Les genois de MELTING CLOCK nous reviennent cinq ans après le super album "Destinazioni" qui avait fait l'objet d'une chronique sur profilprog.com, déjà sous ma modeste plume. Voici donc en cette fin d'été 2024 son successeur "Altrove" avec le même personnel, la fratrie AMADEI en tête de pont.

La plage inaugurale "Vernice" (9/10) est une déambulation dans les rues de GENES, particulièrement la vieille ville, un véritable labyrinthe, vu par des gens qui n'y résident pas donc avec un regard biaisé sur la réalité quotidienne, le tout remarquablement chanté par Emanuela VEDANA et propulsé par une six cordes enchanteresse et une paire rythmique bien en place et efficace.

"Altrove" (9/10) la pièce titre en deux parties s'avère ni plus ni moins comme une échappatoire au stress et aux soucis de la vie quotidienne, un refuge sur une ile lointaine sans contrainte de temps, les vacances perpétuelles (un petit côté Patrick MCGOOHAN, cinquante ans après) qui comme chacun sait ne dévoilera jamais son numéro un. Comme le suggère Sandro AMADEI, c'est l'horloge à remonter le temps vers l'enfance, l'innocence que tout le monde a connu à un moment ou un autre. "Il Mondo al suo Risveglio" (7/10) le titre qui me plait la moins sur l'album est une réflexion sur la perception de la réalité et la façon dont elle change en permanence à mesure que la conscience évolue (merci à Alessandro BOSCA le bassiste). C'est aussi le lien entre l'enfance, l'adolescence et l’âge adulte de tout un chacun ("plait le moins" ne veut aucunement dire qu'elle est mauvaise loin de là).

A contrario la plage suivante "Citta Spenta" (9/10) est l'une des plus passionnantes du disque, référence à la perte soudaine d'un proche, mêlant rêve et réalité, le premier surpassant la seconde en tous points et à tout instant.."Tramonti di Cenere" nous alerte si besoin est sur le changement climatique en cours sur notre chère planète, vaste chantier pour nos gouvernants (dont certains se fichent éperdument....), un mid tempo énergique, les cavalcades guitaristiques donnent le poids nécessaire à l'urgence de la situation comme le chant puissant d'Emanuela VEDANA (9/10).

La pièce conclusive "Endurance" (9/10) rend hommage à l'un des plus grands hommes du vingtième siècle, Sir Ernest SHACKLETON et son navire pris par les glaces sur la banquise en tentant d'atteindre le POLE SUD, avant de prendre le chemin du retour et d'arriver sains et saufs en GEORGIE DU SUD (on entend le souffle du vent et les pas des hommes dans la glace en introduction) comme EGDON HEATH et son "Killing Silence" en 1991 (pour ne pas nous rajeunir).Un titre musclé, avec là encore des six cordes qui pulsent fort et des vocaux au diapason, chant féminin et masculin ( Sandro AMADEI) pour la seule fois sur l'album mais remarquable dans son agencement et sa conception.

Très belle réussite que cet "Altrove" qui place derechef MELTING CLOCK après deux réalisations parmi les formations transalpines de pointe en matière de musique progressive.