En plus d’être le sosie du Ryan de la série « The Office -US », Marco MACHERA, traducteur de profession, est surtout un jeune musicien, producteur, chanteur, auteur compositeur qui brille et qui a su se créer un réseau d’amis intéressants en s’associant les services, sur quelques morceaux de son nouvel album, de Steve JANSEN de JAPAN aux claviers, de Tony LEVIN à la basse et de Pat MASTELOTTO aux percussions, les deux derniers étant connus pour leur participation au sein de KING CRIMSON et de STICK MEN. Globalement, on y retrouve une vingtaine d’artistes, une foule, au sein des neufs morceaux proposés.

L’album "Dormiveglia" se veut une réflexion sur l'ingéniosité des artistes, sur la fracture entre l’imagination et la réalité qui donne vie au mystère de la création. Cet opus fut créé lentement mais sûrement au cours des six dernières années, tout en étant enregistré entre 2019 et 2022 dans cinq pays différents. Il s’agit ici de son quatrième album qui fait suite à « One Time, Somewhere » (2012), à « Dime Novels » (2014), et à « Small Music From Broken Windows » (2017), qui furent tous bien accueillis par la critique et par ses pairs.

L’album comprend neuf chansons plutôt courtes, chantées en anglais, la moyenne tournant autour des quatre minutes. Quels en sont les points forts ? La clarinette de la première pièce accompagnée au piano devrait immédiatement vous amadouer. Quelle entrée en matière avec sa recherche sonore créative aux synthés, avec une mélodie axée sur les émotions et d’une grande sensibilité ! Mélancolie, tristesse, noblesse ! MACHERA livre un chant doux, pas très puissant, mais efficace. « Lost + Found » nous offre une super ambiance « cool » avec le saxophone de Frank ULTRA qui vole la vedette, avec en prime un développement sur une délicate trame orientale qui s’installe en parallèle de l’ambiance jazzy vivifiante. Le dernier point marquant est la chanson titre de l’album, la plus progressive à mon avis, avec une ambiance particulière et qui installe un arrangement de cordes classiques de grande classe.

A souligner également, « The Empty Mind » qui prend son temps pour s’envoler et capter l’intérêt de l’auditeur, mais la patience vous gratifiera de belles envolées de trompette offerte par John PORNO, (A coup sûr, cette chronique va se retrouver innocemment dans plusieurs recherches Google!) ouvrant la voie à de subtiles influences moyen orientales, sur fond de cordes classiques très discrètes et de superposition de rythmes différents. On pourra même s’imaginer quelques instants en mode « Kashmir » dans sa finale.

Le disque propose des assemblages de styles musicaux inusités sur l’ensemble des chansons, où l’expérimentation fait force de loi. On peut dire que MACHERA s’est créé un son, un style particulier parfois stimulant, mais parfois endormant, car cela se veut doux et paisible. Disons aussi que le chant monocorde et sans trop d’amplitude pourra contribuer à la mise au neutre de vos ondes cérébrales. Il y a une très grande cohésion sur l’ensemble de ce qui est proposé au niveau sonore, mais l’intérêt que les titres peuvent générer est quant à lui variable. Mais cela pourrait se montrer un album très intéressant pour ceux qui cherche à meubler leur espace sonore en mode « cocooning ». Il y aura juste une très mauvaise note pour « Trains » dont certaines sonorités aiguës ont plus en commun avec mon système d’alarme ! Très intéressant pour son travail sérieux de recherche, je crois que cela pourra plaire aux fans de WILSON et de BLACKFIELD. Titres préférés : « Dearest Fools », « Lost + Found » et « Dormiveglia ». Bonne écoute !