Petit rappel historique, GEPETTO est le projet de George PINILLA, compositeur, chanteur franco-espagnol, musicien multi-instrumentiste autodidacte et vendeur de rock progressif par correspondance depuis 1986. Il joue depuis vingt-cinq ans dans un groupe de reprises seventies de BORDEAUX & a commencé à composer des démos en 2005 pour ce qui allait devenir GEPETTO. Ses influences partent des BEATLES pour englober toute la musique progressive ‘’biséculaire’’ de 1966 à 2023, à laquelle il faut rattacher un soupçon de musique latino.

Les deux premiers disques de GEPETTO, "From Heaven to the Stars" en 2016 et "Evolutive Songs" en 2020 ont été chroniqués sur profilprog.com (le second avec une interview du principal concerné), tous les auditrices et auditeurs peuvent donc les relire à satiété. Le nouvel album "Awaiting Madre " raconte la très bonne relation que George avait avec sa mère décédée pendant l’enregistrement à l’âge vénérable de 97 ans et à laquelle l'album est dédié en toute bonne logique.

Pour ce "Awaiting Madre" parlons tout d'abord du format choisi, deux longues suites de vingt-cinq et vingt-six minutes, rien de plus "casse gueule" en matière musicale car il faut encore plus d'attention au modeste chroniqueur que je suis (et aux autres évidemment) pour écouter et disséquer ce que George et ses compagnons de voyage ont voulu produire. La chronique du précédent album était bien plus aisé sans aucun doute.

"Awaiting" et la langue de SHAKESPEARE pour commencer, un mid tempo chanté par Chris PALMER dont nous retiendrons le passage un peu jazzy de la troisième minute qui ouvre la voie au premier solo de guitare du nouveau venu Pascal AGARD, avant une claire inspiration WEST COAST (POCO me vient aux oreilles de 4:23 à 5:55) même si elle n'est pas volontaire, puis une digression pianistique et claviéristique (solo de moog) organisée par Luis PUENTE (directeur du conservatoire d'IRUN) qui était lui déjà présent sur "Evolutive Songs".A 7:04 et jusqu'à 9:32 GEPETTO lorgne clairement du côté de CSNY, avant un envol plus énergique (six cordes et piano) qui nous mène jusqu'à 12:45, la partie la plus seyante, la plus belle musicalement, la plus réussie de cette première suite avec Mister AGARD en pole position. Accalmie à partir de 14:47, voix/piano/guitares acoustiques et douze cordes, c'est posé et beau, presque religieux ! et nous repartons pour un final plus nerveux à 16:53, piano déluré et six cordes incisive, flute échantillonnée à 18:38 avec le soutien de la guitare basse de Tiphaine RIVIERE avant que Pascal AGARD ne débarque de nouveau pour poser un solo de grande classe jusqu'à 20:20 ; la partie terminale du morceau est beaucoup plus apaisée, voix/guitare acoustique/chœurs/piano/mellotron/cloches et le tictac d'une montre comme conclusion.

Mais que se passe-t-il ? Le tictac de la montre continue dès l'entame de "Madre" (les trente premières secondes) puis s'enchaine avec des guitares et des claviers bucoliques (le mellotron est juste ad hoc) jusqu'à 3:25 puis le rythme s'accélère, c'est la fête au village avec un superbe passage flamenco (les origines du patron ressortent et les grands TRIANA avec), le chant de George en espagnol est posé et relaxant, à 7:00 la sarabande démarre et déroule entre néo, sympho et andalou (au moins l'originalité est au rendez-vous), GEPETTO s'impose comme une formation différente c'est à mon sens le plus important, loin des standards habituels que nous pouvons rencontrer, le passage instrumental qui débute à 13:50 est digne des grandes heures du progressif symphonique, pas moins, avec une guitare ultra lyrique assise sur un tapis de synthétiseurs très élaboré. George reprend la parole à 17:30 pour un final à connotation acoustico symphonique d'une infinie beauté qui met de nouveau en valeur une six cordes électrique galopante et mélodique à la fois, écoutez c'est tout bonnement magnifique. Le thème conclusif au piano et au mellotron permet une fin en douceur accompagné de la guitare véloce qui nous suit depuis l'entame de l'album.

Une très belle réussite à mettre au crédit de GEPETTO, comme c'était le cas pour les deux disques précédents.