L’année musicale a commencé en force avec un nouveau disque de Slift qui est venu poser la barre haute, très haute, pour les 11 mois de sorties qui devront lui succéder. Totalisant 79 minutes, cette aventure aux confins d’un univers pas si paisible est un véritable tour de force. Le trio toulousain n’en est cependant pas à son premier projet ambitieux. En effet, leur précédent opus, ‘’Ummon’’, était d’une durée toute aussi importante et d’une lourdeur toute aussi imposante. ‘’Ilion’’ s’impose comme une suite à son acclamé prédécesseur; une suite qui n’est pas sans démontrer l’évolution et la maturité du groupe.

Ceux-ci s’éloignent davantage de leurs racines ancrées dans le heavy psych moderne à la (Thee Oh Sees, King Gizzard & the Lizard Wizard) et compagnie pour se rapprocher d’un post-rock/post-métal progressif, s’apparentant parfois au krautrock, que j’estime très similaire à nos compagnons québécois de Yoo Doo Right. C’est un groupe qui va toujours plus loin en explorant les limites encore ‘’insondées’’ de leur génie créatif, pour le plus grand plaisir de nos oreilles.

L’album débute avec la pièce éponyme qui, sans l’ombre d’un répit, nous dévoile l’odyssée épique dans laquelle nous venons de mettre les pieds. Installez-vous confortablement et bouclez votre ceinture, vos sens seront mis à rude épreuve, bien que plusieurs zones de repos aient été installées de manière stratégique tout au long du disque.

On se calme quand même un peu les nerfs après cette première mise en bouche, mais l’entièreté du disque maintient cette cadence inébranlable et cette lourdeur écrasante, même dans ses passages les plus paisibles. ‘’Ilion’’ se concentre davantage sur l’instrumentation et possède moins de passages vocaux, tout comme ‘’Ummon’’. Je serais toutefois très curieux d’entendre un résultat francophone d’un album de Slift.

Similairement à l’exceptionnel ‘’Space Ritual’’ d’Hawkwind, l’album s’écoute comme un tout et c’est peut-être ce qui a rebuté certains amateurs d’Ummon, étant donné qu’il y a moins de pièces qui s’écoutent seules. N’y cherchez pas un album de métal progressif aux solos interminables; ce disque est une ambiance, un état d’esprit, une aventure; une aventure de laquelle on ne revient pas nécessairement indemne, mais ô combien enrichissante.

Bien que l’album s’écoute comme un ensemble inhérent, j’ai tout de même quelques pièces favorites, notamment ‘’Confluence’’, ‘’Weaver’s Weft’’, ‘‘The Words That Have Never Been Heard’’ et la pièce titre, ‘’Ilion’’. Lancez-vous dans cette épopée musicale des plus surprenantes, vous ne le regretterez pas. Bonne écoute!

*Prenez en note que le groupe sera de passage à Montréal pour la première fois le 22 octobre 2024, un rendez-vous à ne pas manquer!