« Myth » (…consiste à puiser dans un pouvoir qui existe au-delà de nos cinq sens, comblant le fossé entre le subconscient et la logique). Cette déclaration d’intention est celle de SUN Q.
Quèsaco ? Tout simplement le duo formé par Elena TIRON et Ivan SHALIMOV, renforcé, au cas par cas, par divers artistes invités. Ils sont russes, c’est important pour la suite.

Dans cet album vous pouvez entendre, outre les incontournables basse, batterie, guitares (attention: pas moins de 12 différentes d’époques diverses), claviers (voir plus bas) des percussions africaines, du violon, du violoncelle, du nyckelharpa (instruments à cordes, de type vièle, frottées par l’archet, avec clés sur le manche, originaire de Suède), une section de cuivres, des orchestrations et ornementations de très bon goûts et de nombreuses voix pour les chœurs (trois différents ont participés, provenant des USA, d’Ouganda et de Russie). Le choix des sonorités organiques ou vintage joue à plein dans le style qu’ils ont créé. Plusieurs studios ont été visités pour y trouver des synthés soviétiques (ou non dans le cas du Roland Juno 106 et du Farfisa) rares et des instruments à bandes. Mélodiquement imparables, les 9 plages s’inspirent de ce qui s’est fait de mieux durant les années 60 à 80 pour n’en conserver que la quintessence et y apporter leur créativité afin que cet album soit un mix contemporain original et cosmopolite. Ce groupe de la scène alternative mélange les rythmes puissants, les guitares saturées et une voix féminine vaporeuse, électrifiée ou acérée suivant les passages. En effet, leurs compositions ne sont pas linéaires et le côté Stoner-Garage Rock est mâtiné de recherches harmoniques pointues.

Comme souvent, lorsqu’un album est réussi, la première impression est trompeuse. Ce qui pourrait - lors d’une première écoute - être un « garage band » qui se débrouille bien, se révèle ensuite et dévoile une subtilité captivante au fil de la découverte. Il y a quelque chose d’envoûtant, presque d’aphrodisiaque, dans « Myth ». Lorsqu’on y a goûté il est bien difficile de ne pas y revenir.

Elena et Ivan ont tenté de capturer l’essence de leur devise à travers leur proposition musicale. Ce n’est pas pour rien qu’une pièce se nomme « Dyonisus ». Eclectiques et aventureux au possible, ils ont enregistré leur matière en Russie, mais des contraintes logistiques les ont amenés à mixer les morceaux au Royaume-Uni tout en maîtrisant le processus depuis la Turquie et la Moldavie. L’illustration de pochette, elle, a été créée au Brésil. Voilà un bel exemple de mondialisation créative, d’échanges et de brassage culturels, d’aventure musicale et de rencontres enrichissantes.