Premier album éponyme pour cette formation d’Oslo, THE VERGE dont, le nom signifie une bordure, une limite. Un nom de groupe très populaire, car il ne faut pas confondre avec la formation parisienne qui fait dans le Pop rock, et avec les versions anglaises et écossaises, car la version norvégienne fait plutôt dans le jazz progressif cinglant et assourdissant, pour ne pas dire assez déstabilisant, dans la même veine que Master OOGWAY, qui provient du même courant qui circule dans ce pays.

Issue du « Norwegian Institute for Science and Technology » (NTNU), qui se promeut comme l’école de jazz norvégienne par excellence, ce quatuor initia ses premiers concerts en 2019 et enregistra cet album en 2021, bien qu’il soit disponible que depuis tout récemment sur le label « Is It Jazz ? Records ». Cet album comprend sept pièces instrumentales composées par les différents membres du groupe.

Première chose, vu qu’ils sont fans d’improvisation, et qu’ils ont des goûts variés, ces sept morceaux nous offrent une grande variété de styles et de rythmes. Donc, peu de risque de se farcir le même air sans arrêt. Cependant, par moment, il faut penser à attacher sa tuque avec de la broche, car cela décoiffe, mais cela reste tout de même plus mélodique et accessible que Master OOGWAY qui creuse aussi sa route dans ce sillon de jazz progressif ! Un Jazz progressif qui fait un fort et un intelligent usage des cuivres.

La pièce « Nessesse » est assez représentative de cet album où batteries et cymbales frénétiques côtoient une basse réverbérante alors que le saxophone vrombissant et volubile chapeaute cette architecture sonore au rythme endiablé. Tout le long de l’album, on passe par des moments où domine un jazz mélodique enflammé ou un rock progressif hystérique, joyeux et spontané, en passant par beaucoup d’improvisations atmosphériques bombardées de riffs lourds et puissants. Malgré tout, ils sont arrivés à conserver une forte cohésion entre les titres, car ils y ont développé leur son. Il y a du très bon dans tout cela, bien qu’il y ait un morceau à la limite du supportable, « Hyperreality » au rythme hyper hachuré et ultra nerveux propice à créer des crises d’anxiété. Plutôt dispensable et sans intérêt par sa somme de bruits agressifs. J’ai détesté. Mais le reste de l’album est très bon, et la tension monte lorsque qu’ils tendent vers un registre « bluesy ».

Les atouts majeurs que constituent les performances du batteur VASSBO et du saxophoniste RONNING, font que cet album se montre très recommandable pour les fans de « new jazz rock ». Pesant, fougueux, lumineux, avec des vibratos cuivrés qui font dans un registre émotionnel élevé, il y a dans ce premier Opus, une somme de pépites à ne pas négliger, pour qui veut bien se donner la peine de s’y attarder, pour découvrir un genre de SOFT MACHINE très très « heavy » ! Titres préférés : « Nessesse », « Gratitude » et « The Blast Supper » du côté nerveux, et « Patterns for Meditation », du côté contemplatif, ma préférée sur l’ensemble, un petit bijou très accessible. Bonne écoute !