Avec « Powernerd », 28ème album de sa carrière solo, le prolifique et polymathe canadien Devin Townsend (ex-STRAPPING YOUNG LADD (1994-2007) et ex-DEVIN TOWNSEND PROJECT (2008-2018), CASUALTIES OF COOL) entame le 1er volet d’une nouvelle trilogie qui sera prochainement complétée par « The Moth » (je cite l’auteur comme une œuvre « orchestrale, exagérée, sombre et inconfortable ») puis par « Axolotl », qui conclura ce triptyque musical.

Avec Devin TOWNSEND, à l’écoute de sa très longue discographie, on peut s’attendre à tout, et c’est bien le cas encore avec son nouvel opus : un savant mélange d’heavy metal, de sonorités ambiantes, de claviers, nappes et voix à la fois atmosphériques et ou puissantes comme son créateur sait si bien faire.

On s’éloigne (et tant mieux pour ma part) de l’univers déjanté de son personnage extra-terrestre Ziltoïd The Omniscient qui décidait d’attaquer la Terre dans le but unique de contrôler le temps grâce à une substance que seuls savent faire les êtres humains : le café noir. Hilarant vous allez me dire, mais musicalement il fallait fournir le Doliprane pour tenir jusqu’au bout de cet opus de 2007. Mais en y prêtant les oreilles de plus près, les thèmes de l’extra-terrestre sont toujours présents en écoutant les paroles du titre éponyme « Powernerd » et même celui du café avec le titre à part « Ruby Quaker » qui clôt l’album de manière amusante et décalée.

A ce titre je vous conseille le clip vidéo de « Powernerd » délirant et très humoristique, où l’on voit le super héros DT (dans son rêve) sauver les humains en les aidant par exemple à monter (de manière drastique et plus qu’efficace) un meuble en kit, dévisser un bocal de cornichons (mais oui vous avez bien lu !!), essayer d’aider un maître à retrouver son chien perdu… en le remplaçant par une peluche… Et je vous laisse la surprise pour la suite. Du délire !! … mais derrière cela l’écriture de ce titre est beaucoup sérieuse et tout en l’honneur de son créateur : il met en avant le côté empathique de l’être humain, pouvant être jugé par erreur comme un signe de faiblesse ou sans valeur par la société actuelle en général, et qui transforme cela en pouvoir personnel, comme sauver le monde ou l’autre par de l’aide quotidienne. Musicalement ce 1er single est puissant et extrêmement bien composé : un nouveau petit joyau à rajouter à l’orfèvrerie musicale de Devin TOWNSEND.

Tout au long de cet album, le canadien ménage le chaud (« Poweznerd », « Knuckledragger » (littéralement en français Cro Magnon ou homme limité ?) et l’atmosphérique (« Falling Apart », le court instrumental «Dreams Of Light », « Ubelia »), pour ne pas dire le froid comme avec le planant et magnifique « Glacier ». Même si Devin Townsend met souvent beaucoup d’écho et de puissance dans sa musique, il sait aussi se faire délicat et émouvant, comme sur « Power Younger » dans lequel toutes ses variations possibles sont subtilement combinées. N’oublions pas la voix du maître toujours tellement puissante et mélodique à la fois : une voix de velours pour une main guitaristique de fer. Le nouveau single « Gratitude », rempli d’émotions par ailleurs, est magnifique : DT l’a écrite dans une période très difficile de sa vie (en particulier perte d’un proche), et l’idée de gratitude symbolise sa reconnaissance pour les leçons que la vie lui apporte, et sa créativité débordante est selon lui justement la pleine expression de gratitude.

Devin TOWNSEND aborde même aussi l’ésotérisme voire plutôt le religieux avec « Janaism », doctrine venue d’Asie (Inde), non-théiste et proche du bouddhisme, formée par aussi bien des ascètes que des laïcs (10 millions de pratiquants dans le monde), et dont la philosophie peut se résumer en un principe : celui du respect mutuel entre les différentes formes de vie. DT en ferait-il partie, ou en tout cas en quête vers cette spiritualité ? Rien n’est impossible avec ce grand homme.

Le long final, avec ses quelques notes de claviers, de l’emphatique et émouvant « Goodbye » n’est pas sans me rappeler le poignant titre « Untitled » qui clôture l’album de QUEEN (sorti après la disparition de Freddie MERCURY) « Made in Heaven » ; un point commun en ressort probablement : le départ de l’âme du regretté disparu.

Il faut savoir que les 11 titres qui composent cette nouvelle œuvre a été composée sur le plan musical en… 11 jours. Les paroles ont été composées sur une période plus longue et bien réfléchie. Je cite son auteur : « J’ai passé tellement de temps à trop réfléchir à mon travail, …que cette fois je serais plus direct ! ». « Je voulais voir si je pouvais aller à l’essentiel ». Eh bien le résultat est plus que réussi ! Voilà une excellente nouvelle pierre à l’immense édifice musical de Devin TOWNSEND. Bravo et Merci de nous la faire ainsi partager !