KYROS était SYNAESTHESIA avant, mélangeant le son d’IQ, ARENA, PORCUPINE TREE avec de l’alternatif et des synthés pour une expérimentation musicale inédite. Un son devenant prog new wave, synth prog comme j’aime à le nommer. La descendance spirituelle d’un SIMPLE MINDS, OMD, DURAN DURAN, MUSE, Steve WILSON et PURE REASON REVOLUTION. Un son progressiste moderne pour ce 4e opus accrocheur, expérimental, fusion de genres comme l’a fait RIVERSIDE l’an dernier. Comme quoi il y a du bon dans les 80’s pour présenter ce rock prog frais et inventif.

« Taste the Day » entame acoustique, base comptine innocente avec synthé bourdonnant en arrière, mise en bouche avant l’enchaînement « Showtime » lançant un son synth-pop-rock énergique; DURAN DURAN, trompette funky en arrière, cinématique d’un jeu de console vidéo, le tout sur un instrumental mélodique tournoyant qui met le feu. « Illusions Inside » pour le premier titre et du son hard synth-rock puissant; la chanteuse Dominique Gilbert donne le charme vocal avec Shelby sur cette structure musicale; le son new wave des 80 agrémenté d’un groove puissant, le synthé réverbérant rappelant les SIMPLE MINDS, le riff des NINE INCH NAILS, PRODIGY. « Esoterica » enchaîne, le plus de l’album c’est bien le concept; un son flashy sur ‘The Invisible Man’de QUEEN, l’air part sur une ambiance lascive de boite de nuit où les corps dodelinent; un relent des PURE REASON REVOLUTION, un morceau vitaminé avec des vocaux bien arrangés, un bijou fou à danser sans modération; la touche de saxo aérien de Canyo saisissante, de l’électronic-rock-pop-prog du futur qui ne s’embête pas avec les marqueurs prog vintage. Le riff funk est à ravir et le final progressiste à souhait. « The End in Mind » change de ton avec un air léger montant sur des tambours de façon frénétique; de l’énergie, un riff heavy, un break éclaté avec synthés bass, folie burlesque un moment et mélodie prenante ensuite; à la limite d’un djent disco symphonique au groove envahissant; autre break ambiant sur un DREAM THEATER synthétique où Jordan aurait pris la place de John. Retour après ce moment déjanté sur l’air surfant des MUSE, pour tenter d’expliquer que la création est importante.

« Digital Fear » enchaîne, ah ce plaisir des titres collés; l’instrumental à la John Carpenter, un moment héroic-fantasy spatial au son digital, sur la cinématographie de ‘Blade Runner’, lorgnant de fait sur VANGELIS jusqu’à la voix NASA finale. « Ghosts of You » mais que vient faire PRINCE ici? Un air funky pop fruité, un relent des EARTH, WIND & FIRE, Phil COLLINS pour le morceau dansant, déroutant, ne vont-ils pas trop loin? Le break part sur du Michael JACKSON avec le solo d’Eddie, son des 90, diversifié jusqu’au bout comme quoi il faut toujours écouter. Enchaînement avec « Liminal Space » bluffant dès le départ avec son titre indiquant un espace de transition incertain; titre-bijou poussant le progueux et lui administrant le son nouveau en plein visage; une trompette aérienne, des cuivres, où va t – on, mais dans le prog synth d’aujourd’hui éblouissant; relent des SIMPLE MINDS, MUSE pour une alchimie musicale envoûtante; le titre radio edit qui déblaie nos idées préconçues sur ce qu’est le prog actuel. « Technology Killed the Kids IV » intro robotique, vocal frais; le titre faisant le lien sur chaque album emmène l’auditeur sur la terre incontrôlée du prog; un refrain tonitruant, des synthés mélodiques, une batterie éclairée, un morceau tournoyant, inventif et immensément progressif; le riff à la TOWNSEND avec le mur musical; le break latent heavy doom, une note nipponne, du métal prog surboosté, extrême, sans ennui; le final, ce son haché, rappel des bandes K7 coincées et perdant leur âme, un délice. « Have Hope » intro salle de concert de synthés! Une mélodie qui dérape avec l’incursion d’un son heavy extrême; la dichotomie est flagrante et joue sur la fusion des genres entre rythmique complexe et explosions diverses, soli ravageurs et orchestration intense. Un chaos musical orgasmique. « Esoterica » en radio edit pour le plaisir de danser sur du prog, où les sonorités me font penser à du YES surboosté des 80.

KYROS joue du rock prog synth-pop maximaliste, louvoyant entre ELP au départ, YES, RUSH, FROST*, HAKEN, VOYAGER récemment et les groupes new-wave tels DURAN DURAN, INXS, SIMPLE MINDS, DEPECHE MODE et PRODIGY. Un son inimitable, un pur délice, le prog d’aujourd’hui complexe, décomplexé et survitaminé avec des relents de Devin TOWNSEND pour la furie, d’autres des FRANKIE GOES s’ils avaient continué, d’autres encore sur l’alternatif synthétique. Dansant et mêlant le progressif à toutes les sauces, pop 80, batterie hard 90, swinguant, euphorisant, amalgamant le meilleur de ces dernières décennies dans des couches sonores mystérieuses, majestueuses, intenses.