Edmondo ROMANO est un multi instrumentiste génois, bien connu par les amateurs de rock progressif pour avoir fondé les formations THE ANCIENT VEIL et ERIS PLUVIA. En Décembre dernier, il publiait son troisième album solo, qui fait suite, après dix ans d’attente, à « Missive Archetipe » de 2014, et à « Sonno Eliso » de 2012. Une œuvre de caractère, conçue, écrite, composée, et produite par ROMANO à l’aide de dix-neuf artistes dont neuf personnes impliquées dans le chant. Cependant, une œuvre qui s’adresse à mon avis à un public particulier, très ouvert, amateur de musique progressive, car le rock ici se montre plutôt absent. ROMANO a conçu au cours de sa carrière une discographie qui jongle avec l’expérimental, le folk, les musiques du monde, la musique contemporaine, et l’esprit des trames sonores.

Dans ce nouvel album intitulé « Religio - The Relationship of Man with the Visible and Invisible », le titre vous donne déjà une idée de ce dont il sera question. Troisième volet de sa trilogie, dans sa quête spirituelle, qui explore les différentes étapes de la vie de l’être humain de sa naissance à sa mort, sachant que l’aspect spirituel constitue une part importante de la vie de l’homme.

Bien qu’il y ait quelques petits moments jazzy agréable dans « What I want to be » et un certain esprit folk celtique dans « Ritus », le reste de cet album très cinématique, pourrait être qualifié globalement de musique classique sacrée, moderne et magistrale, souvent tragique, sérieuse et solennelle, cela dit sans vouloir l’emprisonner dans cette case spécifique car il ajoute constamment des touches stylistiques différentes dans ses morceaux. En plus des styles de musique qui lui sont caractéristique, il y aussi un peu d’« ambient », de sons « électro » et même des « bandes sonores » de bruits dans « La seduzione », où le mécanisme d’horloge et le cœur qui bat rappellent irrémédiablement un certain PINK FLOYD.

Peu importe vos convictions au sujet de la foi, cette musique s’adresse à tous les amoureux des choses bien faîtes. Les vocaux sont excellents et prenants. Les passages classiques sont brillants. L’usage d’une panoplie d’instruments à vents par ROMANO laisse bouche bée car la maîtrise de son art créé des moments magiques. Il y a du très beau et de l’éblouissant, surtout dans certains moments à cappella où les voix enchantent. La très courte pièce « In estasi » de moins de trois minutes, en est le plus bel exemple. Il nous offre un enchevêtrement de voix féminines, dans un mode répétitif, qui s’ajoutent l’une sur l’autre, comme dans un boléro vocal d’où émanent de fortes émotions. Un moment magistral car ces voix deviennent des notes.

« Agape » est un autre moment fort avec ses passages qui auraient pu faire partie de la musique de Jésus de NAZARETH, avec un court instant de ce qui ressemble à de la bossa nova. L’amalgame des voix éblouissantes des chanteuses d’opéra et de la viole est un présent de toute beauté. Je ne passerai pas en revue tous les morceaux intéressants car il faut vous garder des surprises, mais cela est très recommandable pour vivre une expérience, car c’est de cela qu’il s’agit. Assurément, les amateurs de musique classique vont adorer, mais avec cette touche de modernité qui en fait du grand art. De plus, la production est excellente. Bravo ! Titres préférés : « In estasi », « Agape », « Nel mio andarmene », « La parola IO », « La Scelta » et « What I want to be » avec Roberto TIRANTI au chant. Bonne écoute !