Voici la suite tant attendue de la première partie de « A Voyage/ A Destination » qui parut en Septembre 2022, qui eut droit à une chronique sur nos pages de ProfilProg en Décembre 2022, et qui obtint un beau 9,4 au compteur mais qui ne connut pas, malheureusement, son heure de gloire. Pourtant, une œuvre artistique complète et fabuleuse, faîte de musique et de textes riches livrés par une équipe mature, nourrie par des collaborations prestigieuses, qui m’avait bouleversé et qui nous fit la promesse d’une suite en 2023 si les sous le permettaient. Il faut croire que la bourse s’est finalement remplie lentement pour mieux se délier en 2024 pour ce collectif d’ex-étudiants en musique de l’université de Victoria, né en 2007 sous le nom de VERSA, qui s’exprime par un post rock progressif symphonique, toujours très évocateur au niveau émotionnel dans ce cinquième album.

Une œuvre qui s’inspire stylistiquement, selon ses auteurs, de ce que font ou faisaient des formations comme « The Dear Hunter », « Jethro TULL », « Neal MORSE band », « Sigur ROS », « Gazpacho », « Sufjan STEVENS », « Gentle Giant », et « Genesis » dans son jeune temps. Espoirs, peurs, toute la gamme des émotions humaines sont rendues musicalement avec brio par ce collectif. Comme sur l’album précédents, les parties vocales sont superbes, et les mariages de celles-ci judicieuses, se faisant les porte-voix d’une écriture éloquente et limpide, portées par une instrumentation qui se surpasse et qui revêt ses plus belles parures, variées et accrocheuses. Ils alignent dans cette deuxième partie une suite très cohérente, nourrie par une créativité foisonnante, mais à mon avis, avec des textes un peu moins poétiques que sur la partie 1, disons-le, plus réalistes.

La thématique porteuse demeure la même que sur la partie 1, soit des évocations de voyages en tous genres, vers des lieux différents. Dans la première partie, on se rappellera une descente au fond d’un lac avec des nymphes et d’une très longue traversée migratoire vers une terre inhospitalière. Cette fois-ci, sept morceaux instrumentaux et cinq chansons, dont une allégorie pour exprimer ce voyage quand on quitte la maison familiale, le dernier voyage touchant du grand-père DOLMAGE qui devient un souhait, le panorama des voyageurs statiques qui voient passer le monde par leur fenêtre, et une aventure futuriste épique de 17 minutes. Une expédition sur un monde lointain dans l’espace qui tourne mal, avec un retour en solitaire vers la Terre qui se termine avec une « IA » amoureuse de son rescapé. Comme sur la première partie de 2022, ils ont fait le plein de collaborateurs célèbres qui donnent le meilleur d’eux-mêmes, dont Ross JENNINGS de « Haken » dans un registre très différent, Sam VALLEN de « Caligula's Horse », Michael TREW de « Moon Letters » et Kelly NORDSTROM d’« eMolecule » et de « Sound of Contact ».

Après quelques écoutes, et la commande des deux albums sur leur site « Bandcamp », je vous dirais que c’est définitivement un album incontournable pour les amateurs de « Big Big Train », de « Kaprekar’s Constant » et de « The Dear Hunter ». Tout est bien ficelé, pour offrir un moment de détente et d’évasion musicale variée, fruit de la cohésion et de l’implication de 22 artistes qui ont cru à fond dans ce projet. Difficile de ne pas aimer avec autant de piano, de flûte, de violon et de cuivres qui nous font passer par toute la gamme des émotions. Les sections instrumentales, c’est la grande classe, et cela s’écoute en boucles ! Titres préférés : « Ocean of Storms » et « Artemis ». Bonne écoute !