Conduite par le claviériste polonais Slavomir Maria NIETUPSKI, JASMENO est un collectif polono-italo-australo-américain, rien de moins. Au total, huit artistes participent à ce premier album éponyme, et chacun des musiciens et chanteurs invités a contribué d'un petit quelque chose pour l'édification de cet album de musique électronique agrémentée de plusieurs solos de guitares très rock. On y retrouve également le multi-instrumentiste Andrea BOCCARUSSO à la guitare acoustique et électrique et comme voix principale, Gabriela GUTIERREZ et ses solos à la harpe, l'Australienne Lecia Louise MCPHAIL-BELL aux guitares et aux chants. Des musiciens locaux ont également participé au projet, dont Piotr CHOMICZ à la guitare électrique, Beata SZEWCZYK au niveau vocal, le jazzman Robert JAKUBIEC à la trompette et Anna HERON au chant.

NIETUPSKI pour la création de cet album s'est beaucoup inspiré de plusieurs courants musicaux dont le rock, la musique électronique, la musique froide de type industrielle, du métal, de la musique d'ambiance et de trames sonores de film. Mais pourtant à l'écoute ce qui ressort le plus, ce sont les hybridations sonores entre DEPECHE MODE (Dansez sur « Daysdreams ») et TANGERINE DREAM (Planez sur l'intro « Plankton »). La base de pratiquement toutes les compositions de l'album sont des battements forts et artificiels, programmés dans la boite à rythme. Donc, si l'usage de ce genre de système vous donne de l'urticaire où va à l'encontre de vos convictions musicales, il vous faudra peut-être passer votre chemin. Malgré cet artifice, les titres sonnent quand même assez bien, en autant que vous aimiez ce genre musical, proche du « dance music ». L'espace sonore est bien rempli, profond, et grassement saturé, se transformant en toile de fond pour les cris lancinants d'une guitare se rêvant comme la propriété d’un David GILMOUR.

Ce qui ressort aussi de tout cela, c'est le travail du claviériste qui imbriquent une énorme quantité de de sons et de bruits de synthés à différents tempos, donnant des titres très dynamique et rapides. Pour ce qui est du chant, l'équipe se débrouille très bien, et BOCCARUSSO offre une voix basse et avec suffisamment de nuances émotionnelles pour traduire cette prose mélancolique sur fond « dance ». Très agréable, elle s'inspire du style langoureux et charmeur de Dave GAHAN.

N'étant pas très amateur de ce style musical, car à mon avis ceci n’est pas très rock progressif, j'ai malgré tout trouvé que cela était très bien fait et réalisé avec soin. Les deux premiers titres sont puissants et dans « Temptation in Vain », la présence remarquée de la trompette de JAKUBIEC donne à l'intro de ce titre une forte personnalité, mais celle-ci est tristement sous utilisée. Les voix féminines dans « Reptile » aussi sont excellentes et ajoutent un fort cachet, sur un titre plutôt artificiel et sans âme. Mais malgré tous ses points positifs, après un certain temps d'écoute, il s'installe une certaine lassitude due à un étrange sentiment de redondance, probablement lié à la boite à rythme qui semble toujours travailler sur le même « beat ». Si vous êtes fan de musique électronique facile d'écoute, et de DEPECHE MODE, vous serez aux anges. Les fans de « Prog » pur et dur quant à eux, auront déjà porté un jugement sévère et irrévérencieux car trop loin de leurs envies. Titre préféré : « Daydreams » Bonne écoute!