CHRONIQUE / REVIEW
John Holden
Proximity And Chance
Releases information
Release date:
May 31, 2024
Format:
CD, Digital
Label:
From:
Self-released
Royaume-Uni / UK
Thomas Szirmay - June 2024
9,3
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Depuis 2018, ce compositeur et multi-instrumentiste livre non seulement des albums exceptionnels que je suis fier de posséder et de critiquer, tous très bien notés d’ailleurs par de multiples chroniqueurs, mais aussi parce que les ingrédients de la recette HOLDEN ainsi que la main-d'œuvre invitée varient d'un album à l'autre. Alors avant de plonger dans les subtilités de ce cinquième chapitre, j'invite tous les lecteurs qui ne connaissent pas encore ce chat du Cheshire, à plonger tète première dans ses 4 derniers albums et découvrir tous les délices qu'ils contiennent. La barre est assez haute parce que le précédent « Kintsugi » était un tour de force qui lui a valu les plus grands éloges. Les chanteurs SALLY MINNEAR et le célèbre PETER JONES sont de retour, tout comme le claviériste VIKRAM SHANKAR, donc il n'est pas surprenant qu'ils soient des interprètes sidéraux, fidèles au poste. Les nouveaux associés sont LUKE MACHIN, un guitariste surdoué qui semble être tout aussi prolifique, jouant sur une multitude d'enregistrements, JOHN HACKETT n'a pas besoin d'introduction avec un nom pareil, et SHAUN HOLTON de Southern Empire chante sur quelques morceaux. Enfin, DAVE BRONS ajoute quelques mesures à la fin du morceau d'ouverture, tandis que MORAY MACDONALD souffle dans une trompette militaire sur une pièce.
« 13 » donne le ton immédiat pour le reste du programme, alors que HOLDEN dépose une solide pulsation rythmique, avec une basse hargneuse, des riffs solides et une belle programmation de batterie. PETER JONES saisit le micro, et sa voix fluide est toujours un vrai régal, racontant cette histoire mythique comme quoi le chiffre 13 est devenu une superstition qui ne disparaîtra semble-t-il jamais. Vendredi 13, treize personnes à une table, parapluies ouverts, miroirs brisés, marcher sous des échelles, chats noirs, touche du bois, patte de lapin et tutti quanti. De la poésie pour l‘esprit. Puis nous entrons dans un univers héroïque avec une adaptation musicale de « The Man Who Would Be King » de RUDYARD KIPLING, une pièce plus longue et plus aventureuse, le cadre idéal pour SHAUN de démontrer ses talents de vocaliste. On perçoit immédiatement des sommets montagneux, imaginant le col de Khyber et l'Everest au-delà, la trompette impériale annonçant le fantasme de soldats d'infortune voulant devenir des dieux, et régner soit par la force des armes ou par leur simple volonté gourmande sur de vastes territoires remplis d'immenses richesses. L'allusion à Alexandre le Grand transparaît également dans un arrangement des plus cinématographiques. Fermez les yeux et laissez les transmutations d’images retentissantes induire l'imagination à divaguer sans retenue. VIKRAM déblaye un solo de synthé astucieux alors que le dénouement final arrive. Gong!
Avec le piano et la flûte dominant l'espace sonore, « A Sense of Place » a cette quintessence d’une perception pastorale typique d’Albion, une belle pause instrumentale et une ode chatoyante à la tranquillité. Le titre aurait bien pu être interprété comme un sentiment de paix, et personne n'aurait osé dire le contraire. Tout à fait magnifique.
Place au théâtre avec une récit de jalousie folle et de vengeance compétitive, « Burnt Cork and Limelight » a certainement des tendances tragicomiques, j'ose dire, carrément ‘shakespeariennes’. La mélodie irréprochable est un ajout magistral à un arrangement riche en orchestrations immaculées qui émettent vraiment un sens de la musique de scène où les acteurs dévoilent leur côté sombre en faisant semblant de suivre le scénario mais en cherchant désespérément à assassiner l’ennemi présumé. PETER JONES offre l'une de ses plus belles interprétations, de façon fort convaincante. Les applaudissements du public captif sont la goutte d'eau qui fait déborder le vase. 10 minutes + d'animations enchanteresses. Je fredonne ce chorus à longueur de journée sans pouvoir m’en débarrasser!
Faisant lumière sur les récents assassinats politiques de transfuges russes au Royaume-Uni, commis par des « Agents » (secrets) sous les ordres de Vladimir, la pièce s'attaque à l’idée d'envoyer des tueurs armés d'agents neurotoxiques pour éliminer toute menace à l'autorité du Kremlin avec une audace apparente. La musique est convenablement tourmentée, avec des silhouettes sombres se cachant derrière l'immunité diplomatique, emportant des fioles de poison mortel et aux trousses de leurs cibles insouciantes. Luke arrache une raillerie hargneuse de son instrument à six cordes sans la moindre retenue. La vengeance est une pilule bien amère, qu’on a laissé tomber furtivement dans une théière. Une visite passionnée à Paris ne signifie pas que l'on peut trouver l'amour à 100%, parfois c'est exactement le contraire, une prise de conscience qui peut faire mal sur le moment mais vaut mieux souffrir maintenant que 20 ans plus tard. SALLY chantonne innocemment sur son sort dans la Ville Lumière, Notre-Dame déchue projetant une ombre fastidieuse, les vendeurs de livres sur les quais de Seine offrant des éditions fictives d'un amour qui n'est pourtant pas censé être facile. L'atmosphère est convenablement sobre et romantique. L'amour fait mal.
Les deux derniers morceaux traitent des deux choix proposés dans le titre, « Proximity » regardant la planète rouge (Mars pour les intimes) et se demandant simplement s'il s'agissait peut-être d'une ancienne origine il y a des millénaires, forçant une fuite salutaire pour s'installer sur Terre, afin de retrouver un climat plus approprié. Puis, le glorieux hymne « Chance » est la transition naturelle qui aborde la notion complexe de « et si ? » et « qui suis-je ? ». Il y a une sensation positive à la JON ANDERSON-Yes qui est des plus édifiantes. Dans le domaine de la logique, chaque personne n'est rien de plus que l'amalgame de tous les parents précédents des deux chaînes ancestrales, une évolution complexe sans point de départ précis, à moins de croire qu'elle ne provienne de l'univers lui-même. Les trois chanteurs se joignent à la chorale, chantant un message d'espoir, "que nous habitons tous cette petite planète, nous respirons tous le même air, nous chérissons tous l'avenir de nos enfants. Et nous sommes tous mortels ». Le seul absolu est qu'il n'y a qu'un seul soleil.
JOHN HOLDEN est une force montante du rock progressif sur laquelle il faut résolument compter dorénavant. Rapprochons-nous et soyons courageux.
PISTES / TRACKS
- 1. 13 (5:20)
2. The Man Who Would Be King (10:38)
3. A Sense of Place (3:10)
4. Burnt Cork and Limelight (10:31)
5. Agents (6:55)
6. Fini (4:43)
7. Proximity (4:41)
8. Chance (Under One Sun) (7:52)
Total Time 53:50
musiciens / musicians
- John Holden / Guitars, bass, keyboards, orchestration
- Dave Brons / Guitar solo (end) (1)
- John Hackett / Flute (3)
- Shaun Holton / Vocals (2,5)
- Sally Minnear / Vocals (6)
- Peter Jones / Vocals (1,4,8), organ (5), saxophone (5)
- Moray Macdonald / Trumpet (2)
- Luke Machin / Guitar (5), guitar solo (end) (8)
- Vikram Shankar / Piano (3,4), synth solo (2)