CHRONIQUE / REVIEW
Framauro
Ethermedia 2024
Releases information
Release date:
January 8, 2024
Format:
CD
Label:
From:
Lynx Music
Pologne / Poland
Pascaline Hauriez
8,6
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Il aura fallu trois versions au polonais de Cracovie pour épancher son inspiration créatrice afin qu’elle soit salvatrice. Si ça, ce n’est pas de l'opiniâtreté. La première mouture fut créée en 1998. Et si j’en crois mes infos : les démos ont été enregistrées dans sa chambre et les “bootlegs” officiellement publiés. Cette fois-ci, les dix chansons sont chantées par RYSZARD KRAMASKI lui-même, dont certaines ont été fraîchement enregistrées. On y retrouve également de nouveaux arrangements ainsi qu’un nouveau mixage final de l'ensemble par KAMIL KONIECZNIAK (de Moonrise). A ce propos, et pour étayer mon préambule, je me permets de glisser le point de vue de l’intéressé retrouvé sur la toile : << Après l'accueil étonnamment bon des derniers longplays de “Framauro”, "My World Is Ending" et "Alea Iacta Est", on m'a souvent demandé si le tout premier album intitulé "Ethermedia" (datant de 1998) serait un jour réédité. Bien qu'une grande partie du matériel “d'Ethermedia" ait été incluse dans l'album 2018 de “TRK Project” intitulé "Sounds from the Past", cette version fraîchement cosmétisée ne répondait pas entièrement à mes attentes. Par conséquent, pendant mon travail sur l'album "Alea Iacta Est" en 2023, j'ai décidé de reprendre les pistes de la session pour "Sounds from the Past" afin d'enregistrer et d'ajouter mes voix ainsi que de nouvelles parties avec mes claviers et mes guitares, les guitares de Marcin Kruczek et les pièces « fretless » de Krzysztof Wyrwa. C'est ainsi qu'ont été produits tous les « self-covers » et les nouveaux arrangements de l'album "Ethermedia 2024". La version 2024 correspond vraiment à celle que j'aurais aimée réaliser en 1998. Comme on dit : La troisième fois est la bonne ! >>
Venons-en à l'essentiel du sujet, la partie musicale de cet opus. Je n’ai pas eu l'occasion d'écouter la version de 2018 “TRK Project” ‘’Sounds from the Past”. Néanmoins, le contraste entre la version 1998 et 2024 est saisissant. Je constate notamment un son rafraîchi, plus moderne, plus enclin à notre ère. L'une des particularités de ce mixage, hormis la clarté du son, l’impression d’une immersion sonore, en témoigne l’ensemble instrumental. Les claviers s'approprient les ambiances tantôt moroses tantôt enjôleuses. A cela, s’ajoute l’organe tonique, accrocheur de Ryszard KRAMARSKI. Il titille ma curiosité. Un grain clair, limpide, doté d’une véhémence dans le chant, impétueusement emporté par la magie du texte. Ne serait-ce pas là aussi, l’un des éléments probants à ce renouveau chatoyant ? D’autres caractéristiques émanent de cette reconstruction, au-delà de véhiculer des émotions. Cet opus accueille des solos majestueux, les riffs aériens, parfois puissants de « Marcin Kruczek ». Mais, voyons, sans plus attendre ce qui se trame : dix créations remaniées dans une ambiance Néo Progressive, aux effluves lumineuses versus 2024.
Dès l’entame de “Visionary for Heaven”, un son atone, à peine perceptible, caresse l'atmosphère. L’orgue teinte subrepticement l’environnement d’un grave profond. Les esgourdes aux aguets, je perçois, ne fussent que fugaces, quelques accords “floydiens” s'assujettir d’un narratif aussi inattendu qu’éphémère. L'ambiance demeure néanmoins sombre et mystérieuse. Toutefois, s’octroie l’espace libéré, un mid-tempo, émis par les vibrations des cordes grassouillettes. Elles s'accélèrent, s'illuminent, jusqu'à la naissance de la voix de RYSZARD KRAMARSKI. Celle-ci d'ores et déjà se caractérise par une diction limpide dans la langue de Shakespeare. Voilée d’une pointe de mélancolie, d'un phrasé incisif, marqué par des inflexions vocales insidieusement inspirées par le texte. Vêtues de leur apparat de lumière, les nuances enrobent l’atmosphère. Derrière, les claviers se parent de coloris plus sombres. Crescendo, vivace, le son aérien s’amplifie. De facto, derrière les fûts, les saccades s'accélèrent. S’amorce dès lors, un mouvement où s'enchaînent des accents toniques, binaires, obsédants. Pour autant, la ligne mélodique s’intensifie au gré d'harmonies plus mordantes, un chant tonique, en retrait, les claviers alternent des motifs pluvieux agrémentés de temps à autre d’éclaircies. S'ouvre, dès lors, un paysage langoureux. La balade se clôture sur un solo remarquable de Marcin Kruczek à la guitare. J’avoue, j’ai tendance à m’étaler, sans outrecuidance je l'espère. Effectivement, le descriptif est un peu longuet. Apparemment, il ne vous a pas trop rebuté, ni désappointé, puisque vous êtes toujours là !
Alors, je serai plus concise, ce qui est un doux euphémisme.
Abordons à présent la thématique de l'album : les médias. Hélas, je n'ai eu guère d'informations sur le sujet abordé. Qui plus est, mon anglais me fait défaut. Du coup, je vais essayer d’y apporter mon impression, certes, elle sera juste informelle. J'affectionne son élocution, son expression vocale, parfois rageuse, investie, ça peste, ça clame. Cependant, j'ai relevé une ambivalence, certes intentionnelle, dans “Brainwashed by Mass Media” (Littéralement traduit : un lavage de masse par les médias). D’une part, dans les combinaisons texturales, d'autre part, dans le texte. A ce propos, l’auteur dénonce, en particulier, une annihilation des consciences diligentées par des médias mainstream. Un imbroglio sonore aurait été tout indiqué. A contrario, l'atmosphère y est sereine. La délicatesse des arpèges à la six cordes, transporte notre esprit dans un univers parallèle, enchanteresse, apaisant, bref une jolie balade mélancolique. Pour autant ”The Fairly Tales of a Stranger” le conte de fée est plus fleuri, il effleure l’ouïe dès l’introduction. Ryszard, nous happe à nouveau par quelques arpèges à la guitare acoustique. Brièvement suspendu à la rêverie, une atmosphère brumeuse s’octroie l’espace. Un petit moment d’évasion succinct, avant qu'un son plus rageur vienne frapper les tympans. Une guitare virevolte, le son énergique s'accroît, électrisant l'atmosphère. Bref des combinaisons bien tarabiscotées. Grandiloquent sans rentrer dans le pathos.
“Welcome to My Channel”, interpelle par sa variété de nuances, son lever de rideau symphonique. Là encore, une atmosphère virevoltante avec sa manière si expressive de chanter. Dès l'intro, Ryszard accentue le trait. Sûrement, sa manière de dénoncer ce qu'incarnent les médias. Il alterne les combinaisons ombres et lumières. Dans son discours, il claironne en apothéose, la bienvenue dans son royaume. Il clame dans une tonalité vindicative, incisive, enveloppée dans une ambiance cérémonieuse aux apparats de luminaires. Développe alors, une musique vive ; le chant devient plus solennel entouré d’un parfum de mélancolie. Ensuite, il assène comme pour mettre un point final à cette première partie, par un magnifique solo de guitare aux vibratos acérés. Le paysage s'obscurcit, il emprunte un chemin mélodramatique sous un rythme soutenu et se clôt par un solo Gilmourien.
Pour résumer, l’album contient encore des moments fabuleux, ne serait-ce que la douceur mélodique et accrocheuse de “Etna”. La tonalité plus ombrageuse de “All These Paparazzis” aux couleurs bigarrées, chargée d’émotions de “Please Stop the Time” puis, s'arrime à cet opus, un rock dans la pure tradition avec “The Technology Trap”. Une pérégrination sensorielle caresse votre ouïe avec “The Cycle” un petit joyau de romantisme acoustique souligné par la clarté de la voix de Ryszard Kramarski. Le voyage s’achève pour atteindre la dernière rive avec “We Know Nothing”. Ryszard parachève cet opus avec le morceau le plus long : une atmosphère sereine en prélude ; elle évoque en moi, l’imaginaire d’un doux murmure du vent soufflant dans les champs verdoyants. Une ouverture et des combinaisons proches de « Supertramp » ornée de claviers enjôleurs. La mélodie progresse vers un tempo plus rythmé, libérant de temps à autre des riffs flamboyants. Wahou ! Un final concocté de derrière les fagots !
En conclusion, les arrangements à la fois toniques et mélodiques en font une version savoureuse. Les éléments texturaux ombres et lumières véhiculent des émotions diverses et variées, mais pas seulement ! La voix de Ryszard souvent investie par les textes m’a particulièrement séduite. “Ethermedia 2024” ravira sans aucun doute les aficionados de “Framauro”.
PISTES / TRACKS
- 1. Visionary for Heaven (6:38)
2. Brainwashed by Mass Media (4:47)
3. The Fairly Tales of a Stranger (7:09)
4. Welcome to My Channel (6:20)
5. Etna (3:42)
6. All These Paparazzis (5:47)
7. Please Stop the Time (5:58)
8. The Technology Trap (4:45)
9. The Cycle (5:02)
10. We Know Nothing (8:05)
musiciens / musicians
- Ryszard Kramarski / Vocals, keyboards, acoustic & electric guitars
- Krzysztof Wyrwa / Bass, fretless bass
- Grzegorz Fieber / Drums
- Marcin Kruczek / Guitars