Vous êtes un vrai mélomane tout en étant un audiophile exigeant. Il vous arrive de tomber en amour avec Vangelis et avoir un coup de foudre pour Genesis. Vous avez l'oreille absolue et le cœur fragile...vous aimez tout simplement la musique. Le trio de musiciens américains que forme le groupe CHEAT THE PROPHET aussi. Pour la brève histoire, ils ont formé ARS NOVA en 1993, qui s'éteint en 1997, année de la naissance de NEPENTHE qui lui, se dissout en 1999, les frères MATT et TODD MIZENCO, multi-instrumentiste, épuisés mentalement et physiquement tout comme leur ami JAMIE BORUCH, le batteur, tirent leur révérence. Voilà que vers la fin de la pandémie JAMIE et MATT, sont convaincus que leurs œuvres méritent une suite sérieuse, convainc TODD de les suivre et tel un cadeau du ciel CHEAT THE PROPHET naît avec ‘’REDEMPTION’’, un album de vieilles chansons rajeunies et d'autres sans marque du temps. Ils sont bien secondés par le claviériste DAN VITCO, le guitariste MIKE ZAFFARESE sans oublier JAKE SCHWARTZ à la nylon string guitar sur la première pièce.

L'album débute avec quelques notes de piano, qui semble venir de la bande AM d'un appareil radio, bon marché, puis on enchaîne rapidement avec ‘’CHAOS’’ qui dans un premier temps me fait penser à du bon TOM PETTY AND THE HEARTBREAKERS dans une formule de composition ou la présence de la mélodie entrecoupé de contretemps, nous charme tantôt par des claviers nerveux, un synthé années 80, une basse bien grasse pour s'éteindre en quelques secondes de douceur sous les caresses du synthétiseur, qui s'abandonne dans les bras de la guitare, aux cordes de nylon, de JAKE SCHWARTZ. Sans perdre de temps, la seconde pièce du disque ‘’BAD BICH’’ débute avec un son caverneux complice d'un rythme qui s'accélère à chaque coup de baguette de JAMIE BORUCH sur son vieux 'chum' de 'drum', on frissonne. Beau son de basse que manie avec dextérité MATT MIZENKO. Que dire de sa voix unique qui s'intègre parfaitement dans ce paysage musical hallucinant tant en solo qu'en duo avec son frère TODD. Cette pièce frôle la folie et le trio original s'en donne à cœur joie avec ses multitudes de notes, qui s'entrechoquent d'un instrument à l'autre. Des effets sonores surgissent de l'au-delà, un orgue se plaint au fond de ce délire, le cri primal de la guitare qui se lamente en solo, du talentueux MIKE ZAFFARESE. Puis Matt qui a le mot de la fin. On en veut encore! Le claviériste DAN VITCO fait son entrée sur ‘’MARVELOUS WORLD’’. Quelques notes de piano caressent nos oreilles attentives, de délicieuses cordes d'une guitare sèche se joignent aux noires et blanches bien secondées par une discrète mais chaleureuse basse qui fait bien sentir sa présence. Les belles harmonies vocales des frères MIZENKO, qui n'ont rien à envier aux célèbres SIMON & GARDFUNKEL, se font entendre embellissant cette ballade dont le rythme augmente, MATT en solo, toujours riche en voix, VITCO sur son synthé y va d'une sonorité écossaise et de quelques autres notes atmosphériques. MATT et sa basse se fondent dans cette avalanche musicale. TODD le rythme mélodique, c'est l'apothéose!

‘’PAPER WHITE’’ une petite 'toune' ou MIZENKO nous offre tout son talent sur sa guitare acoustique. Une pure ballade typiquement anglaise qui rappelle ANTHONY PHILLIPS. D'une pure beauté. Toutefois de légers glissements de doigts, lors de changement d'accords, gâche quelque peu le plaisir de l'écoute mais sans en enlever la fraîcheur. Cela demeure un très beau morceau de musique. Le plus long 'trip' musical, on le retrouve en cinquième position titré ‘’WHISPER’’. De la plus petite à la plus longue, le plaisir est le même du début à la fin. Du vrai rock progressif débutant par une simili sonnerie de cellulaire, la voix de Matt qui répond présente. Une basse surgit des entrailles de la Terre (?) accompagnée d'une solide batterie et derrière eux, le synthé fait subtilement sentir sa présence cachant des murmures de E.T. Mais non! Revenons sur terre avec une belle combinaison de riff de guitare rock, de coup de 'bass drum' et de synthé aux sons psychédéliques. On se croirait dans la cour d'un certain roi pourpre atteint de schizophrénie, tremblant de tous ses membres, tentant d'échapper à ces voix de plus en plus audibles. La douceur du piano de DAN VITCO arrive comme une goutte d'eau dans la bouche sèche d'un muet. Cette bienvenue accalmie est accompagnée d'un chant aux paroles articulées de somptueuses harmonies vocales, d'arrangements originaux et toujours cette charmante présence au piano. La section rythmique passe en troisième vitesse, un orgue se fait discrètement entendre, la guitare séduisante est à la limite de l’orgasme, le mellotron d’EMERSON renaît et soudainement tout s’éteint pour revenir en douceur, guitare classique, flûte à la GABRIEL, chœurs qui s’élèvent, un synthé jouissif jusqu’à l’arrivée d’un autre riff de guitare qui entraine une montée d’adrénaline vers une passe de mellotron, la voix brusquement interrompue. Silence...mais ais-je bien entendu le MAJOR TOM compter à rebours 5,4,3,2,1...? En bonus, une 6ième et dernière ‘’ZAFF’S FREZ’’ qui est de courte durée mais de trop.

Les frères MIZENCO et leur ami JAMIE BORUCH auront eu raison de nous revenir. Cet opus de décibels et de délicatesse est un vrai album de rock progressif avec tous les éléments qui plairont à toutes les générations de ‘progueux’. Un très bon album qui se laisse découvrir à chaque écoute...