CHRONIQUE / REVIEW
Roland BÜHLMANN
Figurative
Releases information
Release date:
June 23, 2024
Format:
CD, Digital
Label:
From:
Self-Released
Suisse / Switzerland
Thomas Szirmay - July 2024
9,0
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Comme c'est le cas pour de fanatiques de prog, mes goûts personnels peuvent varier d’une extrême stylistique à un autre, souvent voyageant allègrement vers les quatre points cardinaux, toujours en quête d’une connexion à résonance percutante. Roland est un artiste suisse hyper doué que je suis religieusement, ayant même langoureusement exaucé son précédent magnum opus « Emnaloc » en 2022. Bien que certains trouvent le besoin de catégoriser à outrance la stylistique de chaque musicien, je préfère garder l'accent sur les tempéraments particuliers de chacun d'entre eux autant que possible, en offrant des commentaires sur les influences s’il y a lieu et uniquement comme un éclairage sonore. Pour ceux qui aiment l'exploration instrumentale de Stephan THELEN (FRACTAL, SONAR, etc.), les collaborations SUMMERS-FRIPP et le puissant David TORN, parmi plusieurs autres, Roland offre une prise de réflexion innovante en sélectionnant une optique axée sur le contenu mélodique comme compagnon idéal pour les ambiances feutrées ainsi que la technique impeccablement livrée de son jeu en tant que multi-instrumentiste. Bien fourni avec une variété de guitares, claviers électroniques, et un ensemble divers de percussions, qui peut inclure même des marmites, il est en mesure de tisser une toile de tableaux sonores frétillantes qui ne semblent jamais fléchir dans des perturbations inutilement bruyantes ou puériles, une dévotion aussi précise que ces montres étonnantes qui font la réputation de la Confédération Helvétique.
Étant également un photographe des plus accomplis, cet album offre sept instants de perceptions musicales en utilisant toutes sortes de techniques, allant du contrepoint, de la polyphonie et de la modulation jusqu’à l'exploration d'accords en quatrième et cinquième, des riffs hors normes et de l’improvisation. Sur une introduction sinistrement hurlant, les colonnes percussives volcaniques jaillissent du sol comme une forêt de pierre bien entretenue, les éruptions de guitare vissées fournissant toute la tourmente émotionnelle complémentaire à la sévérité rythmique. La basse lancinante rassemble généreusement l'espace avec des repères bien définis, c'est de la sorcellerie musicale à son meilleur, donnant le ton audacieux dès le début. La chanson-titre épique suggère près d'une douzaine de minutes de scénarios emphatiques intenses mais également contemplatifs, une salade de fruits instrumentale avec des tranches de guitare de pamplemousse savoureux, une basse en fleur de cerisier noir, un orgue orange acidulé et des tambours de prunes exquis. Le symbolisme, l'imagerie et la fantaisie errent parmi les sillons.
Sur ‘’Visions’’, on enclenche avec une interprétation plus surnaturelle d’images, qui frôlent les périphéries de la contemplation spirituelle et de l'abandon d’une âme envers une autorité supérieure, comme si elle était témoin des révélations à Fatima, acceptant avec une certaine ferveur leur message à l'humanité entière. Les colonnes de guitare gratte-ciel contribuent à un sentiment de mouvement culminant, pénétrant des formations de résonnances réfléchies, avec des paramètres foisonnés de rhythmique endiablée. Sur le déploiement de 10 minutes plutôt oblique mais très rationnel de « Camouflaging », un terme pour une technique appliquée par des « personnes autistes à percevoir comme neurotypique », une expérience extrêmement ardue et narcotique qui nécessite de la part de l’auditeur une bonne dose d'endurance, du courage et de la concentration, car la pièce vise un niveau d'examen nettement plus approfondi que bien d’offres plus expérimentales courants. Certains des tons de guitare sont obsessionnels, des phrasés et des riffs hors du commun, pas trop éloignée de la folie Frippienne, comme un tireur d'élite patient et résolu, spectralement dissimulé dans les buissons, immobile.
Comme inspirée par Gobekli Tepe, une spiritualité anatolienne se retrouve exprimée, sous la houlette d’une vrombissante basse monastique sur « Hesychasm », un solo stimulant qui vient d’enjoliver ma journée, un phrasé profondément réfléchi et mystique, infusant une grande variété de notes complémentaires à la guitare électrique initialement voilée. À mi-chemin, des parapets électroniques glissent l'atmosphère vers des méandres plus coriaces, la basse souterraine gardant toujours la tension a peine supportable. Avec la pièce maitresse « Exteroception », l'artiste nous livre une éruption d’extrospection à l’opposé des morceaux intimistes précédents, un rythme de jungle linéaire et concentré qui s'épanouit dans une profusion syncopée, on peut imaginer des machettes affûtées tranchant des arbustes touffus, des lianes tortueuses et des vignes menaçantes. Rien ne semble manifestement cohérent, bien au contraire, Roland exprime un chemin intellectuel menant à une découverte resplendissante, parsemée de notes sophistiquées et des airs lumineux, qui s'accélère à mi-chemin alors que la transition évolue vers une poursuite plus animée. Une magnifique tranche de musique captivante qui permet à l'auditeur d'imaginer ses propres perceptions de ce que chaque note représente, le but avoué de Roland dans sa démarche.
Le final « Onomatopeic » est, comme son nom peut l'indiquer, un phrasé de guitare répétitif qui se superpose sur une variété d'associations emphatiques, loin d'être soporifiques ou ternes, cherchant à ajouter un minimum de conclusion à toute la gamme des perceptions présentées dans chacun des « instantanés » précédents. Une ligne de guitare étonnamment fluide faisant clin d’œil a du vintage Carlos Santana apparaît de nulle part, une idée miroitante au bon moment et à l'endroit des plus opportuns.
Roland est l'un de ces artistes que tous les amateurs de musique exigeants devraient mériter de faire partie intégrante de leur collection progressive. Chaque écoute offrira une perspective particulière, comme celui de canaliser la capacité de perception des images sonores dans n'importe quel mode réceptif que l'on décide de choisir. Ce n'est pas seulement un talent, mais c'est aussi du prog à son meilleur.
PISTES / TRACKS
- 1. Pareidolia (04:28)
2. Figurative (11:38)
3. Visions (06:47)
4. Camouflaging (10:01)
5. Hesychasm (07:07)
6. Exteroception (09:45)
7. Ononmatopeic (05:52)
musiciens / musicians
Roland Bühlmann - Electric and bass guitars, aeon sustainer, Korg MS-20, logic software synthesizer, voice (1, 7), kalimba (2, 6), kinnor (3, 4), bullroarer (3) and various objects as percussion.