEDORIV derrière les futs et terminé par un brillant solo de six cordes de Michal (9/10).

"Time to Take Stones Away" qui clôture l'oeuvre, se présente dans un moule musical plus classique, une plage vraiment rock, progressive évidemment, avec une ligne mélodique facile à suivre, on peut regretter qu'elle se clôt trop rapidement, pour tout vous dire cette plage m'a fait penser à un titre du colosse germanique GROBSCHNITT, dans le sens où on a l'impression que ça pourrait durer encore et encore...ma pièce préférée vous l'aurez compris (10/10).

FREN nous propose un premier effort discographique intéressant, une belle vitrine des possibilités du quatuor polonais, il va falloir confirmer cette mise en bouche prometteuse.