Il aura fallu presque six années pour que le duo féminin écossais MIDAS FALL donne une suite à l'excellent "Evaporate" chroniqué en son temps sur profilprog.com par le non moins excellent Gérald HAWEY ! Un duo qui est devenu trio pour le nouvel album "Cold Waves Divide Us" avec l'inclusion de Michael HAMILTON multi instrumentiste comme les deux filles, il s'agit par ailleurs du cinquième disque de MIDAS FALL.

Résumer et caser MIDAS FALL quelque part est relativement compliqué, leur musique est un mélange de rock alternatif, de rock progressif et de post rock, je les classerai personnellement dans le rock climatique en cela qu'il y a des passages calmes et d'autres à l'opposé très rock, très énergiques, le morceau titre est à cet effet bien représentatif de ce que je viens d'écrire. Il est parfois dit que la voix est un instrument à part entière, c'est exactement ce qui se passe ici avec les vocaux d'Elizabeth HEATON. Le chant au féminin étant un élément dont il faut tenir compte dans l'originalité de leur musique.

La plage inaugurale "In the Morning We’ll Be Someone Else" débute au piano avec douceur avant que les guitares n'apparaissent tendues et nerveuses, ça déménage c'est le moins que nous puissions en dire, un petit côté Siouxsie bien présent sur les vocaux élégiaques d'Elizabeth HEATON (9/10). "I Am Wrong" démarre sur des tambours tribaux, la rythmique prenant ici le pas sur les autres instruments, c'est presque du métal post rock, là encore ça nettoie efficacement les tympans (8/10). Le troisième titre "Salt" est plus calme au début (heureusement d'une certaine façon), cette fois c'est de l'ambient post rock wave, une ambiance tendue encore une fois (8/10) du ECHO AND THE BUNNYMEN à la sauce MIDAS FALL ! "In This Avalanche" piano délicat en ouverture, voix diaphane d'Elizabeth, des cordes superbes, profondes et cotonneuses en même temps, le premier titre doux de l'album (8/10). Changement de registre avec "Point of Diminishing Return", tourbillon électronique puissant, réminiscent d'un Thomas DOLBY voire d'un Gary NUMAN et de son armée du métropolitain, le tout en mode survitaminé, ma pièce favorite sur l'ensemble du disque (10/10).

"Monsters" qui s'en vient ensuite, est la seconde plage calme, magnifique voix haut perchée, beaucoup de cordes ici encore, du post rock mélodique de grande classe qui s'accélère au fur et à mesure, un croisement entre THE CURE et ECHO AND THE BUNNYMEN (déjà cité), la fine fleur de la new wave britannique des années quatre-vingt avec le son de 2024 (9/10). "Atrophy" est probablement le plus ‘’ionesque’’ des morceaux, là où le phrasé vocal d'Elizabeth HEATON rejoint celui de Joanna HOGG, agréable mais l'un des moins passionnants du disque à mon gout (7/10). La pièce titre qui suit, la plus longue de l'album, proche de six minutes, s'engage dans le même canal, des vocaux éthérés dans une brume rêveuse qui s'envolent bien au-delà à partir de 1:24, évanescents sans jeu de mots, les trilles de six cordes, principalement de Rowan BURN, éclatent, éclaboussent même sur un mid tempo parsemé de cordes (encore elles) et des percussions d'une réelle inventivité, la seconde perle de l'œuvre (10/10).

Les deux derniers titres "Little Wooden Boxes" tout d'abord, un chant posé, doucereux, avant la montée en tension de la guitare à partir de 1:11 avec des vocaux qui s'élèvent plus haut, des claquements de mains percussifs, un mid tempo climatique, un peu comme l'ensemble de l'album, qui s'énergise à 3:40 pour se clore avec des guitares surpuissantes, un mur de sons (8/10).Enfin le petit dernier "Mute" excellent dans le genre post rock mélodique, trop court selon moi, l'auditeur n'est jamais content (!), les synthétiseurs débridés et les percussions démoniaques en font des tonnes pour le bonheur de nos oreilles (8/10).

MIDAS FALL, une révélation pour moi, il n'est jamais trop tard pour se rattraper, je vais néanmoins jeter une oreille attentive à leurs productions précédentes.