ARGOS, formé en 2005 par Thomas, jouant sur des groupes prog puis jazzy; revient au rock prog admiratif des SPOCK’S BEARD et FLOWER KINGS. Il crée SUPERDRAMA au son estampillé néo-prog, il continue à jouer une musique de rock prog symphonique vintage à base folk et jazzy avec ARGOS. Des compositions bucoliques et mélodiques, des réminiscences allant de GENESIS, CAMEL d’une part, CARAVAN, FLOWER KINGS, GENTLE GIANT et le Canterbury d’autre part avec flute et saxo. C’est leur 7e album.

« Marshmallow Moon » entame directe sur un air pop fruité, entraînant; synthé et violon en avant, break à voix prog cinématique, sensation vintage qui ne se prend pas la tête, mise en bouche débouchant sur « The Fire of Life » avec guitare et voix jazzy, saxo qui conforte l’impression et réminiscence d’un STEELY DAN bluesy. L’ambiance vintage est typée, la trompette, la guitare électrique, les tambours aériens au loin, tout pour amener une douceur lancinante à la SADE. Du bon prog bucolique. « Fidgety Philip » sur la même trame avec un air fusion latine en plus; le prog se veut dansant, jazzy, s’éloignant de leur côté néo prog d’antan. Un break au violon nerveux, au saxo déstructuré; du clavier velouté puis le saxo bis repetita jetant le trouble, annonçant un prog fusion jazzy soul, singulier. « Fontanelli's Dream » arpège guitare génésisien pour le mid-tempo à la voix à la Robert WYATT; titre plus complexe qu’il n’y paraît avec le solo guitare spleen accompagné de la batterie syncopée, trop court. « Make Me Smile » entame à cordes, folie d’un XTC précurseur; morceau qui monte sur une dérive jazz-rock contemporaine qui ne se prend pas au sérieux. Le néo est parti et laisse place à l’éclectic prog, doux, ouaté et saccadé, désopilant comme le solo guitare de Bogati. « The Other Life » ou l’interlude hackettienne sauce Lewis CARROLL; un espace ludique hors du temps qui interpelle encore plus sur le son d’ARGOS.

« Daedalus Machines » pour le plat principal musical; acoustique guitare génésisienne d’antan, clavier vintage suintant l’atmosphère rétro-contemplative; 8 suites qui changent de la première face. Introspection, recherche, l’air monte doucement, posément, les relents des GENTLE GIANT se font jour. La guitare enfle, sur un riff heavy des JETHRO TULL, oui la flute confirme l’orientation. Les variations de tons musicaux entraînent sur un terrain complexe typé avec vocal agressif répondant à l’instrumentation dynamique; le saxo, la clarinette jazzy puis le clavier vintage saupoudré de la guitare d’un GENESIS font dresser les poils d’émotion, amenant sérénité. Le break ambiant avec la suite s’intitulant ‘Labyrinth’ confirme le travail intense musical; un peu de sonorités nippones au loin avec un passage jazz-rock bien ficelé au piano électrique pour un moment de latence déroutante. La suite avec solo guitare se lance sur un espace guimauve fruité, l’ambiance se tasse, revenant à l’acoustique départ avec ‘Fortitude’, sur une romance mélancolique où la voix de Robert WYATT vient nous réveiller, la similitude y est forte. La guitare ‘spleen’ assène le coup final renvoyant au grand GENESIS. « Marshmallow Moon (alt. Version) » en final n’apportant rien de spécial.

ARGOS déroute, proposant un album suintant différentes influences; outre celles déjà citées, le tour de force vient du fait que le son vintage sent le frais, comme si l’on se retrouvait aux années 70 en ce moment présent, sensation avérée de fraîcheur progressive. Un opus à la sauce canterburyenne, un voyage léger et complexe, des mélodies faciles et feutrées, se déclinant sur les sonorités jazzy des musiciens invités. Un opus plus compliqué qu’il n’y paraît, fluide et envoûtant, prog-rock introspectif, oxymore musical que j’affectionne particulièrement puisque permettant de fusionner différents genres et l’espace-temps tout simplement. De la créativité singulière pour amoureux des sons anciens avant tout.