Même si Gavin HARRISON n’a pas besoin de présentation, précisons quand même qu’il est ou a été membre de ‘’Pineapple Thief’’, ‘’Porcupine Tree’’ et ‘’King Crimson’’. Quant à Antoine FAFARD, bassiste montréalais installé à Londres, il a œuvré au sein du groupe progressif canadien ‘’Spaced Out’’ jusqu’en 2008 soit avant son départ pour Londres. Par la suite, de sa nouvelle ville de résidence, il a collaboré avec bon nombres de musiciens de jazz et de prog et a enregistré une dizaine d’albums sous son nom. On note une première apparition de Gavin HARRISON sur un disque solo d’Antoine FAFARD paru en 2012. Un premier album portant les deux noms est paru en 2020. Voilà pour les présentations.

Côté musique, on a droit à un jazz qui n’est pas un jazz rock habituel mais plutôt un jazz fusionné avec ce qui semble être du progressif. Chaque pièce contient un thème, pas nécessairement mélodique mais plutôt abstrait, voire rythmique (‘’Viral Information 101’’). Puis s’ensuivent les solos des instrumentistes; ici, mentionnons que ces solos s’intègrent bien aux thèmes de chacune des pièces et en deviennent même une extension faisant en sorte que l’auditeur ne sait plus si le musicien est dans la partition ou en train d’exécuter un solo. Ce qui donne une musique moins prévisible, moins formatée que ce qu’on entend parfois ailleurs dans le jazz. Et ajoutons que les instruments entendus sont majoritairement acoustiques. De plus, soulignons que les d’arrangements sont particulièrement bien ficelés; on retrouve violons, cuivres et bois, ainsi que percussions dont un marimba qui accompagnent les musiciens solistes. Richesse sonore assurée.

On débute la première pièce ‘’Dark Wind’’ sur des percussions puis la basse impose un beat saccadé, presque funky. Les cuivres embarquent puis le saxo soprano prend les devants et complète le tout avec un solo. Et quel solo bien senti! Pas surprenant, l’instrument est joué ici par Jean-Pierre ZANELLA, saxophoniste montréalais réputé. Le tout s’arrête abruptement sur trois notes de saxo. Très bon départ. Puis, on passe à la deuxième pièce ‘’Deadpan Euphoria’’ probablement la meilleure de l’album. On débute sur des notes d’un handpan auquel s’ajoutent basse et violoncelle. Puis le thème est repris par Antoine FAFARD à la guitare acoustique, qui revient plus loin dans la pièce avec un solo plus qu’intéressant. Solo suivi par un autre joué cette fois-ci au violoncelle. Et le tout se termine comme cela a commencé soit sur des sons du handpan. Très belle pièce empreinte de délicatesse. À réécouter.

Sans nécessairement décrire ainsi chacune des pièces de l’album, mentionnons qu’on y retrouve bonne quantité de bons moments. Soulignons, entre autres, la présence du hautbois et sa sonorité nostalgique dans ‘’Objective Reality’’, les solos de basse qu’on entend dans plusieurs pièces (particulièrement dans la dernière pièce ‘’Safety Meeting’’), le solo de guitare acoustique d’Antoine FAFARD dans ‘’Pantalogic Structure’’, le jeu du piano qui rappelle (un peu) celui de Brad MEHLDAU dans ‘’Solus Souls II’’…

Terminons avec la pièce ‘’Spontaneous Plan’’. Elle débute sur des sons de marimba que joue ici Gavin HARRISON puis s’ajoutent piano et cuivres. L’arrivée de ces derniers donne une impression de grandeur à la pièce. Suit un excellent solo de piano sur fond de cuivres. Puis marimba et percussions font augmenter le niveau de tension. Belle prestation de M. HARRISON. Et le tout se termine sur un crescendo de cuivres. Ouf !

Bref, un très bon album que les amateurs de jazz fusion (sans l’aspect rock de la chose) sauront apprécier.