CHRONIQUE / REVIEW
Frant1c
A Brand New World
Releases information
Release date:
September 27, 2024
Format:
CD, Digital
Label:
From:
Self-Released
UK/France
Patrick Cossette - November 2024
9,7
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Le deuil d’un être proche, ce n’est pas une épreuve facile à vivre. Une façon de s’aider à mieux la vivre, c’est de réaliser un projet en la mémoire de cet être cher. Ou encore mieux, de compléter un projet qu’on avait commencé avec lui. C’est exactement ce qu’Anne-Claire RALLO a décidé de faire pour tenter d’apaiser un tant soit peu la peine provoquée par le décès en 2022 de son mari, le musicien Éric BOUILLETTE. Un premier hommage posthume à Éric, très réussi, lui avait déjà été rendu via le dernier album de NINE SKIES (« The Lightmaker »), groupe dont Éric et Anne-Claire sont tous les deux membres. Mais Anne ressentit le besoin de lui rendre également hommage d’une autre façon, d’une façon plus personnelle. Elle avait commencé à écrire des pièces avec Éric dans les années précédant son décès. Elle a récemment voulu compléter l’œuvre, et c’est maintenant chose faite, avec le CD que je chronique aujourd’hui : un album sorti sous le nom d’artiste FRANT1C, qui se traduit en français pas « frénétique », car c’est le meilleur adjectif pour décrire comment Anne-Claire s’est sentie pendant cette période de sa vie. FRANT1C est donc à la base un projet solo d’Anne-Claire, car c’est elle qui a créé le concept de l’album et qui a composé toute la musique. Mais elle s’est diablement bien entourée sur cet album, car plusieurs membres de NINE SKIES et de THE ROOM (autre groupe dont faisait partie Éric) ont participé à ce projet, ainsi que la chanteuse du groupe rock SUN Q. Et le tout a été mixé et masterisé par nul autre que John Mitchell (LONELY ROBOT, ARENA, FROST*). Éric est aussi lui-même présent sur quelques pièces, via son violon et sa voix.
(Ah oui, en passant, au cas où vous vous le demandiez, FRANT1C s’écrit avec le chiffre « 1 » à la place de la lettre « i » tout simplement parce qu’un autre groupe s’appelait déjà FRANTIC avec la lettre « i »; n’allez pas chercher une signification plus profonde!)
« A Brand New World » est un album concept qui raconte l’histoire d’un couple (Charlie et Hope) qui a passé toute sa vie unie. Un beau jour, l’homme se réveille dans un monde complètement différent. Un monde qu’il parcourra pour tenter de retrouver sa femme. C’est également en quelque sorte l’histoire d’Anne, car la perte de son mari l’a inspirée à écrire cette histoire. Le scénario provient donc de la tête et du cœur d’Anne, mais les paroles ont été écrites par le chanteur Martin WILSON (THE ROOM, GREY LADY DOWN), car Anne désirait qu’il puisse bien ressentir ce qu’il chanterait. La musique a été composée par Anne. Elle a également enregistré une première version des instruments et a monté les pièces en mode démo, pour ensuite passer le flambeau à Alexandre LAMIA (NINE SKIES), qui a réenregistré une bonne partie de la guitare et du piano, puis a arrangé le tout. Alexandre fut le chef d’orchestre pour tout rassembler les parties et les monter dans un tout cohérent.
Musicalement, cet album couvre tout un éventail de styles. L’introduction est instrumentale, avec piano et violoncelle et la narration d’Andy ROWE (THE ROOM). Sur « Come back to earth », on reconnaît assez bien les ambiances et la musicalité de NINE SKIES, avec ici une musique grandiose où on sent la désespération. Du prog symphonique appuyé par la splendide et puissante voix de Martin WILSON interprétant le personnage de Charlie. On retrouve sur le refrain la voix de Guy MARRO, un ami de longue date d’Anne et Éric. Et fait très intéressant : ce morceau émane d’une vieille démo auquel Éric avait participé. Bien qu’ils n’aient pas été en mesure de conserver les guitares de ce démo, ils ont réussi à préserver pour la version finale les chœurs d’Éric, ainsi qu’une partie des synthétiseurs, lents mais diablement efficaces, qu’il a composés et joués. On peut sentir la présence d’Éric sur cette pièce. Par ailleurs, cette chanson offre une rythmique surprenante et inattendue, gracieuseté du batteur Johny MARTER (membre de NINE SKIES, et brièvement membre de MARILLION à leurs débuts).
« People In Their Cages » est assez lourde, avec une excellente rythmique, de la guitare électrique avec les riffs éclatés d’Alexandre LAMIA. On est en territoire plus lourd qu’avec NINE SKIES; cette pièce a son propre style, et est une de mes préférées. On se calme ensuite avec la première ballade de l’album, « Where Have You Been ». Écrite par Anne il y a plusieurs années, c’est sa pièce préférée. Un début à l’arpège fait place à une jolie mélodie, à un refrain majestueux, le tout très émotif, où la guitare électrique chante « Where have you been? » Où es-tu Hope? Un long pont avec les claviers, la guitare électrique, ainsi que le superbe saxophone de Laurent BENHAMOU (NINE SKIES) : wow!
Un opus de 13 minutes s’offre ensuite à nous : « The Ballad Of Peggy Pratt » est une pièce de résistance neo-prog. La voix de Martin y est au sommet de sa forme; je l’écouterais sans arrêt. Les chœurs sont bien positionnés. La basse d’Alexis BIETTI (NINE SKIES) et la batterie de MARTER exhibent une excellente section rythmique (ils étaient d’ailleurs libres de s’exprimer librement sur cet album, car leurs parties n’avaient pas été écrites a priori). Cette section rythmique, lorsque combinée à la guitare de LAMIA, crée tout un kaléidoscope sonore, particulièrement près de la mi-chemin du morceau, où on passe en mode PORCUPINE TREE, la guitare électronique s’exprimant sous forme de dissonance apparente, mais bien calculée. Le piano classique vient ensuite calmer le jeu, mais seulement temporairement, car Alex enfilera en fin de morceau un long solo de guitare génial. Long vous dites? Faisant plus de quatre minutes, c’est le solo le plus long qu’il n’ait jamais joué! Et il l’a enregistré en une seule prise! Au fil des quatre minutes, le solo monte graduellement en intensité (l’arrière musical montant en intensité lui aussi) et un peu en vitesse, mais sans jamais devenir du « shredding seulement pour shredder ». Le tout demeure bien mélodieux, et est un des moments forts de l’album.
On se remet de cette forte intensité avec une magnifique et douce pièce, bien que frénétique dans sa première moitié : « Sweet Confusion ». On peut entendre dès le début le joli violon d’Éric, puis un piano et une batterie qui vont de pair; on sent effectivement qu'une douce confusion est imminente. Martin embarque, c’est du prog intelligent. Puis un intermède au violon nous introduit au duo tant attendu de Charlie et Hope (Martin WILSON et Helen TIRON). Quel beau duo! Il s’agit d’une première expérience en duo pour Helen. Hormis un accent assez prononcé de cette dernière, le mélange magique de ces deux voix, harmonieux à souhait, me donne des frissons (lui à la profonde voix grave, elle à la voix toute douce et délicate). Le solo de guitare d’Alex vers la fin provoque d’autres frissons, qui viendront remplir le peu d’espace libre qu’il restait sur mes bras. Savez-vous, à bien y penser finalement… cette pièce est toute aussi intense que la précédente, mais d’une manière différente!
Le début planant de « On The Run » laisse place à un Run Run Run Run Away endiablé. On sent l'urgence, sous un rythme rapide et saccadé appuyé par un très réussi solo de guitare par l’ami invité Steve ANDERSON (THE ROOM). Un deuxième duo d’Helen et Martin sur l’album, la ballade « Take A Little Time (The Encounter) », est lui aussi merveilleux. Les deux protagonistes se répondent, c’est génial, et ça devient majestueux au milieu, alors que le violon, le « marching band » et la voix puissante d’Helen font rêver. « A New Path », avec son début rappelant ANUBIS et MARILLION, puis une lourdeur à la PORCUPINE TREE, possède une excellente rythmique. L’histoire se termine finalement par un joli épilogue instrumental avec une voix parlée.
Un deuxième album de FRANT1C est déjà en préparation, trois ou quatre démos étant terminés. Les mêmes collaborateurs que sur cette première galette sont censés participer à cette deuxième offrande, ce qui est une excellente idée, car pourquoi changer une recette gagnante? Car je trouve que ce premier album, « A Brand New World », est plus que réussi. À mes oreilles, il s’agit de la meilleure œuvre à laquelle a participé Anne-Claire RALLO, et pourtant, la barre était haute. Éric, où qu’il soit, est sans aucun doute très fier de sa femme…
PISTES / TRACKS
- 1. Prologue (The Awakening) (04:09)
2. Come Back To Earth (04:18)
3. People In Their Cages (05:00)
4. Where Have You Been? (05:13)
5. The Ballad Of Peggy Pratt (13:29)
6. Sweet Confusion (06:48)
7. On The Run (feat. Steve Anderson) (06:41)
8. Take A Little Time (The Encounter) (04:48)
9. A New Path (06:43)
10. Epilogue (A Brand New World) (04:38)
Total : 1:01:50
musiciens / musicians
Anne-Claire Rallo: Guitars, keyboards, piano, arrangements
Alexandre Lamia: Guitars, keyboards, piano, arrangements
Eric Bouillette (RIP): Guitars, violin, piano, backing vocals
Martin Wilson: Vocals (Charlie)
Helen Tiron: Vocals (Hope)
Andy Rowe: Spoken voice
Alexis Bietti: Bass
Johnny Marter: Drums
Laurent Benhamou: Saxophone on 'Where Have You Been?'
Steve Anderson: Guitar solo on 'On The Run'
Guy Marro: Vocals on 'Come Back To Earth'