Le groupe suédois QUANTUM (2016) nous livre un premier LP aux paysages sonores expérimentaux, composé de huit titres intenses qui évoluent en 45 minutes de rock progressif au souffle jazzy dont on reconnait l’influence de MAHAVISHNU ORCHESTRA : il suffirait de se replonger dans « Visions of the Emerald Beyond » pour se sentir ensuite projeté dans un jazz fusion moderne, notamment grâce à « Moths & Leaves ».

Avec cet album, QUANTUM propose une technicité néo-progressive (on souligne évidemment la participation des guitaristes invités, Richard HENSHALL et de Tom MACLEAN, membres d’HAKEN) qui sublime la douce créativité expérimentale (« The Last Stone » nous y plonge à pic, à la manière de DEVIN TOWNSEND). Pourtant, tout au long de « Down The Mountainside » ce qui nous hisse, à plusieurs moments, au point culminant, ce sont bien les sonorités sludgiennes à la MASTODON ou encore au stoner psychédélique, atmosphérique proposé par HAWKWIND.

L’artwork signé ROSARIO nous baigne par ailleurs dans une atmosphère fuzzienne avec ce papillon de nuit, orienté à flanc de montagne et qui donne le ton de l’album. « Down The Mountainside » est un de ces opus qu’il est nécessaire d’écouter plusieurs fois pour appréhender, à la fois la complexité, l’intentionnalité et les subtilités de sa force musicale. Il vous faudra, à l’instar de l’ouïe incroyable du lépidoptère, développer vos sens, pour en apprécier toute la mesure. S’il existe bien une scène stoner en Suède, on pensera à DOZER, ou encore plus anciennement à THE MUSHROOM RIVER BAND, sans nul doute, on peut y incorporer subtilement QUANTUM, tant d’un point de vue de sonorité que le chant proposé par Anton ERICSSON (basse) et de Marcus LUNDBERG (batterie). On frôle agréablement une atmosphère même space rock où les sons épurés invitent à la méditation voire à une contemplation du monde, ce qui est très cohérent avec les textes proposés. Les paroles sont agrémentées d’une alternance entre une voix tantôt acide, tantôt pure, caractéristiques des genres, qui, là aussi offrent une intention précise et servent à l’unité de l’album. « Down The Mountainside » expose ses multiples visages à l’instar de « On The Verge », explicitant sa réalité des masques sociaux, de l’instabilité des sentiments et de l’immaturité qui règne au sein des relations humaines : les paroles témoignent, à mon sens, des influences romantiques de QUANTUM, en sus du mélodique que l’on peut retrouver agréablement sur « The Hivemind & The Cockroach ».

Chaque ligne (basse, guitare, batterie…) possède une place, sa place, dans ce monde musical aux arrangements et à la production efficiente où se mêlent passages ralentis, amplifiés, lourds, à des mélodies jazz-rock, calmes, sophistiquées pour pousser jusqu’à l’explosion hypnotique de sons plus agressifs, plus orientés metal. « Down The Mountainside pt.2 » est l’exemple parfait qui recense l’homogénéité susnommée.

C’est sous ces influences que le groupe nous propose un album cohérent malgré les styles qui oscillent. Nous n’avons jamais l’impression d’une discontinuité dans les différents morceaux proposés. Au contraire, « Down The Moutainside » est une première œuvre funambule, équilibrée, entre jazz fusion, rock progressif et sludge atmosphérique qui promet une descendance technique, innovante et émotionnelle. Ce qui est sûr, c’est que la chaleur de l’instrumentation, fera s’envoler cet opus.

Gravir la montagne intérieure, sur chaque versant de sa personnalité. Une montagne, abrupte, escarpée, jusqu’à arriver au sommet de la connaissance de soi, masques tombés. Voilà, ce que je retiendrai de « Down The Moutainside ».