C’est une chose de savoir qu’un événement va se produire ou qu’un artiste offrira du nouveau matériel. On savoure l’attente avec plaisir et anticipation. Mais c’est une autre chose si le résultat déçoit, alors la déception n’en n’est que plus grande. J’avais terminé la chronique du précédent NEAL MORSE, « The Dreamer – Joseph: Part One », en soulignant le bonheur de savoir que nous pourrions commencer l’année 2024 du bon pied avec la suite. Est-ce que « The Restoration - Joseph: Part Two » réponds aux attentes ?

Les amateurs de ce musicien d’exception savent que M. MORSE campe souvent le décor musical d’un nouvel album avec une ouverture. Or, dans le cas présent, ce n’est pas le cas avec « Cosmic Mess ». Il faut dire qu’il s’agit d’une suite de l’histoire et de l’album précédent. De toute façon, il se reprend un peu plus tard avec « Ouverture Reprise » qui, comme son nom l’indique, reprend le thème musical de l’ouverture de l’histoire narrée sur ces deux albums parus à quelques mois d’intervalle. On saute donc immédiatement au cœur de l’action avec un morceau typique de la musique qu’on aime entendre de cet artiste. C’est intense et progressif à souhait. Lorsque « My Dream » débute, l’enthousiasme monte encore d’un cran. C’est pourtant une courte pièce mais elle débute avec la force des voix combinées des chanteurs de l’histoire. C’est accrocheur au possible avec des interventions de guitare bottleneck du meilleur effet. Ces chants à l’unisson, utilisés à quelques reprises, constituent une des forces des deux albums. Mon sourire reste ainsi accroché d’une oreille à l’autre pour plus d’une heure.

J’attire votre attention sure « All Hail » qui est superbe et grandiose. Un morceau très symphonique dans sa teneur avec des interventions au synthétiseur du plus bel effet. Les chœurs sont angéliques. C’est normal me direz-vous avec l’orientation religieuse de notre homme et puis, c’est quand même l’histoire de Joseph. « The Argument » n’offre pas de répit. Ici encore, un morceau court qui débute sur un tempo rapide pour déboucher sur un échange vocal à la GENTLE GIANT entre les protagonistes. La technique sera utilisée de nouveau sur « Big Ben » et ce, pour notre grand plaisir. Il faut dire qu’avec des chanteurs comme TED LEONARD, ROSS JENNINGS, NICK D’VIRGILIO ou JAKE LIVGREN, pour ne donner que ces exemples, il ne peut y avoir d’arguments sur la qualité. Pas le temps de souffler avec « Make Like a Breeze » qui offre un bon rock inspiration DEEP PURPLE ou KANSAS où la guitare, l’orgue et la rythmique sont à point. Le mot rock est décliné un peu plus hard sur « I Hate my Brothers ». On y retrouve un court solo de saxophone et une touche de talk box ou de vocoder pour assaisonner le menu de notes. Je mentionne le saxophone mais il serait injuste d’omettre la présence d’une section de cuivre, CHRIS WEST, JOSH SCALF et TYLER JAEGER, qui donne du corps et de la puissance à la musique sur la moitié des seize morceaux. Pour étoffer encore plus ce « The Restoration - Joseph: Part Two », on peut entendre un quatuor à cordes sur plus de la moitié de l’opus. J’ajoute que sept personnes constituent un chœur en plus des chanteurs qui incarnent les personnages. Vous comprendrez l’ampleur et la puissance que cet album peut atteindre. Cette fois encore, les musiciens qui entourent NEAL MORSE viennent de divers horizons et seuls ERIC GILETTE à la batterie, pour quelques morceaux, et BILL HUBAEUR pour un solo de clavier sur « Everlasting » sont issus du NEAL MORSE BAND.

Sans dresser un inventaire complet, je vous parle de quelques autres morceaux. Ainsi, sur « The Brothers Repent Joseph Revealed », on retrouve une certaine familiarité musicale avec des moments de « The Light » de SPOCK’S BEARD. À vous d’écouter et de reconnaître ! Mais ce sont les cordes, les cuivres et le chant plein de ferveur de MORSE qui mettent le morceau en valeur. Les deux dernières pièces ferment la saga de Joseph en force et en beauté. La guitare d’ALAN MORSE, les claviers de HUBAEUR et les cuivres sur « Everlasting » poussent le plaisir d’écoute un cran ou deux plus loin. Puis via les cordes et un apaisement, on enchaîne sur « Dawning of a New Day (God Uses Everything for Good) ». Une fin belle et grandiose comme il sied pour une conclusion à ces deux albums. Pensez à « A Love that Never Dies » ou « Broken Sky / Long Day (Reprise) ». Cet album est pour moi un véritable coup de cœur. Pour avoir échanger avec quelques amateurs, je ne suis pas le seul à penser ainsi. NEAL MORSE livre, une fois de plus, un album de haut niveau bourré de mélodies imparables et de moments musicaux mémorables. Un tour de force à la hauteur de sa foi qui lui permet de se surpasser et de venir nous toucher doit au cœur.