Gerald MASSOIS multi-instrumentiste, compositeur de rock progressif symphonique, une musique avec des arrangements complexes, un mélange d’instrumentation entre l’intime et l’épique. Des réminiscences avec inspiration sur ANGE, JPL côté France; DREAM THEATER et PINK FLOYD pour le concept et les textes s’inspirant de la vie de son grand-père, le destin de deux frères pendant la guerre d’Espagne. Un 2e album prog métal qui sort en ce début d'année un dans la langue de Molière.

« 1939 » avec l'intro symphonique, air cinématique et ses cordes sombres, acoustique guitare et piano solennel, on est dedans prêts à affronter cette fichue guerre. « Les ennemis d’hier » introduit l'histoire déroulant un prog métal mélodique, énergique avec un beau solo guitare langoureux; sonorité passant au hard-prog symphonique avec un chant made in France qu'il faudra adopter sous peine de blocage, toujours ce plus français et ce moins du fait de la compréhension. « La bataille de l’Ebre PT1 » enchaîne, long instrumental avec la guitare et la batterie en avant, le clavier envoûtant de Nicolas pouvant se rapprocher du son de la Léode des LAZULI c'est pour dire, immense aussi car les réminiscences sur le grand DREAM THEATER se font jour. « La bataille de l’Ebre PT2 » a capella piano avec Gerald narrant le départ : 2 mn pour un espace progressif de haute volée, Gionatan clavier de PROFUSION majestueux, très jazzy-proggy avec un son emphatique. Du DREAM THEATER, du Neal MORSE, sur du JPL boosté avec moins d'espace sur la voix, plus de musicalité. Le vocal mode phrasé expliquant les affres de la guerre et la musique en va et vient sur les doutes et les avancées. Un mode prog français mélancolique avec du spleen, du métal et des excursions progressives enjouées; un point pour expliquer la similitude d'avec JPL pour ces excursions jouissives et la voix typée qui peut freiner le voyage musical, oui difficile de chanter dans notre langue. « Les trains d’ombres » arrive, fleurant bon du fait de la voix les chansons mélancoliques d'un certain CHRISTOPHE qui aurait choisi le rock plutôt que la pop. La mélancolie du titre avec le côté émouvant lorgnant la Mort, le crescendo final grandiloquent qui donne 'enfin' au rock prog français ses lettres de noblesse flirtant sur l'intime et l’aspect méditatif.

« Une colline sans nom » en fac-similé instrumental de 'La Bataille de l’Èbre' pour ses dérives, entre crochets et déclinaisons progressistes. Un son typé breton venant d'une cithare, luth, hang, bref une vibration hispanique invitant au voyage. Le côté symphonique mis en avant que l'on aimerait bien garder jusqu'au bout; le break guitare sauvage en stéréo puis le clavier à la RUDESS ou SHERINIAN choisissez. Ce titre s’égaye encore plus avant de se poser à nouveau sur un vent, un arpège guitare, beauté triste de Pierre-Emmanuel en action. Retour au son de départ avec le solo guitare et le spleen à tous les étages et la batterie typée d'un bal du samedi soir où passait Hervé fan de prog avant l’heure; la vibration finale en fond de tranchée. « L’encre des maux » avec l'explication des écrits du futur fusillé, une acoustique sur des paroles mièvres et cruelles, vaut-il mieux savoir en français ou cacher ces mots en anglais? Ça lorgne sur le fameux ‘Wish you’ floydien et ça vaut pour l'hymne souvenir. « Demain à l’aube » éponyme avec l'intro triste du violoncelle annonçant une mort prochaine; un espace calme avant la tempête des balles, un morceau solennel où la voix se fond ici derrière le piano. La voix monte et passe plus facilement s'intégrant dans la trame musicale au fur et à mesure. Du drame, plus d'émotion avec les instruments mis en valeur, guitare et Hammond distordu faisant le show et la nique à la mort. L'un des frères va mourir, la musique impose alors avec la basse rythmique, la batterie syncopée pour tracer une ligne harmonique jouissive. Le plus de cet album l’émotion musicale qui s’en dégage, je me répète; le violoncelle venant mourir en final comme une vague sans fin. « Les passagers du vent » titre final, mélancolie en mid-tempo pour le souvenir qui reste. Une ballade contemplative avec Gérald que je n'ai pas souvent nommé se jouant d'un dernier beau solo, noyé par une dernière vague éternelle.

Gérald MASSOIS ose l'album concept français par excellence! 7 ans pour construire ce ‘wall’ français sur le destin brisé de deux frères lors de la guerre civile espagnole. Des musiciens tels la violoncelliste Sarah émouvante de sensibilité, le guitariste Pierre-Emmanuel pour les parties acoustiques, Yohann pour son piano. Des groupes tels DREAM THEATER, PINK FLOYD, CAMEL, à une moindre mesure ANGE, JPL permettent de penser à cet album excellent musicalement parlant; long par instant quand même, mais je suis rarement content. Un album qui pêche par la voix qui peut bloquer l'envolée, le voyage; un album qui permet avec la voix en français de vivre l'expérience cinématographique intimiste, symphonique. Une belle petite baffe quand même de rock métal dramatique qui fleure bon le progressiste énergique.