Bonne nouvelle pour notre univers musical ! Depuis la relance relativement inattendue de PURE REASON REVOLUTION au début de la décennie, le groupe est devenu un membre actif et productif de la scène progressive : Leur sixième album, « Coming up to Consciousness », paraît seulement deux ans après l’excellent « Above Cirrus ». Mieux encore, c’est leur troisième en quatre ans et, qui plus est, ils donnent des spectacles.

Le groupe formé en 2003 par JOHN COURTNEY et CHLOE ALPER a d’abord fermé les livres en 2011 après avoir offert l’excellent premier album, « The Dark Third », suivi de « Amor Vincit Omnia » et « Hammer and Anvil » aux saveurs plus électroniques. Au printemps 2020, nos deux compères raniment le groupe et plaisent de nouveau à la communauté progressive avec « Eupnea ». Par la suite, le retour du guitariste et chanteur original, GREG JONG, souligne la sortie de « Above Cirrus ». On le retrouve donc sur le nouvel album ainsi que le batteur qui était de la formation en spectacle en 2022, RAVI KESAVARAM. Le changement que plusieurs remarqueront est l’absence de CHLOE ALPER. Celle-ci n’avait pu se joindre aux spectacles qui présentaient « Above Cirrus ». En effet, elle était alors en tournée avec le groupe indie JAMES. Dans un contexte où ses occupations l’empêchent encore de tourner avec PURE REASON REVOLUTION, les deux compères, encore bons amis, ont convenu que les vocaux féminins seraient l’œuvre de sa remplaçante, ANNICKE SHIREEN. Comme l’a précisé JOHN COURTNEY, la porte n’est pas fermée et qui sait ce que nous réserve l’avenir. L’autre chose à remarquer, ce sont les invités. Il y a BRUCE SOORD qui a mixé l’album et joue de la guitare ainsi que JOHN SYKES à la basse pour un morceau. Tous deux sont membres de THE PINNEAPLE THIEF. Mais il y a aussi, et peut-être surtout, GUY PRATT. Les amateurs qui connaissent l’univers de PINK FLOYD sont très familiers avec ce nom et JOHN COURTNEY est un de ces amateurs. Le son du groupe est d’ailleurs un peu redevable à cet amour. L’enthousiasme du leader de PURE REASON REVOLUTION était tel à l’écoute des lignes de basse proposées par GUY PRATT sur les premières pièces que cela lui a inspiré de nouvelles musiques pour l’album.

La musique de « Coming up to Consciousness » est ce savoureux amalgame d’un rock résolument moderne assaisonné de space rock, d’harmonies vocales savamment travaillées, de pépites pop, de structures quelquefois complexes et souvent pimenté de riffs de guitare costauds. Cependant, celles et ceux qui avaient particulièrement appréciés les portions musclées des deux précédentes propositions discographiques devront modérer leurs attentes. En effet, les guitares sont un peu plus tenues en laisse cette fois. Ce qui n’’empêche en rien l’intensité dans la musique. Mais celle-ci ressemble un peu plus à celle du premier album. JOHN COURTNEY a d’ailleurs fait remarquer que l’album est un peu un pas en arrière mais que le prochain serait peut-être plus résolument rock de bout en bout. Les guitares ne sont pas absentes pour autant, écoutez « Bend the Earth » ou « Useless Animal », entre autres, pour vous en convaincre.

L’écriture de JOHN COURTNEY parle souvent des relations entre les humains qui peuvent être si tendres/aimants les uns avec les autres et quelques jours ou instants plus tard se déchirer. La musique reflète d’ailleurs très bien ces changements. Les transitions dynamiques de lumière et d'ombre, de douceurs et d’intensité caractérisent les albums du groupe. Cette fois, si la façon de faire est familière, l’inspiration diffère. L’auteur a vécu des expériences qui l’ont profondément marqué et qu’il a transformé en chansons. La perte d’un vieux et fidèle compagnon canin et l’exposition à l’amiante avec la peur d’en mourir qui s’y est greffée. Ce que l’on peut entendre, c’est ce contraste entre des propos sur l’angoisse, la mortalité, la thérapie et le ton de la musique souvent enjoué ou caractérisé par de nombreux moments de douceur et de beauté. Cet opus du groupe reflète l’expérience cathartique du leader et sa collaboration avec GREG JONG et GUY PRATT, notamment.

« Coming up to Consciousness » est un album relativement court, quarante-deux minutes, et qui s’écoute aisément si on fait abstraction des paroles. Il est difficile, voire impossible, de résister à la tentation de peser de nouveau sur play ou de remettre l’aiguille au début de la face a. Sur la version digitale, on retrouve un prélude et cinq interludes qui tissent les liens musicaux entre les huit morceaux principaux. Ces segments font partie intégrante des pièces sur les autres versions. Si les deux plus longs morceaux, « Bend the Earth » et « Lifeless Creature » offrent des moments plus progressifs et permettent un plus important déploiement musical, j’ai été particulièrement touché par « Useless Animal » et « As We Dissapear » dont l’intensité et les moments de beauté se sont incrustés en profondeur dans mes fibres musicales. Avec cette troisième pépite d’or depuis sa reformation, PURE REASON REVOLUTION fait la démonstration de sa pertinence et assume sa place au sein de l’univers progressif.