Voici donc une suite inattendue à l’album « Bestiario » d’Octobre 2016, soit huit ans après le premier Opus, issu d’un travail collectif nommé « THE CIRCLE PROJECT ». Né sous l’impulsion de Ángel G. Lajarín, qui créa la page Facebook « Prog Circle » aux 4000 membres dont plusieurs musiciens, c’est un ensemble d’artistes majoritairement espagnols, membres de formations connues, dont vingt-trois participants sur cet album, qui se sont réunis autour d’un concept de création, qui mélange la littérature, l’art graphique et une musique progressive qui flirte avec le courant folk médiéval suite aux fortes suggestions de Rafael PACHA, très connu par les fans de Prog récent pour son travail en solo, sa participation avec SAMURAI OF PROG et divers projets des membres de cette formation. Quant aux origines des musiciens participants, la liste est trop longue, mais sachez que dans cette odyssée se sont enrôlés des membres de QAMAR, EL TUBO ELASTICO, MOEBIUS, un Italien de MAD CRAYON, et plus encore. Rafael PACHA a la charge de la supervision musicale, de la production et de la direction, ainsi que de la composition et de l'interprétation de divers instruments sur ce nouvel Opus qui offre une heure et quart de voyage et de découverte.

Un voyage pour lequel vous aurez besoin d’une carte, heureusement illustrée sur la pochette qui date de la fin du seizième siècle, soit l’œuvre d’Urbano MONTE qui indiqua sur ce planisphère des zones aux quatre coins du monde où l’on pouvait retrouver des animaux et êtres mythiques dont, entre autres, les treize « bêtes » qui sont représentées par les pièces qui composent l’œuvre et qui nous sont décrites en détails par deux narrateurs. Une plongée au cœur de la cryptozoologie, qui nourrit pendant des siècles les peurs et les phantasmes de populations effrayées par l’inconnu et la crainte de souffrances. Un peu comme nous, aujourd’hui, avec les zombies, les petits hommes verts et les percepteurs d’impôt. Et pour faire encore plus mystérieux, ajoutez-y une bonne dose de titres en latin pour faire d’époque, et un narrateur espagnol qui semble s’exprimer d’un sous-sol caverneux qui résonne d’échos à donner le frisson.

Bon ! Il vous faudra certaines notions d’espagnol pour comprendre les explications données sur les bestioles. Les narrateurs parlent très vite lors de leurs exposés préliminaires de 30 à 40 secondes au début de chaque chanson, mais ils s’expriment clairement, c’est déjà cela, mais on ne peut pas en dire autant pour certains chanteurs où l’on se questionne un certain temps pour savoir si c’est bien de l’anglais. Mais, en cas de panne de compréhension, les paroles sont sur Bandcamp et dans le livret. Cependant après quelques écoutes, on arrive généralement à saisir le sens des descriptions de ce bestiaire unique où s’agitent créatures inquiétantes et entités féeriques, chimères en tous genres, monstres des mers, sorcières, gobelins et lutins, papillon multidimensionnel et scarabées vampires. C’est le zoo ! Chaque description est accompagnée d’une vignette pour bien visualiser l’entité, en tout cas, ce fût le cas sur le lecteur de fichier audio de mon PC, mais elles font également partie de la section graphique du livret.

L’album se compose d’un « intro » et d’un « outro » narrés, de cinq chansons en anglais aux interprètes variés, et de huit morceaux instrumentaux. Un album où les guitares acoustiques et l’instrumentation organique font belles figures. Ceux qui connaissent Rafael PACHA sont aux faits de son amour pour les instruments anciens, insolites et rares. L’inspiration est folk mais les rythmes et styles sont variés et le bonheur vient de ce mélange de doux et de bucolique avec des passes beaucoup plus dynamiques et lourdes. Les musiciens sont excellents ! Ils nous livrent des sections musicales d’intérêt, souvent cinématiques et dont les ambiances sont bien alignées avec les thématiques, où l’on sent bien la tension dramatique, et l’environnement marin quand c’est le cas. Les sections vocales féminines m’ont énormément plus, mais j’ai eu de la difficulté avec la prononciation de certains messieurs mais grosso modo, ils ont tous fait honneur à des textes riches et soigneusement élaborés. Gros plus, la production de PACHA est superbe !

Personnellement, c’est une suggestion, j’aurais aimé que les narrations très académiques soient séparées de la musique pour rendre cela plus fluide, ou bien, une version entièrement musicale en bonus aurait été appréciée. Pour ce qui est de l’ensemble, j’ai bien aimé ! Surtout la deuxième moitié où la variété surprend, avec des influences de musique méditerranéenne, sud-américaine, d’électro, d’ « ambient » et de Jazz tout en gardant un aspect rock bien marqué. Je crois que cela pourrait grandement plaire aux fans des « SAMURAI OF PROG », de « GUILDMASTER » et aux amateurs de musiques symphoniques intelligemment développées. La finale laisse supposer qu’il y a encore des « bêtes » à visiter sur la carte et que la porte est potentiellement ouverte pour une autre croisière sur les sept mers avec le Commandant PACHA ! A suivre !! Titres préférés : « Rainbow Leprechaun », « Grifelino Coloris », « Narvalus Transeo » au petit côté « ambient jazzy electro », « Draculis Scarabus » et surtout « Papilio Evanescens » et « Auxia ». Bonne écoute !