Originaire de Turku, en Finlande, le quintet VIIMA (« Vent » en français) nous offre un nouvel album de rock progressif symphonique intitulé « Väistyy Mielen Yö », dont la traduction française très approximative pourrait être « L'obscurité de l'esprit s'en va », autrement dit « Adieu les idées noires » selon mon interprétation. Il fait suite à « Ajatuksia Maailman Laidata » (v.fr.: « Pensées au bout du monde ») de 2006, et « Kahden Kuun Sirpit » (v.fr.: « Faucilles des Deux Lunes ») de 2009. Trois albums seulement, ce qui représente une production faible si l’on considère leur vingtaine d’année d’existence mais en contrepartie, ces artistes fignolent leurs œuvres et cela s’entend. Pour l’anecdote, le nouvel Opus fut développé au cours des douze dernières années offrant des compositions des différents membres de l’équipe. Je découvre cette formation qui a subi au fil des ans quelques changements organiques, dont l’arrivée notable d’un nouveau chanteur et claviériste, Risto PAHLAMA.

C’est un album qui fait clairement un clin d'œil à certains moments forts du genre des années 70, et ils se considèrent comme des rejetons des géants que sont CAMEL, JETHRO TULL, et du GENESIS de ses débuts, mais les quelques touches folk insérées et l'utilisation de la langue finnoise contribuent à leur conférer un style plutôt personnel. C’est un très bel album, tranquille et sage, même très sage, à l’ambiance pastorale! Malgré l’énorme barrière linguistique, car tout est chanté dans leur langue maternelle, cet album est tout ce qu’il y a de plus d’agréable à l’écoute, et il offre une belle variété de styles dans ses cinq chansons qui valent toutes le détour. Pour ce qui est des paroles, vous pourrez trouver les traductions sur leur site Web, et vous comprendrez ainsi les thématiques développées, concernant principalement des préoccupations environnementales, de guerres et de politiques, ainsi que de leurs impacts sur les individus et la société en général.

Dans le premier titre très mélodique, « La Fille au Trapèze », on notera que la flûte et le Mellotron rappelleront un certain dynamisme propre à Jethro TULL. Vient ensuite le deuxième morceau épique, à ne pas manquer, « Enfants de la Terre Mère » avec ses presque 19 minutes. Une chanson très intéressante avec l’introduction la plus lourde de l’album, qui devient bucolique et joyeuse, pouvant rappeler le style de CAMEL et des Roumains de YESTERDAYS. On a droit à une accumulation de bonnes idées, agglomérées, aux ambiances heureuses, planantes, avec de multiples variations de rythmes et de styles, avec quelques moments jouissifs à la guitare, à la batterie bien martelée, aux percussions tribales et aux claviers fluides tremblotants. Ils excellent dans les ponts instrumentaux, et nous offrent ici des moments qui rivalisent avec les bons moments de certaines œuvres d’Alan PARSONS PROJECT, avec une finale gracieuse.

Dans la troisième chansons intitulée « Longs Adieux », Risto PAHLAMA offre sa meilleure performance vocale, car il a du coffre mais se montre capable de nuances. Dans celle-ci, avec classe, la flûte installe la touche mélancolique en première partie, alors que survient un changement de rythme pour un mode plus hard rock, offrant un excellent pont avec les synthés qui modulent. Le quatrième titre, « Papillons », en référence à celui de la pochette, donne dans l’ambiance dramatique douce, romantique et triste. J’ai adoré les claviers qui sonnent comme un xylophone. Un titre de toute beauté, dont la première moitié instrumentale présente de très beau solos de guitare qui s’étirent sur des claviers cadencés. On pourra noter, probablement à cause du piano, une certaine dramaturgie à la SUPERTRAMP qui se termine par le souffle d’un vent froid qui fait le lien avec le cinquième et dernier morceau « Paix de la montagne ». On y découvre une voix incompréhensible qui murmure dans le vent et des bruits d’osselets qui font clochettes. Le chant se veut plus grave ici, mais tendre, avec le souffle du vent qui reste bien présent. Une ambiance introspective sur un texte qui traite des conflits intérieurs d’un homme qui trouvera réconfort dans les bras d’une nature bienveillante. La deuxième partie instrumentale et hyper mélodique apporte un peu de rythme, dominée par les claviers et le piano, et cela s’écoule avec quiétude et douceur. De toute beauté !

Globalement, un album tout doux, très bien produit, à l’énorme cohésion, servi par d’excellents musiciens, qui devrait plaire aux fans de folk rock nordique, de MALADY et de YESTERDAYS. Cela s’écoute avec aisance et se montre idéal pour qui veut en sa demeure une ambiance relaxante et sympa. Titres préférés: la mélancolique « Pitkät Jäähyväiset », la romantique « Perhonen » et la très heureuse et convaincante pièce épique « Äiti Maan Lapset ». Bonne écoute !