Trojka est un trio originaire de Bergen, en Norvège, qui joue de la musique pop progressive depuis presque dix ans. Leurs influences remontent à l'ère du rock progressif classique des années 70 en particulier ELP, Rush, King Crimson et Yes, ne niant pas certaines influences de Radiohead et des Beatles. Trojka, c’est surtout une formation simple, énergique composée de trois virtuoses soit August RIISE aux claviers et synthétiseurs, Gjert HERMANSEN à la batterie, percussions, chant et Simon Ulvenes KVERGNEN au chant et à la basse. Pour ce troisième album, Fredrik Mekki WIDEROE, à la guitare et au chant, se joint au trio d’origine. Petite formation mais grande musique. Des mélodies complexes, inoubliables, charment à coup sûr le mélomane averti surtout chantées en bokmal. Sous une abstraite pochette, on retrouve sept perles totalisant 46 minutes, 38 secondes de bien être auditif. Est-ce la beauté de la plus belle ville de la Norvège avec ses maisons multicolores à flanc de montagne qui donne à Trojka leurs inspirations? En écoutant le début de l’album, on pourrait y croire. ‘’Adrid/Alltila’’ commence avec un roulement de tambours que vient charmer le son seventies d’un synthétiseur. De douces harmonies vocales, à la manière des jumeaux Maurice et Robin Gibb, de HERMANSEN et KVERGNEN, des structures rythmiques super agréables, un clin d’œil à ‘Gentle Giant’, voilà qui nous donne envie d’en écouter plus…on continue d’être séduit par cette langue qui nous chatouille les oreilles jusqu’à en rêver avec ‘’Parasitt’’, deuxième pièce qui, en quelques notes de claviers, nous fait succomber à cette particulière sonorité. Basse savoureusement discrète mais qui ne laisse aucun doute sur son importance lorsque marié avec les voix des ‘singers’. Une guitare rock électrique s’introduit au bon moment dans cette pièce bien structurée ou la pop et le rock progressif vivent bien ensemble, ce qui est un exploit en soi.

‘’Romvesen’’, le troisième titre, débute tout en guitare et en vocalises, dignes des frères Shulman, qui tout au long de cette petite perle nous font cadeau de leurs belles harmonies. On y retrouve sans surprise, un segment jazz/fusion, bien secondé par une section rythmique batterie/basse saluant l’arrivée d’un mielleux saxophone laissant place à la fin, aux voix. Tout un plaisir gastronomique pour de gourmandes oreilles. ‘’Hjerteteppe’’ s’ouvre aussi sur de beaux accords de guitare acoustique, une basse caressante et on monte en intensité, quelques gouttes de sang seventies, accélération cardiaque, revoilà les guitares magiques. Dans cette pièce, on découvre toute la musicalité insoupçonnée de la langue portugaise. Une belle chanson émotive. Que dire de la suivante ‘’En Smack Avevighet’’ plus ROCK, soupoudrée de mellotron, rappelant Genesis du début, Hermansen et Kvergnen qui s’en donne à cœur joie, une visualité musicale fortement influencé par King Crimson. Toute cette belle créativité se termine sur un coup de baguette! Ouch !!! ‘’ Strobemørke’’, la pièce titre, qu’une atmosphère inquiétante, composé de basse, synthétiseur et surtout de caisse de batterie, nous guide vers des notes de claviers enivrantes. Une belle complicité entre les musiciens qui nous enchante avec une finale ou s’entremêle plaisir et jouissance. Un son d’Hammond 3 (?) guitares synthétiseur, on en veut encore. Sans hésitation, on nous gâte avec l’intro de la dernière pièce, celle qui se mêle à même la veine de sang progressif: ‘’Satans Disko’’!

La cerise sur un ‘’pudim caseiro’’, cette pièce se bouffe sans modération. Imaginative, elle regorge de contretemps, de puissance rock, de clin d’œil au ‘disco’ 1975 mais elle est surtout une audacieuse création de rock progressif. Cet album mérite plusieurs écoutes pour en apprécier toute la saveur. Bravo Trojka!