Francis Grégoire s’est entouré de nombreux musiciens pour réaliser son premier disque intitulé ‘’Prologue’’. En effet, on le retrouve au sein d’un groupe de 6 musiciens, auquel s’ajoute le quatuor à cordes Crema. Il nous propose ici une musique où le jazz côtoie une musique aux arrangements et orchestrations élaborés qu’on qualifierait de prog. Une musique où la présence du piano acoustique peut donner l’impression d’une dominance jazz mais une première écoute attentive permet rapidement de constater la présence d’éléments qui nous amènent ailleurs.

Prenons en exemple la première pièce de l’album ‘’New Horizons’’. Elle débute avec une longue intro au piano, puis s’ajoutent claviers et percussions et la pièce finit par prendre son élan. La mélodie est plus développée qu’un simple thème de jazz qui serait un prétexte à des improvisations. Une première impro au piano arrive après 3 minutes 45 secondes de musique. Et s’ajoutent alors sax et claviers. Puis on revient à la mélodie de départ et le tout s’éteint tranquillement sur accompagnement de cordes. Réussie comme pièce.

La suivante reprend le même schéma: début avec des accords de piano auquel s’ajoute un clavier qui donne la mélodie. Intéressant ce segment où le piano et un clavier jouent la mélodie à l’unisson et où le piano répond en ajoutant deux notes bien appuyées. Bonne coordination entre les musiciens. Puis le sax y va d’un solo bien senti, suivi par la suite d’un solo de piano. On revient avec la progression d’accords entendue en début de pièce et la mélodie jouée à l’unisson.

Ensuite, on a droit à une relecture d’un classique du répertoire jazz soit ‘’Caravan’’ de Duke Ellington. Une interprétation plus robuste, aux allures de musique de film. Bonne prestation du bassiste accompagné de violons à la 4e minute. Belle idée. Puis arrive ‘’Novembre’’, composition plus élaborée aux sonorités classiques où le piano domine grandement tout au long des 6 minutes. Introspectif.

Le doublé ‘’Red Shift’’ et ‘’Blue Shift’’ est la partie la plus ambitieuse de l’album. On remarque un travail d’écriture et d’arrangements plus élaboré. Ces deux pièces mettent à l’avant-plan l’élément progressif de l’album. Le tout se termine sur un moment de tension qui atteint son apogée à la dernière note; très réussi comme finale. Probablement la pièce de l’album où l’élément prog se fait plus entendre. L’album finit bien avec ‘’Aeolus’’, une autre pièce où le travail de composition et d’arrangements sont mis de l’avant.

Voilà donc un album qui plaira assurément aux amateurs de musique élaborée, voire complexe, où on remarque le travail soigné d’écriture. Il faut aussi noter le travail des musiciens qui réussissent à bien tirer leur épingle du jeu. Notons aussi que les violons exercent une présence relativement discrète; ils peuvent même être confondus avec un Mellotron. On aurait cependant souhaité un peu plus de dynamisme au chapitre du volume du son des instruments solistes, lors de l’exécution des différents solos. Mais puisqu’un prologue précède et annonce l’ouvrage principal, c’est très prometteur pour la suite.