En attendant les nouveautés de 2025, revenons un instant sur les oubliés de 2024. Vous pourriez penser que les artistes indés sont mis à l’index ? Certes, cela arrive… mais pas cette fois ! En l’occurrence, il s’agit d’un artiste dont j’ignorais jusqu'à présent l’existence ! Je tiens d’ailleurs à remercier, une fois encore, Gérald, qui m’a suggéré de réaliser cette chronique. Un flair sans pareil ! V’là un opus qui, je dois l’avouer, me sied à ravir.

Il s'agit du multi-instrumentiste ETHAN JANAIS MATTHEWS, né à Salem en 1978, et aujourd’hui établi à Portland (Oregon). Ce talentueux claviériste vient de publier son premier album éponyme, ULTRALIGHT, le 3 octobre 2024. Petite incise : Ethan est également le prolifique créateur du projet “ECHO US”, comptant pas moins de huit productions depuis 2001. Vous l’aurez noté, ÉCHO US signifie "se connecter". Pour notre hôte, ce n’est pas qu’un simple nom : c’est une véritable philosophie. En parcourant sa biographie, j’ai été frappée par sa manière singulière et spirituelle d’aborder la création. Le Portlandais pratique l’écriture automatique et plonge dans une introspection profonde, transformant son intuition en un pont entre le spirituel et le tangible. Pendant la pandémie de COVID-19, il a exploré une technique fascinante : l’empilement de timbres et d’accords concurrents, donnant naissance à ULTRALIGHT.

Plongeons dès à présent dans la texture musicale. Dès l’entame du répertoire du morceau titulaire, les harmonies oniriques, légères, m’ont laissée songeuse. L'introspection me gagne. Les allégories se bousculent. Et là, les doigts dansent sur le clavier : les croches, les doubles, les noires, les blanches. Pas un seul bémol ne vient altérer cette fresque sonore virevoltante qui égaie l’atmosphère. Timidement, les diaprés s'amoncellent, et se réverbèrent. Le doux timbre d’Ethan m’envoûte et gagne en intensité. Mon voyage interstellaire se poursuit. S’immiscent alors, dans ma pérégrination, les doux murmures de la six-cordes. Non loin se superpose, des myriades d’effets sonores. C’est saisissant !

Les touches heavy, bien que rares, s’insèrent avec parcimonie, comme une épice discrète mais parfaitement dosée, Ces sonorités à la fois fugaces et captivantes parsèment l’album avec élégance. Et puis, il y a ces ritournelles… comme des leitmotivs, elles s’insinuent insidieusement dans l’esprit. Obsédantes, certes, mais d’un charme indicible. Ces motifs reviennent au fil des mélodies, créant un fil conducteur. Les accords résonnent, s’étirent, puis s’effilochent, évoquant indéniablement MIKE OLDFIELD, maître des arpèges flottants et des cascades harmoniques. Que c’est bien goupillé !

Pour conclure, je fus charmée par cette rencontre inopinée. Je dois dire que je fus conquise par sa texture, l’empilement chatoyant des coloris clair-obscur mêlant les influences de MIKE OLDFIELD, TANGERINE DREAM, RYAN FARISH, et, la musique d'Ethan, au sortir du creuset, s'émancipe avec singularité. L’auditeur est invité à explorer des contrées atmosphériques à la fois virevoltantes, éthérées et minimalistes. En six créations alternant mélodies chantées et instrumentales, ULTRALIGHT s’inscrit dans un post-progressif oscillant entre rock atmosphérique, électro et ambiant. Une œuvre d’environ quarante minutes, véritable invitation à l’évasion.