CHRONIQUE / REVIEW
Zopp
Zopp
Releases information
Release date:
April 4, 2020
Format:
Dig, CD
Label:
From:
Bad Elephant Music
Royaume-Uni / UK
Marek Deveaux - April 2020
9,6
TRANSLATED REVIEW (GOOGLE TRANSLATE) BELOW FRENCH TEXT !
Avant même de s'imprégner du contenu, ZOPP nous propose tout un programme avec ce cover symbolique et prometteur qui pourrait faire l'objet d'un vrai sujet de dissertation. En effet, j'ai tout de suite été attiré par cette pochette intéressante et intrigante. Un jeu d'origami bien monté nous montre comment une théière évolue progressivement pour se transformer en scorpion, comment une chose peut devenir radicalement autre chose par le truchement d'un montage intelligemment illustré. A la tête de cette arachnide mutante nous avons le compositeur et multi-instrumentiste RYAN STEVENSON, un spécialiste de musiques de films et de documentaires, l'organiste ANDY TILLISON venant tout droit de THE TANGENT et le percussionniste ANDREA MONETA du groupe LEVIATHAN. Il ne faut pas prendre " Zopp " comme un album conceptuel, mais comme une collection mûrie et affinée de chansons écrites et produites au cours des dix dernières années par RYAN STEVENSON qui est au centre de tous les projets.
On nous propose ici du " Canterbury " ajusté au goût du jour avec les instruments de l'époque, aux sonorités fusionnantes expérimentales à l'ambient jazz et classique des 70'. Malgré la participation active de ANDY TILLISON ne cherchez pas de ressemblances avec son groupe d'origine. Les influences revendiquées sont EGG, NATIONAL HEALTH, HATFIELD AND THE NORTH, et STRAVINSKY, je rajouterais HAPPY THE MAN, CAMEL voire GENESIS et YES, car les mélodies sont nombreuses et les accords bien tournés. L'appellation du groupe provient de la contraction du " Z " de ZAPPA et de "Fopp" pour le nom d'un magasin de disques que fréquentait assidûment notre leader. Il vous faudra quelques écoutes pour apprécier à sa juste valeur toutes les teneurs de cet opus qui s'avérera enthousiasmant et rempli de saveurs autant dans ses variétés que dans ses compositions. Voici un bref aperçu de mes perceptions :
On débute avec " Swedish Love ", un doux et court interlude avec claviers, chanté sans parole de façon désuète à la manière de HATFIELD AND THE NORTH, c'est joli mais ça s'assombrie à mi-chemin, peut-être que la suède n'est pas le meilleur exemple à suivre dans ce domaine...? Avec " Before The Light " on démarre en trombe comme une cavalcade, synthé hurlant, orgue haut perché, c'est rythmé et entrainant, à la limite " hard " dans certaines sections, mais sans exagération. Les mélodies sont incisives et somptueuses, dotées de nombreux passages contrastés, parfois un tantinet jazzy et ambients qui donnent à ce morceau un sentiment de totale réussite, la perfection n'est pas loin ! " Eternal Return " nous entraine dans un monde lyrique et moyenâgeux dans un style qui se rapproche de GENESIS dans ses compositions et des instruments utilisés. L'ensemble est rehaussé par des effets cinématiques ponctuels à impacts, accompagnés de connotations à la ENNIO MORRICONE et de quelques ressemblances du groupe Italien LA BATTERIA, les guitares sont ici plus présentes afin d'aérer l'orchestration, et délivrer des accords majeurs ... les réussites se suivent mais ne se ressemblent pas ! Démarrage mi classique mi jazz en tenue de gala pour l'intro de " Sanger ". Ce barde poète nous offre une " Contre-basse " et un piano classieux joués en douceur, colorés de reliefs aux silences évocateurs, pour être repris par de brillants claviers fougueux à la manière de ELP, une guitare en surplomb tire l'alarme avec une belle acoustique dans la frange de MIKE OLDFIELD, la ballade se termine comme elle avait commencé, tout en plénitude et subtilité.
" Sellanrå " est une ville tirée d'un roman Norvégien intitulé " croissance du sol " de KNUT HAMSUN. En effet, on ressent bien la vie dans ce sol, on peut même entendre l'herbe pousser tant la lenteur est tirée ici à l'extrême. Ce morceau nous propose une ballade illustrée par des claviers entourés d'effets spéciaux nous transportant dans un voyage atmosphérique ressemblant à un rêve, c'est chic et reposant. Le sixième titre est un " V " majuscule pour la 22ème lettre de l'alphabet, l'âge de RYAN STEVENSON quand il a composé cette chanson. Ce " V " sonne comme un voyage, plus exactement un voyage cinématographique, une sorte d'intrigue policière, où fusion et prog des années 70 se mêlent admirablement. Les synthés y sont fabuleusement irradiant, les ambiances jazz/jazzy nous projettent dans de joyeuses nostalgies ensorcelantes. Chaleur aux sensations éternelles, décontraction mesurée dans la touche de CARAVAN, et accords idéaux aux structures de HAPPY THE MAN donnent à ce titre un vrai succès !
" Being And Time " est à mon sens le morceau le moins fouillé, à la défaveur d'une six cordes un peu trop répétitive, de compositions moins complexes et ténues... Un passage intermédiaire et une accélération orchestrale intéressante viendront cependant sauver cette construction aux allures doomy. " Zero ", est un chiffre que ne connaissaient pas les Romains, ou qu'ils ne considéraient pas comme un nombre. Pour évaluer ce titre je mettrais la lettre grec... pi (3,14), symbole de la perfection pour une sublime transition à 2:48 avec pour clef de voûte une descente et montée de gamme analytique et jouissive, une vraie démonstration ! Claviers et guitare fusionnent en ces lieux dans des tempos rapides et enroulés dans des sonorités s'approchant autour de groupes tels que GENESIS ou WOBBLER... la comparaison est juste et justifiée ! " The Noble Shirker " est une phrase inventée par RYAN STEVENSON qui peut être traduite par " le noble esquiveur " faisant allusion à une vie simple portée par la passion de la musique. Cette dernière pièce prend l'allure d'un air qui ressemble à un pied de nez, une sorte de farandole orchestrée. Il n'y a rien à jeter, tout y est, vous reprenez toutes les qualités et les points positifs mentionnés ci-dessus, vous rajoutez des solos de saxophone, de clavier, des arpèges électriques, un peu de mellotron bien placé, une dernière minute qui s'envolera vers une civilisation futuriste, et vous découvrirez de la musique hautement prog au sens le plus noble du terme. Cette dernière épreuve vaut à elle seule l'achat de l'album !
Ce disque rempli de bonnes idées sent bon le renouveau des « seventies », et nous propose des déferlantes d'enchaînements harmoniques complexes, échafaudées par une pluie de synthés et d'orgues en tous genres savamment superposés en multicouche (voyez la liste attribuée aux claviers), par des acoustiques de toute beauté nous plongeant dans des univers mélodiques, lyriques, cinématiques et atmosphériques. Je peux dire sans beaucoup me tromper que cette galette fera référence dans la scène Canterbury et dans le monde du Prog en général. RYAN STEVENSON et ses colistiers ont fourni au travers de cet album un travail admirable, avec une propension à l'exercice d'équilibre en magnifiant la musique dans tous ses compartiments, et en mélangeant quasiment tous les genres connus du Rock Progressif pour fusionner avec la communauté amatrice de jazz et de musique classique. J'ai placé cette oeuvre aboutie très haut dans mes pièces de collection, et je vous conseille fortement d'en faire de même !
- 1. Swedish Love (01:32)
2. Before The Light (06:05)
3. Eternal Return (05:06)
4. Sanger (03:20)
5. Sellanrå (03:29)
6. V (06:37)
7. Being And Time (04:33)
8. Zero (04:52)
9. The Noble Shirker (09:19)
PISTES / TRACKS
musiciens / musicians
Ryan Stevenson: Keyboards, Mellotron M4000D, Hammond organ, Arturia analogue synthesizer, Korg CX-3 organ, piano, Hohner Pianet T, Nord Electro 5d, bass and electric guitars, voice, field recordings, percussion.
Andrea Moneta: Drums and percussion.
With:
Andy Tillison (The Tangent): Additional piano (6), additional Hammond organ (3), Leslie processing (2, 5, 6), synth (4), effects (3, 9).
Theo Travis (Steven Wilson, The Tangent, Gong): Flute (6).
Caroline Joy Clarke: Voice (1, 7, 8).
Mike Benson: Tenor saxophone (9)