ALEX HENRY FOSTER (AHF) musicien, chanteur, homme à tout faire, sort son 1er album en 2018 sur du post-rock alternatif expressif. Une chirurgie cardiaque avec intubation, sa voix atteinte, retrouvée heureusement depuis (oui il était en pleine forme au dernier LORELEY pour info). Avec Ben son ami de son groupe des LONG SHADOWS il propose cet intermède musical instrumental, espace intimiste qu’il faut écouter avant d’essayer de comprendre les signes.

« Thoughtful Descent » air ambiant à la ENO, belle référence; des sonorités de l’au-delà, des sons qui vont et viennent, à écouter au casque pour sentir, vibrer sur cette atmosphère digne du ‘Birdy’ de GABRIEL. « Mechanical Revision » suit, réverbération de pianos, synthés, cloches, l’air qui tourne autour de vous, dans votre tête; entre osmose musicale et égarement intimiste, sur l’atmosphère contemplative. « A Mind’s Tapestry » s’enfonce un peu plus loin dans notre bulle progressiste, celle qui nous persuade que l’on écoute la meilleure musique; entre l’atmosphère vibrante et les sons lancinants plaintifs, tiens on pourrait entendre un mégaptère près de soi; le final sur une onde overloop redondante qui me renvoie personnellement à ce que son cerveau a dû entendre seul, sans voix et cloué sur son lit d’hôpital. « Cinematic Insight » avec l’explication du morceau dans le titre, ou comment amener la cinématique progressiste en soi; le voyage continue, les titres s’enchaînent. « Self-Portrait » où l’impression de voir les notes coulées devant soi, en soi; où la réverbération atteint un niveau paroxystique faisant bourdonner les oreilles de part et d’autre, amplifiant le travail d’écoute et de réflexion.

« Sorrowful Bouquet » où comment aller plus loin avec la durée; un long crescendo sinueux dans l’expectative, la contemplation, la recherche de paix salvatrice. Plus qu’une bande son musicale, c‘est un peu la bande son de votre cerveau en méditation que vous entendez! « Manic View » plus court, interlude à la ‘Birdy’ avec le moment d’introspection où le héros croit fermement qu’il va pouvoir voler comme son canari; où le patient pense qu’il ne pourra plus voler comme auparavant et risque de s’effondrer à tout jamais mentalement. « A Gesture, A Present » repart sur l’ambiance minimaliste d’ENO, du temps où l’on écoutait sans soif un album et qu’on le remettait sans se poser de question sur ce temps qui nous obsède. Un son lancinant, réverbérant, redondant et abondant. Le plus cette sensation d’arrêt du temps justement. « Alchemical Connection » poursuit la dérive contemplative du moment présent, personnellement j’y vois son errance post traumatique et sa soif de se sortir des tourments du doute, du futur, de séquelles potentielles; magnifique morceau en tout cas. « Reflective Ascent » comme épilogue et le voyage au-dessus des limbes, au-dessus des interrogations; le son prend de la hauteur, l’album a bien fait office.

ALEX HENRY FOSTER a récupéré sa voix, sorti un album avec ‘Kimiyo’ comme porte-voix; cet album instrumental, plus ambiant que post-rock dans lequel il oeuvrait alors, se veut une projection sonore, un voyage intime à l’intérieur de soi-même. Entre contemplation et onirisme, entre mélancolie ressourçant et fraîcheur éphémère, fugace mais prégnante; Alex a écrit ‘une aube florissante’, voilà ce qui vous attend à l’écoute. Alex s’est soigné seul avec ces sons venant des limbes de son cerveau; Alex a choisi l’album instrumental minimaliste, idéal pour réfléchir soi-même sans mettre de mots, pour retirer les maux; une bande son cathartique de couches de guitares, de résonnantes réverbérations amenant à la sérénité après le dur effort contemplatif thérapeutique; un temps d’introspection pour comprendre son cheminement de guérison. Ce premier pas sera suivi d’un film et d’une improvisation musicale.