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ENTREVUE / INTERVIEW

The Raging Project

With: Ivan Jacquin

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ALBUM REVIEW HERE

Alain Massard - March 2024

PROFILPROG: Tout d’abord merci d’avoir accepté l’invitation. J’aimerais que tu débutes par une présentation personnelle, l’origine de ton groupe!
Ivan Jacquin: Bonjour Alain, bonjour à tous les lecteurs de Profil Prog. L’origine remonte à 2007, lorsque j’ai créé quelques morceaux que j’avais en tête depuis longtemps, je n’avais jamais vraiment composé de chansons purement métal. Des éléments électro et prog, atmosphériques même sont venus se greffer et nous avons enregistré un EP 5 titres avec Lionel Fevre aux guitares et Jeannick Valleur au chant féminin. Nous avons par la suite tenté de monter un groupe, avec quatre autres musiciens mais après quelques concerts ça n’a pas fonctionné. Les chansons sont donc restées endormies pendant 10 ans et je les ai réveillées en 2021 pour les remettre au goût du jour, sous forme de projet studio collaboratif.

PP: Tu joues de la musique depuis longtemps, je t’ai vu en 2019 au fameux ‘Rock au Château’ sous Psychanoïa, tu as parlé du projet Foreign et maintenant Raging, qu’est-ce qui t’a amené à ce concept particulier?
IJ: Comme je l’ai noté plus tôt, je suis beaucoup plus adepte de rock et de métal que de prog au départ, et j’avais envie de composer quelque chose de plus puissant que ce que je faisais à l’époque (j’avais à ce moment-là le Pink Floyd Symphonique, groupe rock, orchestre et chœur, mon groupe rock-celtique Projekt One et mon trio électro-acoustique Amonya). Comme j’avais mon pote Lionel sous la main avec qui j’avais joué dans un ancien groupe Lifeseeker, nous avons enclenché la machine.

PP: Quelles sont tes plus grandes influences aujourd’hui?
IJ: Je reste fidèle aux émotions que m’ont provoqué mes groupes fétiches Kansas, Marillion, Dream Theater, Devin Townsend, Steve Vai, Iron Maiden, Whitesnake, Deep Purple, Vanden Plas, Lacuna Coil, Toto, Magma, Genesis, Pink Floyd, Sting mais depuis une bonne dizaine d’années maintenant voire plus, je voue une passion au métal symphonique et progressif comme Ayreon, Evergrey, Beyond the Black, Within Temptation, les vieux Nightwish, Seven Spires, Smackbound, Secret Rule, Symphony X... J’aime aussi quelques groupes français excellents comme Klone, Lazuli, Magnesis, Edenya, Nemo, JPL… J’aime tellement de choses variées et tout peut m’influencer, le jazz de années 50-60 de Charlie Parker et John Coltrane, la musique irlandaise, la musique classique surtout les romantiques modernes comme Debussy, Satie, Stravinsky et un peu de World music également.

PP: Venons-en à ‘Future days’, demain sera meilleur qu’aujourd’hui ou tu crains encore plus pour notre planète? Quelles inspirations ont été importantes pour cet album?
IJ: Je pense hélas que même si beaucoup d’actions et de décisions sont faites et prises pour améliorer notre futur et nos erreurs passées, il est malheureusement trop tard pour beaucoup de choses, nous nous réveillons seulement alors que le grand chamboulement a déjà commencé depuis des décennies maintenant. Nous courons à notre perte, nous allons faire face à un cataclysme planétaire incommensurable, la terre a déjà vécu beaucoup de catastrophes similaires depuis tous ses millénaires d’existence, mais aucun avec les humains comme habitants vivants. Certains événements sont naturels et nous ne pouvons rien y faire, mais la plupart de ce qui va arriver est dû aux actions des hommes, de la course à la technologie sans fin ni contrôle, la pollution incessante engendrée par toutes les industries, les fausses bonnes décisions comme le tout électrique qui va polluer au final autant voir plus que le pétrole, le tout numérique qui a besoin d’énormes serveurs informatiques que l’on place dans les pays froids et qui accélère la fonte des banquises, la disparition de plus de la moitié des espèces volantes et marines, le réchauffement des océans, la fonte des glaciers et de tout le pôle Nord et une partie du pôle Sud et la libération de méthane et de CO2 dû à la fonte du permafrost qui résulte de toute cette folie technologique, la population qui ne cesse de croître alors que nous sommes déjà trop nombreux depuis bien longtemps, nous dépouillons la terre de ses dernières ressources à une vitesse quasi-incontrôlable… Nous savons tous ce qu’il y a à faire pour améliorer notre vie et préserver la nature, nous le savons tous, alors chacun à son petit niveau tente de faire au mieux au quotidien avec ses petits moyens personnels et sa conscience, en tout cas j’essaie de le faire le plus possible. Mais tant que les gros lobbys mondiaux, les groupes industriels et les gouvernements ultrapuissants et décisionnaires sur la vie des populations ne prendront pas des mesures drastiques pour cesser tout ce qui cause du tort à la planète, ce qui leur ferait perdre argent et pouvoir bien sûr, tout cela ne servira à rien. Nous allons droit à l’extinction de masse, nous le savons, nous restons spectateurs passifs, inconscients, et nous pensons, enfin nous espérons que les prédictions les plus alarmistes seront fausses ou moindres… Tu comprends pourquoi ce concept se nomme The Raging Project ??? (Rires)

PP: Peux-tu expliquer un peu le sens de la pochette, oui les membres de Profil PROG veulent tout savoir!
IJ: En fait la pochette comporte les deux parties extrêmes de la vie, la noirceur et la lumière. Les ombres en bas représentent des sortes de choses, comme des flaques un peu huileuses dont on ne connaît trop la source mais on sent qu’on n’y mettrait pas les pieds. En haut on trouve cette lueur qui pointe et qui représente l’espoir d’un futur nouveau et plus positif. Mais en même temps on aperçoit une sorte de grosse toile d’araignée qui tente de retenir cette clarté afin que l’espoir ne soit pas si présent.

PP: On trouve du bon monde sur l’album, comment as-tu fait pour amener ces guests à te suivre sur ton projet?
IJ: La plupart avaient déjà joué sur mon précédent album Foreign Rock Opera Part II, comme Leo Margarit (Pain of Salvation, For all we know), Amanda Lehmann (Steve Hackett), mes collègues de Psychanoia, Olivier Gaudet, Thierry Charlet et Jeanffy Ciman, mon ami de toujours Henri-Pierre Prudent avec qui j’ai joué longtemps dans différents groupes. Jeannick Valleur (Foreign I&II, Amonya) ma chère et tendre me suit dans mes aventures depuis plus de 20 ans et elle s’est occupée de tout l’artwork de l’album. Certains sont également des musiciens avec qui j’ai partagé des groupes et des projets, comme Franz Koehler (Taennchel) et Geoffrey Baumont (Aegirson) et d’autres ont été de belles découvertes sur les réseaux sociaux, comme Fabrice Lacourt (Neon blue, Heliums’ Station), Ingrid Denis (Oscil, Jirfiya), Greg Giraudo (Parallel Minds, The Enders) et Stelios Gatziolis. Quant à Jean-Pierre Louveton (Nemo, JPL, Wolfspring…), on communique pas mal depuis ses débuts avec Nemo et mes CD sont régulièrement distribués par son label Quadrifonic. Puis pour finir, Derek Sherinian (ex-DT, Sons of Apollo, Black Country Communion, For whom Gods destroy) a accepté très facilement à ma demande de composer et jouer de grandes parties de claviers avec des sons divers (moog, lead, Theremine) sur le morceau le plus épique, On Earth. De beaux talents qui ont entièrement magnifié ma musique, je ne les remercierai jamais assez…

PP: Dans l’éventualité de partir en tournée, avec quelle composition penses-tu jouer sur scène?
IJ: Très bonne question ! A l’instar de Foreign, The Raging Project est une œuvre studio mais dans l’éventualité utopique et très peu probable où des concerts se présenteraient, et vu l’éloignement planétaire de la plupart des musiciens les uns des autres, je pense que la section groupe serait tenue par les gars de Psychanoia et Jeannick au chant féminin (et moi-même bien sûr au chant et claviers) et je ferais appel à des invités de l’album ou d’autres selon les disponibilités de chacun, comme tu vois ce serait très compliqué à mettre en œuvre, à moins qu’une grosse structure de production ne soit intéressée pour investir sur le devenir « live » du projet.

PP: Dernière question plus personnelle : tu vis la musique comme un exutoire, comme une thérapie ou comme un passe-temps agréable?
IJ: Je vis la musique au point où elle fait partie de moi, profondément. Je pense que nous naissons artiste, c’est un état inné, et que la vie est une suite d‘apprentissage d’un art (ou plusieurs) qui nous correspond. J’ai eu la chance que mes parents décèlent mon potentiel musical dès mon plus jeune âge et me fasse apprendre le piano au Conservatoire puis vers un prof de Jazz. Depuis, je n’ai eu de cesse de jouer, composer, partager et bien sûr écouter de la musique. Je ne pense pas avoir passé un seul jour de ma vie sans écouter une ou deux chansons. C’est une drogue, mais une drogue vitale. Hélas je n’ai jamais pu en faire mon métier.

PP: Un mot de la fin pour terminer et me laisser me plonger dans l’album, tu le vois prog métal, métal prog ou tu es au-delà des étiquettes?
IJ: Il faut des étiquettes pour que le public se repère, c’est tout à fait normal, même si je sais que ma musique, peu importe les styles, les groupes et les époques, a toujours été une sorte d’hybride entre plusieurs mondes à savoir le rock vintage, le prog, le métal, certains éléments jazz, pop, électro ou symphoniques. C’est peut-être pour cela que mes travaux ont toujours du mal à trouver leur public durant toutes ces années. Pour en revenir à « Future Days », je qualifierais le style de « métal progressif moderne », c’est le terme qui a d’ailleurs été utilisé par beaucoup de chroniqueurs de tout pays. On doit donc être proche de la réalité.

PP: Un dernier mot pour conclure, ta pensée sur le monde d’aujourd’hui …
IJ: Je pense que ma pensée sur le monde a été bien détaillée dans une question plus haut, plus personnellement j’invite tous les gens qui ont l’esprit musical ouvert à découvrir cet album, (il est dispo en CD, digital et en streaming, même si j’ai toujours du mal avec ce système) qui j’espère aura assez de succès et de notoriété pour permettre de continuer l’aventure pour un prochain album, avec certains mêmes musiciens et d’autres invités futurs…

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