Le violoniste et multiinstrumentiste New-Yorkais Joe DENINZON présente son 6ème album « Impostor! » en compagnie de son groupe STRATOSPHEERIUS. Et c’est une bonne surprise ! Comme il est loin le temps de ses premiers albums solo très orientés jazz, jazz-rock… Désormais la tonalité de l’ensemble rock prog est dominante, et ce n’est pas pour nous déplaire !

Il faut tout de même rappeler que Joe DENINZON est depuis mai 2023 le nouveau violoniste du groupe culte américain KANSAS, pour l’instant uniquement en concert, en remplacement au pied levé de Dave RAGSDALE parti pour se consacrer à ses projets personnels : en entend bien sur ce nouvel album d’ailleurs l’influence de sa participation à KANSAS dans son jeu beaucoup rock. « Impostor! » est un album très bien produit et de belle facture, même s’il ne présente pas forcément de l’originalité ou de la nouveauté dans le style rock prog avec violon électrique. Mais c’est dans l’ensemble très bien réalisé.

L’opus commence avec une courte mais belle dynamique introductive sur « Voodoo Vortex (part. 2), et s’en suit le très « Kansassien » « Outrage Olympics », sur lequel Joe DENINZON montre aussi ses talents de chanteur à la voix chaude semblable à celle de Nick D’VIRGLIO (SPOCK’s BEARD, BIG BIG TRAIN) en plus de son jeu de violon très expressif et approprié au style. Le duo piano-violon est magnifique, le final du quatre-cordiste…stratosphérique ! Le titre éponyme et seconde longue pièce d’« Impostor! » est toujours bien empreint de la mouvance rock prog américaine des 70’s/80’s… A titre comparatif, et c’est tout en leur honneur, la seconde partie du titre n’est pas sans me rappeler « Mr Roboto » de STYX.

Après le très rock « Cognitive Dissonance » sur lequel chante Randy McStine (PORCUPINE TREE, STEVEN WILSON), arrive à mon sens la pièce majeure d’album : « Storm Surge » avec son entrée au violoncelle. Cette pièce extrêmement bien construite est digne des plus beaux titres de l’histoire de l’Opéra Rock? dont le groupe précurseur restera QUEEN, mélange savoureusement les instruments à cordes classiques (violon, violoncelle, flûte) et rock (guitare et violon électriques). Cerise sur le gâteau : JOE DENINZON & STRATOSPHEERIUS ont choisi ici un invité de premier choix au chant principal, Michael SADLER, frontman des comparses canadiens de SAGA ! Le résultat est payant, magnifique !

Le groupe se prend même plaisir à reprendre « Frame By Frame » de KING CRIMSON (sur « Discipline » (1981)), à la mélodie très répétitive propre au style du duo Robert FRIPP/Adrian BELEW de la formation anglaise époque début des 80’s. Ici le violon électrique remplace la guitare électrique et il faut reconnaître que c’est fort bien joué même si le choix de cette reprise sur un nouvel album ne rajoute pas une nouvelle pierre originale à l’édifice. Les deux titres qui s’en suivent, l’instrumental « Voodoo Vortex (part.1) et le court « Tripping Merry-Go Round », dénotent quelque peu sur l’ensemble, pas franchement indispensables, et c’est un peu dommage.

« Chasing The Dragon » (non ce n’est pas une reprise de MAGNUM), la seconde longue pièce complexe d’« Impostor » clôture avec beauté l’album ; tous les ingrédients d’un titre épique sont bien présents : montées en puissance, arrangements vocaux, changements de rythmes, passages très électriques (guitares, violon électriques, basse, batterie) et d’autres plus calmes avec piano/clavecin/violoncelle…L’intervention en solo de la chanteuse de TRANS SIBERIAN ORCHESTRAI, Chloe LOWERY, ajoute un plus très agréable à l’écoute. L’album se termine par une apothéose musicale, pour ne pas dire encore stratosphérique.

A la lecture du nouvel album de JOE DENINZON & STRATOSPHEERIUS, excepté quelques passages dispensables, l’impression générale reste très positive. Un très bon album de rock prog américain, surtout si vous aimez déjà KANSAS, toutes époques confondues.