
CHRONIQUE / REVIEW
Jordsjø & Breidablik
Kontraster

Releases information
Release date:
April 25, 2025
Format:
CD, Digital, Vinyl
Label:
From:
Apollon Records
Norvège / Norway
Serge Marcoux - April 2025
8,4
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Eaux turquoise sinueuses bordées de falaises abruptes et villages de pêcheurs colorés qui ponctuent le vert des prairies et le bleu de l’océan. Voici des exemples de contrastes que peut offrir la Norvège. À cet égard, le rock progressif offre aussi de nombreux et possibles contrastes. Deux groupes norvégiens qui célèbrent leur dixième anniversaire ont choisi de célébrer les contrastes en partageant la vedette sur un nouvel album, le bien nommé « Kontraster ». Les jubilaires se nomment JORDSJØ et BREIDABLIK.
Curieusement, je commencerai par parler d’une similarité entre les deux groupes. En effet, HÅKON OFTUNG est membre des deux groupes. Avec JORDSJØ, il chante, joue de la guitare, des claviers et de la flute. Avec BREIDABLIK, il se concentre sur la guitare et la flute. Le duo JORDSJØ est complété par le batteur et percussionniste KRISTIAN FRØLAND. BREIDABLIK, en trio sur « Alduorka » le dernier album, est le projet créé par MORTEN BIRKELAND NIELSEN. Il est un multi-instrumentiste qui utilise les synthétiseurs comme instruments principaux. Il était le seul maître et musicien à bord les trois premiers albums.
Les deux compositions de l’album veulent offrir une perspective sur les contrastes. Pour se faire, les musiciens souhaitaient parcourir certains paysages du rock progressif afin de rendre hommage au genre. Les sept albums de JORDSJØ et les cinq de BREIDABLIK ont démontré leur capacité respective à utiliser les influences classiques avec une approche contemporaine. « Kontraster » illustre cette maîtrise. L'album se veut une ode à la diversité de la musique progressive, montrant comment le rock progressif peut s'étendre de paysages sonores luxuriants et atmosphériques à des rythmes complexes et entraînants. Chacun des groupes, grâce à une suite de vingt minutes nommée « Kontraster » apporte sa propre saveur unique au projet.
C’est JORDSJØ qui offre le premier volet du contraste. Les amateurs connaissent assez bien le registre musical plutôt vintage du groupe. C’est celui que l’on associe au début des années 70, principalement britannique, KING CRIMSON, MCDONALD & GILES ou GRYPHON par exemple. Leur son est aussi agrémenté de jazz auquel vous devez ajouter une réelle saveur folk scandinave. Les années 60 percolent aussi un peu dans leur musique via des petites touches psychédéliques. Et surtout, ils ont cette merveilleuse façon d’utiliser la douceur et les subtils changements de rythmes et de tons pour attirer délicatement votre attention et vous faire pénétrer cet univers qui leur est propre.
C’est avec douceur et mystère que débute la découverte. La flute et une délicate rythmique change le ton pour nous transporter vers le chant de M. OFTUNG. Précisons que l’utilisation du norvégien crée, en soi, un contraste pour nos oreilles habituées au français et à l’anglais. Puis, le rythme devient plus prenant, plus électrique. Arrêts, départs et solo de guitare, le morceau nous entraîne entre deux fjords musicaux. La flute prend le relais et le paysage musical ne cesse de se transformer. Mais on ne perd pas de vue le trajet. Puis, on reconnaît notre point de départ mais le paysage est quelque peu modifié, bonifié dirais-je. Court arrêt sur l’image, la guitare sèche et la voix reprennent l’exploration de l’espace. À mi-parcours, l’intensité monte d’un cran grâce à l’apport d’une guitare électrique et d’une rythmique plus présente mais non binaire. La guitare électrique, encore, puis la flute offre de nouvelles perspectives. Les paysages norvégiens comme les musiques progressives ont beaucoup à offrir et JORDSJØ ne se gêne surtout pas pour nous le faire entendre. À la treizième minute, nous prenons un tournant supplémentaire qui, lui aussi, est bien en phase avec le but visé, découvrir une terre de contrastes musicaux. Puis, on se rend dans un lieu parcouru par un esprit un peu Floydien ou finalement la guitare, surtout, nous demande de tendre l’oreille. La rythmique revient, à sa manière, et l’intensité monte, change. Le rythme s’accélère, la guitare devient plus intense. Nous sommes transportés par une montée en puissance jusqu’aux ultimes notes un peu plus calmes. Avec « Kontraster », JORDSJØ prouve, encore une fois, sa capacité de jouer avec les nuances et les contrastes.
Avec BREIDABLIK, il faut regarder, ou écouter, du côté de l’école de Berlin. Nous avons découvert cette musique électronique au début des années soixante-dix grâce à TANGERINE DREAM et KLAUS SCHULZE, notamment. Il est difficile de ne pas établir un contraste frappant de cette mouvance progressive avec « 21st Century Schizoid Man » de KING CRIMSON ou « Knife Edge » de EMERSON, LAKE and PALMER, par exemple. Si on élargit à l’offre musicale rock, la différence est tout aussi frappante. MORTEN BIRKELAND NIELSEN souligne : Pour nous, « Kontraster » est une célébration de la diversité du rock progressif. Nous avons passé dix ans à développer notre son, et cet album témoigne de cette évolution tout en restant ancré dans les origines du genre. C'est un véritable témoignage de l'unité que l'on retrouve dans les influences et les styles contrastés qui rendent la musique progressive si fascinante. Je souligne donc que cette autre suite de vingt minutes est principalement ambiante et atmosphérique. Elle rappelle à la fois la sobriété et la majesté. Les premières minutes nous envoient quelque part dans l’espace ou les synthétiseurs jouent les courants stellaires et où les séquenceurs créent une assise pour les effets de guitare ou de flute. Sommez-nous à bord du vaisseau interstellaire ou à ses abords ?
Les pulsations peuvent varier, mais aussi cesser pour faire place à des sonorités plus concises, moins identifiables. Lorsqu’elles reviennent, elles sont accompagnées d’une guitare plus claire, plus précise. Vers le milieu de la pièce, nous flottons… en apesanteur dirait-on. Doucement, la pulsation reprend, peu perceptible au début. Elle se précise et est accompagnée de discrètes variations de synthétiseurs. Lorsque la batterie vient accompagner ces pulsations devenues basses et très présentes, une certaine gravité s’installe. On peut penser qu’il s’agit de celle qui nous garde les pieds au sol ou de celle qui donne une plus puissante présence. Au choix ! Puis, la pulsation domine de nouveau mais une flute joue avec elle, virevoltante et omniprésente. Mais ce ne sont que quelques éléments de ce ballet électronico-cosmique. De nouveau, la pulsation cède tout l’espace aux vide spatial et aux sons qui glissent dans l’infini. Les instruments font corps avec ce lieu ou rien n’est accessible et où tout est beau. Une vibration réussit à naître et à prendre le premier rang des sonorités mais c’est tout simplement pour nous préparer à la toute fin de notre odyssée. Le morceau ne révolutionne pas la musique progressive électronique mais s’y inscrit de belle façon. Si vous écoutez attentivement le « Kontraster » de BREIDABLIK, vous serez récompensés par un beau voyage.
Je suis tout à fait d’accord avec HÅKON OFTUNG lorsqu’il dit que cet album est le moyen idéal de rendre hommage à nos origines et aux pionniers qui ont façonné le son que nous aimons. C'est une célébration des contrastes, des différentes manières dont le rock progressif peut s'exprimer tout en restant fidèle à ses racines.
PISTES / TRACKS
- 1- Jordsjø Kontraster (19 :51)
2- Breidablik Kontraster (20 :14)
musiciens / musicians
Jordsjø
- Håkon Oftung / Vocals, guitars, flute, keyboards
- Kristian Frøland / Drums & percussion
Breidablik
- Håkon Oftung / Guitars, flute
- Morten Birkeland Nielsen / Synthesizers
- Trond Gjellum / Drums