LEPROUS est le groupe majeur de métal progressif fondé en 2001, connu en 2011 sur leur période extrême. Des musiciens jeunes ayant joué auparavant pour EMPEROR et IHSAHN excusez du peu; leur son va évoluer avec l’atout de la voix d’Einar, claire puis hurlée, pas growl; une musique complexe, hypnotique, savante, basée sur des crescendos enivrants, des coupures franches à tessitures djent, des envolées fortes, des climats oppressants et progressivement hallucinants. Ils se disent influencés par OPETH, DREAM THEATER, IHSAHN et CYNIC avant tout. C’est leur 9e album qui serait direct, plus violent.

« Silently Walking Alone » commence, c’est du LEPROUS; quoique le côté électronique explose en plus; des cisaillements djent leprousiens, la voix expressive. « Atonement » enfonce l’approche électro et laisse Einar modérer l’énergie avec le refrain typé; la violence se joue sur des couplets pop-new-dark wave, un délire sur ses voix intérieures qui le font divaguer. « My Specter » avec ce bruit de hibou, un spectre de la nuit; un air contemplatif avec Einar jonglant les mots; le refrain explosif, prenant, dantesque, à part. « I Hear the Sirens » pour le morceau somptueux sur un crescendo langoureux; le son tendu très émotionnel, bluffant; du métal prog à l’état brut avec une voix comme catalyseur et le clavier lancinant. « Like a Sunken Ship » revient au rock-pop alambiqué du dernier album; il faut le refrain cataclysmique, le riff groovy et sa voix growly pour mesurer la puissance du titre, mention encore excellente pour le vocal.

« Limbo » se veut rock commercial avec un swing entraînant, un synthé monolithique et la guitare nerveuse qui accompagne la batterie dynamite; le final avec la montée amène grandiloquence et rappelle aux belles heures léprousiennes. « Faceless » en mode bis repetita avec un couplet triste et le refrain énergique; la voix suave d’Einar légère et enfin un solo digne de ce nom, sombre, vibrant. Le refrain entêtant et dépouillé, l’air hypnotique, entre ballade et tourment musical. La finale est grandiose, explosive, démonstrative, à écouter religieusement en concert. « Starlight » avec une lente montée, un solo qui marque durant le crescendo; un rare break latent pour se poser un tantinet avant de reprendre le chemin métal prog brutal secondé de sa voix symphonique, théâtrale. Le second solo de guitare sort de la torpeur relative avec une fin éthérée. « Self-Satisfied Lullaby » a capella religieux secondé du clavier velouté; un air synth-pop subtile, syncopé, latent avec des sonorités étranges à la limite du tribal accompagnant la voix unique d’Einar. Voix rêvant, s’insérant dans notre esprit, nos oreilles, notre inconscient; un battement comme break avant le retour du synthé et de la voix haute, sur du LEPROUS dépouillé. « Unfree My Soul » pour le final, morceau ode solennel avec un pad batterie prégnant sur la voix douce, langoureuse, enivrante, comme son père qu’il a accompagné jusqu’au bout. Une façon de libérer son âme, l’expiation étant la seule voie thérapeutique; un titre émotionnel intense. A noter « Claustrophobic » en bonus sur CD.

LEPROUS avait fort à faire après leur fameux ‘Aphelion’. Les moments orchestraux ont disparu comme le cello et laissent le clavier électro comme seule alternative aux soli guitare et à la base rythmique explosive. C’est direct, lourd, sans fioritures; c’est dépouillé j’insiste et plus versé sur les explosions des instruments et vocaux impressionnants. Un opus qui les remet dans le rang du métal prog brut manquant de déclinaisons progressistes et laissant les climats clair-obscur paraître en priorité. Un opus qui marque une fracture avec leurs dérives jouissives progressives d’avant, à considérer comme un testament mis à nu; à suivre car légère déception ici.