Thomas Gunerius BERGSTEN est un multi-instrumentiste, auteur, compositeur, et leader de la formation « Gunerius & Verdensveven », ce dernier mot signifiant « ... et la Toile du Monde ». Cet artiste est bien connu sur la scène psychédélique norvégienne, pour son implication au sein des formations « The Harvey Steel Show » et « The Secret Sound of Dream Walkers ». « Fantasmagor'i » fait suite à « Kapitalypse Nå! » de 2023, à « Der går nabolaget » de 2022, où à l’instar de son nouvel album, il agissait seul aux commandes, livrant ses effluves sonores qu’il qualifie de musique folk psychédélique norvégienne.

Je fus immédiatement attiré par cette pochette qui annonce la couleur. Pas besoin d’avoir fumé un pétard comme le chat de la pochette pour apprécier, et comme je m’y attendais, on a droit à un genre de rock expérimental « pété » à souhait mais qui n’est pas nécessairement pour toutes les oreilles. Il faut être fan d’agencements de sonorités éclectiques car personnellement, pour le genre, je n’ai pas entendu cela souvent ailleurs. Des paysages sonores uniques. Un ton festif, presqu’une musique de dance club, comme dans « Veien og Støvet », avec un début celtique aux fausses cornemuses et un son électro psychédélique indien aux « beats » addictifs. Mais c’est aussi très déjanté, coloré, sans inhibition. Des situations inattendues et surprenantes, comme au sein de « Av meg skal du arve » grâce à un son psychédélique indien « jazzy » accompagné de chant norvégien, soit un amalgame déroutant dans un effort intense qui reste malgré tout assez mélodique, avec la trompette dithyrambique de Jakob Eri MYHRE qui vole la vedette. A mon avis le meilleur titre de cet assortiment bigarré !

Parfois, il surprend par son audace dans sa musique mono-tonale simple accompagnée de tapage de mains, un procédé efficace mais osé, comme dans « Når vi endelig kan se hverandre inn i øynene ». C’est comme s’il produisait un genre de rock de garage expérimental exécuté sur des instruments jouets. Il s’amuse aussi à faire tournoyer les notes entre les oreilles, avec une intro « space rock » et un son résolument disco au sein de la chanson « Mitt liv er bygget på en løgn » qui se métamorphose constamment. « Ytre Rom (2084) » vous surprendra par ses percussions tribales, ses synthés « gazou », et par la section de guitare qui sauve la mise.

La variété est au rendez-vous tout en maintenant un forte cohésion de l’ensemble. Des notes très Pop dans « Nedrustning er oppussing av jorda », de la guitare « surf» claire dans la pièce instrumentale « 91 SVELVIK - BERGER » et une chevauchée western dans « Tiden tar oss fort igjen ».

Dommage, mon norvégien étant nul, je n’ai rien pigé des textes. Globalement, j’ai bien aimé l’audace musicale, qui trace dans les pas de la bonne humeur des B-52s et des collages sonores de Beck HANSEN, et dont les fans de ce dernier devraient bien apprécier. Petit bémol, dans quelques rares occasions, les paroles déclamées tuaient le rythme. Bien exécutée, débordante d’inventivité avec ses sonorités éclectiques, vitaminée, souvent accrocheuse et dansante (eh oui !!, quel sacrilège pour les « proggeux »!), cette œuvre mérite une écoute. Titres préférés : « Veien og Støvet », « Av meg skal du arve », et « Tiden tar oss fort igjen ». Bonne écoute !