Soyons honnêtes voici une formation que j'avais totalement perdu de vue depuis 2005 et leur très décevant quatrième album de l'époque "Digging for Zeroes" ; j'ai donc zappé les disques de 2013, 2016 et 2020. SONUS UMBRA acte huit en cette fin de premier semestre 2024 nous présente "Whiteout" ni plus ni moins un album de quasiment soixante-dix minutes pour un seul titre découpé en sept sous parties augmenté de trois extras aux places 2,5 et 8 qui s'imbriquent parfaitement dans la méga suite. Luis NASSER le chicagoen mène toujours la barque ou plutôt le grand voilier avec des fidèles musiciens qui viennent d'un peu partout sur la planète, pas de chant sur l'œuvre, uniquement des "spoken words" sur certaines plages pour expliquer ce que sont devenus les ETATS UNIS D'AMERIQUE aujourd'hui, en marge d'un incontestable discours militantisme ("Imperfect Ally").

La gageure est d'avaler un seul titre de pareille longueur en une seule fois ce que je me suis toujours refuser de faire depuis la nuit des temps, la concentration nécessaire est impossible sur une telle durée, j'ai donc écouté l'album sous partie par sous partie ou deux par deux voire trois par trois, le sumotori de la jaquette nous invitant à une certaine méfiance auditive. De même noter les titres comme je le fais régulièrement était dans le cas présent trop ardu, vous ne trouverez donc dans ces lignes que mes préférences mais également quelques coups de griffes.

Luis NASSER, bassiste de formation, soutient la plupart des pièces avec sa quatre cordes et une prise de son très en avant, on est jamais mieux servi que par soi-même ("Whiteout Part 2 Aurumboros" et "Whiteout Part 3 Veterans of the Incel Pixel War" en sont les deux meilleurs exemples), de plus ils se suivent ce qui est parfait pour une analyse musicale, les invités Pete LARAMEE aux guitares et Alan HEARTON à l'orgue Hammond se montrant particulièrement brillants dans les deux sous parties, chacun leur tour. On notera également la très bonne plage inaugurale "Whiteout Part 1" qui installe un réel climat propice à ce qui va suivre, avec la six cordes tranchante de Tim McCASKEY.

La pièce qui m'a donné un bon mal de crane à la décortiquer est la plus longue "Whiteout Part 4 Incognegro" et ses seize minutes, très et même trop patchwork à mon gout avec une intro jazzante (des thèmes que nous retrouverons un peu plus loin) , des tricotages de six cordes à la DIRE STRAITS et aussi celle qui contient le plus de "spoken words" (Averi Lynn BOYD et Mélodie SHAW) bref à écouter une bonne dizaine de fois avant d'en percevoir toutes les qualités, la seconde partie à partir de 9:00 étant plus agréable et plus facile d'écoute que la première avec une guitare basse d'enfer (des relents crimsoniens à la Tony LEVIN) mais aussi la guitare hachoir d'Aaron GELLER en lead et en crunch (je vous laisse regarder sur Internet la définition).

Pour les parties 5, 6 et 7 du morceau titre je vous fais un package de l'ensemble, "Into the Maelstrom" met de nouveau en vedette Aaron GELLER comme dans le morceau précédent, "Antropocene Blues" installe à la proue l'inévitable Mattias OLSSON présent sur nombre de productions progressives depuis un bon quart de siècle, ici aux percussions et au mellotron (les cinquante dernières secondes un nanan sans pareil) et Aaron toujours là, enfin "Epilogue or Requiem" plutôt reposant, avec une guitare lead acoustique toute en retenue knopflerienne, qui précède une explosion de synthétiseurs modèle HAWKWIND toutes époques.

Ouvrez grand tous vos chakras et prenez le temps de découvrir ce disque de SONUS UMBRA, la récompense sera au bout du long chemin.