Rick MILLER (actif depuis les années 80) est un artiste complet : multi instrumentiste, compositeur, chanteur. Il vient nous exposer avec « One Of The Many » des tableaux musicaux qui nous poussent à la contemplation mais aussi à la réflexion.

L’album s’ouvre avec une galerie de sonorités orientales, japonisantes dont la résonance fait penser à une berceuse, cyclique, où le soleil se lève chaque matin, avant de nous projeter vers une musicalité attrayante : la vie, puis angoissante : la mort. Le ‘’spoken-word’’ accentue par ailleurs cet effet et vient proposer un décalage avec la voix ouatée et agréable de Rick MILLER. L’orchestration synth-pop, elle, sonne comme un rappel à ses débuts, si on pense à « Starsong ». « Atrophy » est une introduction digne d’une invitation au voyage, en lieux et temps. Une symbolique du souvenir, qui se délite, se réduit en poudre sablée qui s’écoule. Le temps est une illusion dont on voudrait s’échapper et nous ramène à la temporalité même de notre existence. Cette expressivité dans les paroles est orchestrée par la musique égyptienne qui l’accompagne, les effets de voix et les solos aériens de Barry HAGGARTY à la guitare. Ces variations offrent dès lors une expérience musicale riche qui viennent poser la thématique de l’album.

« One Of The Many » expose avec douceur ses nombreuses influences, distillées dans chaque titre qu’il le compose. Cela permet à Rick MILLER de proposer un album fluide, où il s’engage émotionnellement sans tomber dans la caricature. La particularité du Canadien se lit au travers d’une musique cinématographique qui vient dépeindre une réalité : l’angoisse, sentiment métaphysique, humain. Avec « Time Goes On » on transite vers un piano mélancolique où les guitares électriques/acoustiques viennent, à la fois se superposer, à la fois faire contraste, offrant une dynamique aux paroles faites de figures de style d’opposition qui viennent souligner l’ambivalence humaine. Rick MILLER aborde cette contradiction avec une musicalité harmonieuse où les couches de clavier mélancoliques, les guitares plaintives et les sonorités aériennes viennent illustrer les propos comme une histoire contée, du temps passé.

« The lost years » est le titre qui, dans son approche textuelle, est un clin d’œil à l’amour que porte le chanteur pour THE MOODY BLUES : « For I am your knight in white satin ». Rick MILLER les nomme comme influence ainsi que THE ALAN PARSONS PROJECT et PINK FLOYD que l’on retrouve comme tapisserie de fond sur plusieurs titres. « She Of The Darkness » nous plonge dans une instrumentale ‘’camelienne’’ : on pense à « The Snow Goose » à l’écoute de la flûte de Giulia CACCIAVILLANI et de l’orchestration en miroir, le souffle qui fait virevolter le sable dans des accords éthérés.

Les couches de claviers, de mellotron, de guitares plaintives ou incisives en fonction de l’intention donnée aux paroles, les instruments à corde frottées qui apportent un angle mélancolique font recette. Sans aller jusqu’à détailler chaque titre de l’album, du fait de sa cohérence, c’est aussi ce qui peut lui faire défaut, Rick Miller n’innove pas dans son approche du rock progressif et symphonique mais c’est un album mature, plaisant, aux arrangements sophistiqués qui embrassent des mélodies sensibles et mélancoliques comme on apprécie. Les paroles me semblent parfois incomplexes mais capables de retranscrire les émotions humaines. « One Of The Many » est une porte d’entrée à l’introspection, à la considération de nos vies, de nos choix et de l’intérêt des expériences, une réelle transition des âges où les sonorités hautement 70’s viennent contraster un léger prog’ moderne, offrant un pont musical entre les époques, cohérent. Plus que contemplatif, ce LP se veut méditatif sur le chemin de l’expérience de la vie et des regrets nostalgiques, des souvenirs et, de la vie rêvée, chimérique, en errance. « Another time, another place ».