Formé en 2006 à Oslo, ELEPHANT9 est un trio qui jouit d’une forte sympathie du public européen grâce à ses performances « live » très énergiques qui fusionnent rock, jazz, musiques psychédéliques, funk et rock progressif. Dans ce trio, on retrouve Ståle STORLOKKEN, de la formation SUPERSILENT, un maître claviériste qui opère sur un large éventail de quincaillerie et un compositeur de haut niveau, connu également pour sa collaboration avec MOTORPSYCHO sur l’album « The Death Defying Unicorn » qui mérite un sérieux détour de votre part s’il vous est inconnu. Complètent ce trio, Nikolai EILERTSEN, le bassiste de NEEDLEPOINT et Torstein LOFTHUS, percussionniste de SHINNING et de plusieurs autres formations spécialisées dans la pop, la musique soul et le jazz.

« Mythical River » est le septième album de ce trio, qui fait suite à « Arrival of The New Elders » de 2021 qui fut extrêmement apprécié par mon collègue Denis BOISVERT sur notre page Web. Toutes les chansons de ce nouvel album furent composées par STORLOKKEN sauf « Solitude in Limbo » qui le fut par le trio et par Mattias GLAVA qui œuvra sur l’enregistrement, le mixage et la production de ce disque avec ELEPHANT9. Quant à la mastérisation, elle fut prise en charge par Jørgen TRAEEN.

Entièrement instrumental, l’album pourrait se révéler une belle pépite pour les fans indéfectibles de claviers. L’intro et la finale, se ressemblent beaucoup livrant une atmosphère douce et féerique, garnie de pulsations sonores lentes, de délicates percussions, qui portent l’auditeur vers un état de rêverie. Le contraste est saisissant lorsque débute « Mythical River » avec ses percussions précises et envoûtantes. J’ai beaucoup pensé à DEEP PURPLE et RADIOHEAD lors de son écoute. Les synthés enveloppent ces rythmes métronomiques d’une trame charmeuse qui s’élève progressivement, avec des changement directionnels « classy » mais toujours en conservant ce « beat » prenant, qui devient hypnotique à la longue. C’est un jeu de variations de clavier sur une colonne vertébrale de futs, avec une finesse très « seventies », des élans psychédéliques, des passages de synthés saturés, et du gros « groove » qui prend le contrôle des pieds, le tout restant étonnamment très sage. C’est fait avec classe, simplicité, en gardant une certaine mesure et réserve, tout se montrant très excitant. Sincèrement, chapeau !!

Avec « Party Among The Stars », la fête commence pour les amateurs d’atmosphères psychédéliques lourdes très seventies, époque HENDRIX, PURPLE et ATOMIC ROOSTER, mais la recherche sonore qu’ils ont effectuée pour sortir des sentiers battus instaure une touche de modernité absolument irrésistible. Les percussions sont démentes. LOFTHUS se démène comme un diable. Sur les synthés, une sauvagerie jouissive comme une charge, à se demander si STORLOKKEN ne va pas éclater ses synthés comme le ferait un Keith EMERSON en colère, époque THE NICE.

« Chamber of Silence », c’est la pause santé après les frissons de la précédente, avec des rythmes hypnotiques, parsemés d’une multitude d’échos subtils, et l’adjonction d’autres ambiances soufflées en parallèle donnant une courte pièce intéressante par ce montage ingénieux.

« Heading For Desolate Wastelands » livre des percussions machinales, envoûtantes, et encore une fois, ils tissent leur toile sonore autour de cela, donnant une marche progressive où l’on ressent le fruit des efforts d’une recherche sonore qui fait toujours mouche. Ajoutez à cela un changement drastique de rythme qui se veut subtilement jazzy, au point que cette touche jazz pourrait passer inaperçue. Une pièce intrigante, riche en multicouches sonores, en percussions fines, en claviers qui sonnent comme le LONDON UNDERGROUND, où les découvertes se font dans la joie. Des touches de claviers modulées, et des touches qui grincent, qui couinent, qui « groovent », et qui génèrent une simili chorale, font qu’on en vient rapidement au constat que STORLOKKEN tire la maximum de sa technologie et fait parler ses machines.

« Star Cluster Detective », c’est la machine futuriste lancée à grande vitesse, dans un tourbillon de notes. Percussions enlevantes, on pourrait croire qu’Animal des MUPPETS est venu défoncer ces fûts, avec des claviers hystériques dans un état second. A l’évidence, on est parti sur un bon « trip » sans avoir consommer ! « Cavern Of The Red Lion » fait vraiment dans l’expérimentation, comme un collage de découvertes sonores éclectiques. Beaucoup moins mélodique, plus abrupte que les précédentes, et moins facile d’approche, mais si la technique demeure la même, soit un rythme de percussions autour duquel on brode des sons de claviers volubiles, elle se veut plus anarchique et rageuse, mais elle n’est pas sans intérêt.

Ma première rencontre avec cette troupe est plus que probante. Donnez à cet album quelques écoutes actives pour saisir toutes les nuances et subtilités qu’il contient et vous verrez qu’il deviendra addictif. La prestation musicale de ces protagonistes et la qualité des compositions en font un excellent opus instrumental, hors du commun. Très seventies dans la forme et le son mais tellement moderne en même temps, ce constat contradictoire permet de comprendre que ces alchimistes ont extrait l’essence même d’un époque glorieuse, se l’ont appropriée pour livrer un concentré puissant et efficace, qui énivrera les nostalgiques. Titres préférés: « Mythical River », « Party Among The Stars » et « Heading For Desolate Wastelands ». Bonne écoute !