Petit retour il y a un peu plus de deux ans quand j'avais rédigé la chronique du précédent album d'ALIANTE, "Destinazioni Oblique", une œuvre qui m'avait quelque peu laissé sur ma faim, car inégale en qualité. Il faut dire qu’après soixante-seize minutes instrumentales, la digestion ne fut guère aisée, malgré des écoutes répétées et non consécutives. Le nouveau disque "Anime Invisibili", tout en restant dépourvu de vocaux, ne dure que quarante-quatre minutes et quelques poussières, ce qui est bien plus digeste évidemment, bien plus à même de convenir à la grande majorité de nos auditeurs.

La plage inaugurale, "Survivors", (10/10) est digne du grand ROCK PROGRESSIVO ITALIANO à l'ancienne, proche du meilleur PREMIATA FORNERIA MARCONI des premières œuvres, pas moins (quelques voix off en ouverture, normal si l'on tient compte du titre du morceau), la guitare précède un Moog inventif avant la deuxième minute et c'est parti pour une sarabande effrénée et orgiaque, propulsée par la paire rythmique formée d'Alfonso CAPASSO et de Jacopo GIUSTI ; je n'ai juste pas compris la fin soudaine, je pensais que le disque avait un problème !

Un peu plus tortueux, dont l'entame se fait par un orgue volubile, avec beaucoup de Moog joué par Michele LENZI, "Echo from the Waves", n'a rien à lui envier qualitativement parlant, l'apparition de la flute à 4:32 puis du ‘’bassoon’’ (trop rarement utilisé dans la musique progressive) s'avère une pure merveille (9/10) avant le retour du Moog et un bienvenu et véloce solo de six cordes (Davide CAPITANIO) pour le final.

Nous ne sommes pas chez HERGE, même si les oranges bleues débarquent, cette troisième pièce met en vedette la guitare basse agile d'Alfonso CAPASSO, agrémentée de nombreux effets sous les doigts de ‘’féetaud’’ au piano essentiellement de Michele LENZI ; le titre le plus aventureux de l'album qui pourrait en désarçonner certains, quoique augmenté d'une partie finale diablement enfiévrée (9/10), ce n'est pas du métal non plus !

La nuit dans le désert pour conclure cette remarquable œuvre d'ALIANTE, une plage de plus de quinze minutes dans laquelle nous ne voyons pas le sablier s'écouler, signe de son côté riche et passionnant, digne d'une prégnante et qualitative ablution (10/10) avec quelques effets de voix à 8:10 (vingt-quatre secondes au total) que suivent les circonvolutions magiques du claviériste en chef, déjà nommé plus haut et c'est amplement mérité !

A ma grande surprise, un potentiel album pour l'une des trois places sur mon podium 2024, comme quoi rien n'est jamais perdu.