Une des choses dont j’apprécie le plus dans le fait de vieillir est le fait de voir renaitre des artistes/groupes Prog dont j’ai toujours aimé et dont j’espérais voir/revoir un jour. L’intérêt pour ces artistes demeure ainsi actuel et leur musique continue de faire produire de la dopamine en nous pour notre plus grand bonheur. Nous sommes extrêmement chanceux de voir ce phénomène assez fréquemment dans la musique que l’on chérit. De plus, ces ‘renaissances’ sont des réussites dans une bonne majorité des cas, apportant du nouveau matériel et ne se contentant pas d’être des groupes jouant leurs meilleurs succès en tournée comme dans beaucoup d’autres catégories de musique.

Le groupe dont je fais la chronique du nouvel album aujourd’hui fait partie des réussites. Les québécois KAOS MOON (le chanteur/multi-instrumentiste Bernard OUELLETTE étant le seul ‘survivant’ des moutures d’avant) reviennent nous offrir un petit bijou d’album où tout est là afin qu’ils puissent reprendre là où leur premier album “After The Storm” nous a laissé en 1994. Il s’est donc écoulé dix (10) ans entre le premier album et le second (“Circle of Madness”, 2004) et ensuite vingt (20) ans de plus avant la parution de leur troisième bébé. De six (6) musiciens sur le premier album et pas moins de quatorze (14!) musiciens différents sur le second, KAOS MOON est maintenant un trio pour ce dernier. Bernard OUELLETTE est maintenant accompagné d‘Éric BONETTE à la guitare et d’Éric PORTELANCE à la basse. Accompagné de 3 musiciens invités.

On entre dans cet album de huit pièces avec “Love Transfusion”, une chanson Rétro-Prog qui a parfois des airs des écossais PALLAS (du temps de l’album “The Sentinel”, 1984), SAGA, ou des anglais IQ, parfois même d’ARENA. Le ton est donné pour le reste de l’album. La voix de OUELLETTE est toujours aussi claire et j’ai même parfois l’impression d’entendre le chanteur du groupe MYSTERY Jean PAGEAU à sa place! Le son ‘vieil orgue’ est encore présent un peu partout à-travers les pièces mais n’est pas redondant ou utilisé à outrance, cédant parfois sa place aux claviers afin d’avoir un son plus moderne, plus équilibré. La guitare d’Éric BONETTE vise juste, que ce soit lors des soli ou lorsqu’il joue de la guitare sèche (“Noisy Shoes”, “Miles Away”). La version ‘pimpée’ de la légende de la chasse-galerie (“Loggers Tale”) est autant surprenante qu’enlevante (sans faire de jeu de mots ici…). Quelques autres pièces me font tout de suite penser à certaines chansons du groupe MYSTERY (“Fly”), parfois croisée avec du RED SAND (“The King of Dead Men Living”) ou plus vers les groupe britanniques JADIS ou le vieux ARENA (“The Hatching”). La pièce de résistance est la pièce-titre. Avec un petit côté musical venant du Moyen-Orient qui s’amalgame avec un riff Rock, il y a parfois un léger sentiment d’abandon, de résilience ou de révolte dans cette pièce. Les 10:54 de la pièce passent en coup de vent.

C’est un retour réussi pour KAOS MOON. Ceux qui ont apprécié les albums précédents vont assurément aimer cet album. Ceux qui n’ont pas encore découvert ce groupe ont maintenant trois bons albums pour le faire. Tendez l’oreille!