ODDLEAF groupe fondé en 2020 sortant de nulle part, vu le nom sur un concert en région lyonnaise. Une pochette du temps, des sonorités sur YES, GENESIS, KING CRIMSON, CAMEL voire RENAISSANCE pour les plus âgés, WOBBLER et MOSTLY AUTUMN pour les plus jeunes. Carina et Mathieu ancrés dans la musique médiévale tentent le coup de poker en proposant un rock progressif symphonique nostalgique, mystique, avec moults flûtes, Hammond et mellotron. Surfant directement sur IONA et WHITE WILLOW dont Jacob a masterisé l’opus ils nous lancent dans le grand bain sur des textes du temps, écolo et humanistes.

« The Eternal Tree » intro latente piano-synthé-mellotron, montée solennelle, atmosphérique, ça annonce du lourd; un peu de médiéval comme au temps d’antan où l’intro t’amenait à l’espace musical, une flute au loin. A te faire frissonner et arrêter ton oreille dessus pour du sang prog cinématique amenant « Life » avec l’orgue et le vocal envahissant, un peu d’AMBEON pour info, voix suave enfantine pour une harmonie crémeuse. Adeline jongle entre douceur et énergie, se faufilant sur l’orgue gras, velouté, celui du temps où l’on prenait le temps, sur celui de Francis DECAMPS des 70, sur le fameux Charly OLEG qui montrera que le Hammond peut être joué à la TV à une heure de grande écoute. La déclinaison claviers part sur un amalgame enchanteur haut en couleurs musicales, la flûte digne d’un épisode elfique du Seigneur des Anneaux tempérant le climat et l’amenant avec ce gazouillis sur un espace classique. Tout est bien emboîté pour passer du tendre à l’émotion, de l’énergie à la sensualité, mais ce clavier fait réfléchir sur ce premier opus d’un groupe venu de nulle part. « Ethereal Melodies » suit, flûte, mélodie d’antan, l’air néo-classico-moyen-âgeux se faisant sentir; Adeline fait vibrer l’air, le clavier toujours bucolique et vintage, la montée sur une tendance folk grisante à touches symphoniques. Une voix en avant qui ose le chant clair en anglais lançant un solo guitare vraiment bien foutue d’Olivier, haut, fruité, aérien, progressif; bref pour l’instant c’est du lourd.

« Back in Time » attaque le plus long titre, posé, une déclinaison atmo-médiévale sur la voix ensorcelante des CORRS, la flûte tullienne et l’orgue analogique pour le moment régression. AGUSA est le groupe qui me vient en tête; break piano uptempo pour mettre le feu, mais ça ne prend pas là, c’est trop doux, trop folk, trop prévisible. L’air médiéval reprend heureusement le dessus, les synthés lorgnent sur ceux des MINIMUM VITAL; la flûte féerique avec ce sentiment partagé du long titre et la montée finale des claviers de Carina. La flûte des JETHRO TULL renvoie à la folie progressiste, vintage et logique avec un dernier solo funky enivrant. A noter la voix-off de Dan CURTIS, bref un peu de flûte bien, trop de flûte tue la flûte. « Prelude » comme son nom l’indique, mouettes rieuses, vaguelettes et clavier magique, très belle ambiance frissonnante amenant « Coexistence - Part I » pour la baffe; au départ ça sent jazz, mais vraiment un trait, ensuite on embarque sur une symphonie progressive où le Hammond me rappelle celui joué par ANIMA MUNDI, sur leur ‘Insomnia’, bref 4 minutes grandiloquentes. Le break flûte reprend le côté soporifique, le piano enfonce le clou, le synthé saxo à la sauce KING CRIMSON balaie cette sensation d’un revers musical, l’orgue digne d’un GENESIS des 80 puis digne d’un ODDLEAF avec une technicienne affublée en la personne de Carina. La montée finale entre les envolées synthé et la guitare limite heavy soft qui amplifie le son moderne de ce morceau final avec la cinématique mégaptère jouissive. « Ethereal Melodies (Clip Edit) » comme bonus presque inutile sauf d’ajouter que le solo guitare m’a fait penser un instant à celui des EAGLES sur leur tube planétaire, un signe?

ODDLEAF groupe qui ose proposer du rock prog des 70; des mélodies attractives, du clavier frais et envoûtant, une voix flirtant d’avec les grands noms des groupes à voix féminine, l’aspect médiéval retravaillé pour sentir le moderne musicalement. De YES à WOBBLER, du champêtre au grandiloquent avec du Mellotron en toile de fond, c’est réellement l’un des rêves de nombreux progueux voulant rester dans l’esprit d’antan, celui des ménestrels et autres troubadours. Pour un premier jet, c’est juste une excellente surprise. Des réminiscences et du moderne vintage qui fait rêver.