CHRONIQUE / REVIEW
Kaipa
Sommargryningsljus
Releases information
Release date:
June 28, 2024
Format:
CD, Digital, Vinyl
Label:
From:
Inside Out Music
Suède / Sweeden
Serge Marcoux - July 2024
9,4
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Est-ce que vous vous souvenez des étés de votre enfance ? Vous savez ces moments, où étendu dans un champ ou sur le gazon, on jouait à deviner la forme des nuages. Ou encore, assis sur le balcon ou sur le bord de l’eau, nous regardions s’éteindre le soleil à l’horizon. Mais surtout, l’été était un moment idéal pour rêver. Nous rêvions de tout et de rien, et peut-être de ce que pourrait être demain. Avec « Sommargryningsljus », nos amis suédois de KAIPA nous offrent huit morceaux pour nourrir nos rêveries d’aujourd’hui.
Le seul membre du groupe original, formé en 1973, est le claviériste et compositeur HANS LUNDIN. Et, à l’instar de la formation, le son du groupe, même ancré dans ces années, a changé aussi. Cependant, KAIPA s’est doté d’une nouvelle signature musicale que nous avons appris à reconnaître depuis « Notes from the Past », paru en 2002. Le chant constitue un élément clé de ce son. Depuis ce premier album on entend PATRIK LUNDSTRÖM (RITUAL) et ALEENA GIBSON. Celle-ci, d’abord une invitée, est devenu membre à part entière l’année suivante sur « Keyholder ». Ces deux voix, utilisées individuellement ou en harmonies, colorent agréablement et distinctivement la musique du groupe. JONAS REINGOLD (THE FLOWER KINGS, THE TANGENT, KARMAKANIC, STEVE HACKETT) est aussi présent depuis le début avec ses grands talents à la basse. En 2005, ROINE STOLT est remplacé à la guitare par PER NILSSON (SCAR SYMMETRY) qui ajoute sa saveur, assez énergique par moment, depuis « Angling Feelings ». L’excellent « Urskog » que l’on peut savourer depuis deux ans nous a permis d’entendre DARBY TODD (DEVIN TOWNSHEND, THE DARKNESS, GARY MOORE, MARTIN BARRE) en lieu et place de MORGAN ÅGREN. Il est de retour à la batterie et il est en grande forme.
« Sommargryningsljus », lumière de l’aube d’été, contient huit morceaux qui décrivent un voyage nocturne du crépuscule à l'aube. Les deux premiers morceaux représentent le crépuscule et les deux derniers l'aube. Cette odyssée nocturne peut être vue comme une métaphore de l'état entre la mort et la renaissance, ou comme une allégorie de la vie racontée à l'envers. Pour le leader, HANS LUNDIN, cet album est en quelque sorte une façon de boucler la boucle. L’aube, un thème qui lui est cher, était ainsi présente sur le tout premier album de 1975, ainsi que sur les deux suivants d’ailleurs. Dans cet ordre d’idée, il est intéressant de noter que les structures de base de deux chansons de l'album « Seven Birds & Spiderweb Train » ont été écrites à la fin des années 90. La même période que celle où les chansons de l'album de retour de KAIPA, « Notes from the past », ont été écrites. Hans nous explique : J'ai trouvé deux vieilles et longues chansons instrumentales que j'ai vraiment aimées. Je n'avais mixé les chansons que sur une cassette. A l'époque où elles ont été enregistrées, j'utilisais un ordinateur Atari et le programme Logic Notator où je pouvais enregistrer des midi-files pour mes différents claviers. Les chansons avaient été enregistrées sur une disquette. J'ai réussi à transférer ces fichiers midi dans mon système d'enregistrement moderne et, petit à petit, j'ai pu reconstituer ces vieilles chansons. J'ai dû dépoussiérer quelques vieux synthétiseurs, qui n'avaient pas été utilisés depuis de nombreuses années afin de retrouver certains des sons originaux que j'utilisais à l'époque. J'ai édité les chansons, supprimé certaines parties et écrit de nouveaux ponts. J'ai également décidé d'utiliser certaines mélodies instrumentales comme pistes vocales et j'ai écrit les paroles. L’une des chansons s’appelait « Seven Birds » et elle m’a inspiré à écrire des paroles où je pouvais garder le titre intact. Certains des solos de synthétiseur de ces morceaux sont en fait enregistrés dans les années 90. Travailler avec ces chansons était vraiment amusant et inspirant et j'avais le sentiment de construire un pont entre le passé et le futur, l'ancien et le nouveau. C'est le 10ème album de KAIPA sur InsideOut et je pense qu'il est logique de le célébrer avec deux chansons qui sont comme un melting pot, nées il y a 25 ans et parées au goût d’aujourd'hui.
Le crépuscule se peint à l’horizon avec une courte introduction offerte par la voix d’ALEENA, et les claviers. « Seven Birds », décrite par M. LUNDIN, est une de mes favorites de l’album. On retrouve ce son clair et lumineux et cette ampleur symphonique présente sur la plupart des titres et ce, à divers degrés. Pendant une dizaine de minutes, nos oreilles enregistrent un feux d’artifice sonore. On ne sait trop si on doit préférer le jeu de guitare de NILSSON, les claviers, mellotron, Hammond et Cie, de LUNDIN, les roulements de TODD ou l’inventivité de REINGOLD. Que dire de ces superbes arrangements de voix, y compris une bonne minute où livrées à elles-mêmes, elles nous enchantent jusqu’à la reprise du groupe complet pour une finale grandiose. Avec « Like a Thousand Dawns », ce sont les accents jazz et jazz-fusion du groupe qui s’ajoutent au son du groupe. TODD et REINGOLD se payent la traite. Les synthétiseurs de LUNDIN lorgnent aussi de ce côté par moment. La présence du saxophone d’un des trois invités, OLOF ÅSLUND, enrichit la proposition. Mais l’ampleur symphonique et les émotions du chant ne sont pas occultées pour autant.
L’apport du violon de Mme ELIN RUBINSZTEIN dans « Revelationview », et pour les trois suivantes aussi, fait de ce morceau un régal. Un départ majestueux, puis une accalmie pour permettre au chant de s’installer. Après deux minutes trente, lorsque on entend vibrer les cordes du divin instrument, on passe dans une autre dimension. Le violon donne le ton et, à sa façon, contrôle le tempo. Mais ce n’est pas tout, deux minutes plus tard, c’est au tour de FREDRIK LINDQVIST d’ajouter la flute au son d’ensemble. Le retour des voix à l’unisson provoque un frisson. La finale nous fait vivre des moments de brillance de guitare et toujours cette basse qui continue sans relâche… ouf ! C’est un sixième album consécutif ou Dame Rubinsztein pare les compositions de M. LUNDIN avec son talent. Le début et la fin de « Chased by Wolves and Burned by the Sun » ramènent les touches jazzées pour un morceau qui fleure bon YES, où LUNDSTRÖM, l’espace de quelques instants, m’a rappelé FREDDY MERCURY, et où les doigts de NILSSON et REINGOLD continuent de nous impressionner.
« Spiderweb Train », dont il a été question plus tôt, est un autre pur délice. Ce morceau à lui seul demande toute votre attention. C’est du KAIPA pur jus ! Une fois de plus, nous pouvons nous réjouir des performances plus que notables de tous les musiciens, y compris des invités, notamment la flute de FREDRIK LINDQVIST. Le plus long morceau de l’album est un ravissement et la seule écoute des claviers pourrait être une récompense mais PER NILSSON y est aussi renversant. Lorsque « Songs in our Hands » commence, cela fait une heure que nous écoutons « Sommargryningsljus ». Ne vous laissez pas intimider par cette généreuse durée. Après tout, nous avons entre les oreilles l’équivalent d’un vinyle double. Il m’arrive moi aussi d’éprouver une forme de lassitude sur de longs albums. Cependant, une écoute attentive et concentrée du quinzième album de KAIPA ne peut qu’éveiller votre intérêt et votre plaisir. Soyez-en persuadé ! De plus, la pièce est digne d’intérêt. Les échanges LUNDIN et NILSSON sont savoureux. Le chant de LUNDSTRÖM est particulièrement émouvant et les harmonies vocales continuent de séduire. Un morceau porteur d’espoir et de renouveau, sous le signe de la puissance des rêves et de la musique. ‘‘Sous un ciel bleu. Nous portons nos rêves. Et nous portons toute notre beauté. Au plus profond de notre être.’’ L’album se termine à l’aube avec une courte pièce titre chantée en suédois, à l’instar de la première qui était le crépuscule. Le chant d’ALEENA GIBSON et la guitare émotive de NILSSON saluent le lever du soleil.
Que vous savouriez cet album en entier ou par petites doses, plus vous lui accorderez de temps et d’attention, plus grande sera votre récompense. KAIPA nous offre une œuvre de prog symphonique de rêve, à nous d’en profiter.
PISTES / TRACKS
- 1. Sommarskymningsljus (1:30)
2. Seven Birds (9:50)
3. Like Thousand Dawns (11:08)
4. Revelationview (9:28)
5. Chased by Wolves and Burned by the Sun (10:17)
6. Spiderweb Train (15:29)
7. Songs In Our Hands (13:00)
8. Sommargryningsljus (3:58)
musiciens / musicians
- Hans Lundin / Keyboards, vocals
- Patrik Lundström / Vocals
- Aleena Gibson / Vocals
- Jonas Reingold / Bass
- Per Nilsson / Electric & acoustic guitars
- Darby Todd / Drums
With:
- Elin Rubinsztein / Violin (4,5,6,7)
- Fredrik Lindqvist / Recorders & whistles (4,6)
- Olof Åslund / Saxophone (3,6)