Voici une troisième réédition pour l’album « Zora » d’Antonius REX, qui fait suite à celle de 1994 et 2009, et à la parution originale de 1977. Une réédition qui comporte étrangement un titre en moins ( « The Monastery ») comparativement à la précédente au format CD. Le site Bandcamp du Label mentionne 1958 comme date de création de l’album mais c’est à l’évidence une erreur.

Antonius REX, c’est le nom de scène du guitariste et chanteur Antonio BARTOCCETTI, qui avait commencé sa carrière musicale au début des années 70 en créant la formation JACULA qui connut un certain succès. Accompagné de sa comparse claviériste et chanteuse Doris NORTON, il a produit cet album étrange, à la pochette outrancière inspirée des BD d’horreur format poche des années 70, en pleine période disco. Un album culte à ce qu’on dit, initiateur d’un style de Prog en relation avec les intérêts obsessionnels de son auteur, nommé Prog occulte !

Le « Heavy Metal » s’étant inspiré de thèmes démoniaques, pourquoi ne pas appliquer au Prog une recette qui faisait recette. Et cela tombe bien, avec l’Halloween qui approche, pourquoi ne pas redécouvrir une musique dont certains morceaux pourraient servir de trame sonore pour accueillir avec frissons les gourmands gnomes avides de sucrerie. Car en gros, c’est ce qu’offre cet album à la thématique morbide. Une discussion avec les morts, une séance de spiritisme, une musique sombre sur des textes pour faire peur, des notes lentes et caverneuses, de l’orgue d’église, du clavecin, des bruits sonores indescriptibles et des planchers qui craquent, des cris de mort et des souffles de vent inquiétants, entremêlés de passes de guitare et de claviers rock funky, très seventies. Certains morceaux cinématiques très longs passeraient bien dans des vieux films d’horreur en noir et blanc.

Globalement, vu qu’ils ont gardé l’enregistrement original, le son fait extrêmement dater, et c’est un peu la faiblesse de cet album qui fait office d’archive sonore. En fait, cette œuvre mériterait d’être réenregistrée avec les technologies modernes pour lui donner un meilleur lustre. Mais les fans de vieilles choses authentiques pourront certainement adorer. J’ai bien aimé la voix féminine claire de Mme NORTON qui brille au sein de cette noirceur. Cependant, le morceau « The Gnome » vient tuer la cohésion de l’album avec ses rythmes électro disco plutôt « kitsch ». Sa présence détone principalement par son style moins ténébreux. La performance du percussionniste Albert GOODMAN est plus qu’honorable mais dommage qu’elle soit si discrète. Elle se noie souvent dans l’ensemble. Un album « Ovni » étrange qui a ses fans et ses détracteurs pour de multiples raisons. Pour ma part, le son très daté ne m’a pas emballé, et certains morceaux inégaux dont « The Necromancer » entre charabia et musique rock kitsch, et « The Gnome », plutôt disco ne m’ont pas convaincu. Un album pour les curieux, et pour les adeptes du monde obscur qui aiment porter des croix à l’envers sur leur soutane en peau de chèvre pendant leurs sacrifices rituels ! Titres préférés : « Zora » et « Morte al Potere ». Bonne écoute !