Puisqu’il fait partie de plusieurs TOP 15 des amateurs de PROG sur le Web, je me suis intéressé à cet album dont la sortie fût très confidentielle. Malgré ce titre en latin qui signifie « Ils ne savent pas ce qu’ils font », sachez que la formation ROZ VITALIS n’est pas italienne mais bien russe. Un onzième album pour cette formation qui offre cinquante-quatre minutes instrumentales sur la thématique, annoncée par le groupe, des guerres qui pourrissent notre monde et qui dans leurs pas génèrent d’amples violations des droits de l’Homme. Il faut savoir que presque toutes les compositions ont été composées et développées vers la fin de la décade 2010, qu’elles furent déjà publiées en « single » ou exécutées lors de performances « live » mais toutes furent retravaillées et finalisées en studio enfin d’année 2023, se montrant très d’actualité car la source de la folie guerrière humaine ne se tarit pas. La guerre, une thématique qui préoccupe ces musiciens russes car certains d’entre eux sont à l’origine de l’album de COMPASSIONIZER, passé en revue dans nos pages en fin d’année dernière, et qui se trouve à être de surcroît très recommandable également.

Ici, un recueil de compositions un peu disparates mais qui dans l’ensemble présente un son consistant, quoiqu’un peu surprenant pour une œuvre axée sur la guerre, car les œuvres proposées ne sont pas pour la plupart aussi sombres qu’on l’aurait pu le supposer. D’ailleurs, la seule pièce légèrement sombre est « The Man Whose Wings Were Cut Off » qui offre une aura mystérieuse, mais qui reste dynamique malgré tout, avec un solo de guitare plaintif et un passage très solennel.

Autrement, l’ambiance se veut joyeuse, doucereuse, mélancolique, en mode Prog Pop ou subtilement fusion. On notera que les claviers, les cuivres et les bois prennent régulièrement la vedette, ce qui caractérise cet album, par leurs intrications heureuses permettant de jolies envolées entre classique et rock jazzy. La présence du clavecin donne lorsqu’il apparaît une touche médiévale très plaisante. La cristallinité des notes issues du piano, les silences entre les notes, les apparitions soudaines et courtes des cuivres, les différentes couches d’instruments qui se chevauchent, les effets sonores électro qui sifflotent, l’excellence sur les cordes et la fugue frénétique aux percussions, donnent à cet ensemble de morceaux un certain charme, au sein de pièces mélodiques, avec des enchaînements surprenants et complexes. Seul le premier titre m’a laissé de marbre, mais par la suite, l’intérêt s’accroît de morceaux en morceaux. A souligner, les très courts « Fountain », au piano tristounet tout en émotions, « Nocturne » précieux et délicat, et « Se Camminiamo Nella Luce » qui marche dans les pas de l’œuvre d’Agnès OBEL. Et j’aurais pu mentionner la plupart des autres morceaux qui se méritent par des écoutes successives. Très recommandable ! Bonne écoute!