HARPAZO est formé du guitariste Marc CENTANNI et du multi-instrumentiste Gary WEHRKAMP. Ils sortent un album d’opéra prog power, métal futuriste avec histoire dystopique, technologique se déroulant en trois endroits, Rome, Jérusalem et New York. Des influences variées, symphoniques avant tout et des arrangements complexes dignes du grand SHADOW GALLERY et des groupes de power prog métal des 80-90. Pochette stylée pour partir en voyage spatial intemporel et nanotechnologique. Un premier opus surprise!

« Ichor » et le son d’AYREON, gros métal prog à la voix reconnaissable de DC Cooper; air des SHADOW GALLERY pour l’orchestration et les chœurs mélodiques, le ton d’un MEAT LOAF néo-classique, mid-tempo progressiste. « Legion Program » intervalle instrumental spatial avec son coulis de guitare électrique lançant « I Am God » pour les pads pesants de Niklas confortant le métal mélodique; un violon accentue l’air métal opéra avec un Solomon censé sauver notre monde avec l’AI. L’hymne gothique s’en dégage un temps avant le solo guitare posé classique. « Golden Crown » acoustique guitare au démarrage avant la montée fusionnant métal et opéra baroque. Le break piano épuré, l’acoustique guitare, des chœurs divers, les vocaux féminins, tout se chevauche. L’air médiéval avec Lee contre DC; un relent agréable d’AVANTASIA se fait jour. « The Crucible » arrive avec Michael aux voix, solennel, pompeux, relevé par la batterie de Mark. Du métal à la AYREON pour le côté puissant, entraînant et évolutif; la guitare rythmique amplifie la base tandis que la lead guitare amène les ruptures heavy, les claviers de Gary lorgnant sur SHADOW GALLERY. Un titre complexe semblant éclaté mais amenant une puissance sereine de cette fresque musicale. « Two Witnesses » à l’intro mélodique sidérante glissant sur un arpège piano solennel; vocal plaintif, vocaux envahissants avec la primeur féminine; l’air avance tel un torrent saturé, ça tourbillonne symphoniquement parlant, c’est digne d’un velouté musical. Mi-parcours et le solo guitare, s’affaissant sur un moment latent digne des IRON MAIDEN. Le riff lourd part sur des nœuds musicaux endiablés, le tempo gonfle, Gary lâchant ses doigts sur la guitare et les claviers; un son hard des 80 arrive avant de partir en solo; retour au refrain grandiloquent.

« Change of Heart Pt. 1 » enchaînement concept de l’album; intro cinématique futuriste avec bruits de sirènes; des voix dialoguent sur un air symphonique et majestueux. Le hard prog US en filigrane; dynamique, rythmique, heavy, de l’opéra heavy métal sans concession qui n’hésite pas à poser ses gammes devenant rock pêchu, évitant le mitraillage de notes. Une mélodie moderne au clavier rythmique agrémentée de chœurs émouvants. « Ultimatum » à l’air lourd pesant, entre SHADOW GALLERY, AYREON, HAMMERFALL et ROYAL HUNT, un zeste des PRETTY MAIDS; grosse orchestration classique avec ce texte fort d’appuyer ou pas sur la gâchette. « We Are Weak » interlude avec des notes provenant d’un vieux piano à bois, d’une boîte à musique. L’orchestration est dantesque, médiévale, folklorique, avec une envolée de violons et l’air cinématique du ‘Pirates des Caraïbes’. Entre néo et métal prog finalement atypique. « Small Price to Pay » air calibré pesant avec le synthé prégnant et un duo vocal entre DC et Christian; du métal hollywoodien consensuel avec un final cinématique. « Change of Heart Pt. 2 » suit avec une introduction onirique, guitare et piano divin. Lee pose un son d’AMBEON, lent et aérien d’une comédie musicale; roulement de tambours devenant nerveux, la guitare qui lorgne sur celles des SHADOW GALLERY. La mélodie part sur des chemins orientaux avec un synthé gras. Le break clavecin, violon, l’esprit baroque, latence, grandiloquence puis la voix charmeuse de Lee sur le final percussif et angélique. Du vent, un grondement cinématique lançant « The Book of Life » avec l’orgue d’église imposant. Acoustique guitare moyenâgeuse, ballade romantique avec sa montée lorgnant sur MOSTLY AUTUMN. Le solo guitare floydien avec la sensation spleen des anges déchus. Duo vocal avec guitares mélodiques, charmeuses, envahissantes. Les voix ajoutent le lyrisme grandiloquent terminant en a capella.

HARPAZO sort un concept album complexe, opéra rock métal où le son varie en fonction des thèmes abordés; doux pour expliquer l’histoire, nerveux pour les bouleversements et agressif lors des breaks instrumentaux dans lesquels l’émotion et la puissance se retrouvent pleinement. Je ne peux m’empêcher de citer SHADOW GALLERY et DREAM THEATER à nouveau ainsi que FATES WARNING, AYREON, ROYAL HUNT, AVANTASIA, QUEENSRYCHE, NIGHTWISH, EPICA, NARNIA, KAMELOT et les FLAMING ROW comme fils conducteurs. Des circonvolutions subtiles s’empilant les unes après les autres ou sur les autres, du bon power métal opéra symphonique sur les 90 au début du nouveau millénaire, intéressant mais avec un goût de déjà-vu.