KARFAGEN est le groupe du multi-instrumentiste Antony KALUGIN jouant aussi dans SUNCHILD et HOGGWASH. Il est accompagné sur ses recherches musicales d’invités célèbres comme sur ce 21e album. Groupe remarqué au départ pour ses sonorités des MINIMUM VITAL, TRANSATLANTIC, une touche folklorique enjouée typée. Se rappeler que GENESIS, Mike OLDFIELD, UK, CAMEL, YES, GLASS HAMMER et THE FLOWER KINGS font partie de ses références musicales sans oublier PROKOFIEV, GRIEG ou KORSAKOV pour le classique.

« OMNI Part 1 » en 1ere face avec « Omni Overture » pour le synthé clair à la GENESIS, époque ‘Duke’ avec des tambours qui claquent bien; une intro tonitruante, aérienne qui donne de l’énergie; ça fera causer avec ces cuivres indicateurs. « Storyteller (Part 1) » enchaîne, Richard de CARAVAN et CAMEL avec sa voix suave chante sur un titre guimauve, traduisez fondant, velouté, ‘’Canterburyen’’. Douceur et rythme pour du new prog plutôt que du symphonique prog : l’important c’est d’être porté. Michel ST-PÈRE (MYSTERY) et John HACKETT viennent jeter leurs notes pour gonfler le morceau en mode moderne. « Whispers from the Past » en déclinaison folklorique à voix féminines et en chœur romantique; une flûte, un air, une mélodie du temps moyenâgeux. L’intermède pour se poser, sur la veine des SUNCHILD. « The Spark » avec Per MALMBERG (SALVA) en guest vocal, son des ELO et encore du GENESIS 3e mouture. Les cuivres amplifient la période funky-groovy de certains groupes des 80, TOTO et l’AOR qui transparait, EARTH, WIND & FIRE de l’autre. Le final instrumental avec les claviers d’Antony montre sa dextérité, sa création; du FLOWER KINGS pour le final. « Masterplan » enchaîne, claviers en avant; savonneux, cotonneux, à la BODIN parait-il, à la Antony pour moi chantant aussi, bref du SUNCHILD au son assez usité. La dérive et le final valent bien plus, la guitare nerveuse mettant le feu sur ce titre avant la saveur du clavier fondant. « Mirror of Souls » conclut, bande cinématique symphonique à l’air baroque grandiloquent; du prog sans retenue avec la flute bucolique de John.

« OMNI Part 2 » débute avec « Unchained » marquant le début de la seconde face, comme au temps des Cds, des Lps et K7. Jean PAGEAU (MYSTERY) y pose sa voix, moment de latence sur un coulis de piano; lente dérive et le solo fondant survient, c’est très bucolique, très cuisine, très néo-prog aussi. Ce solo est juste parfait, montant en intensité, émotion; de source sûre c’est bien Max VELYCHKO (INSIDE THE SOUND) qui s’éclate dessus. Jean reprend le contrôle un temps mais le solo explose musicalement le morceau; outro mélancolique piano et clavier amenant calmement « The Cards We Play » avec un nouveau changement, flûte de John, chanteur Marco GLÜHMANN (SYLVAN) avec sa voix prog estampillée, Richard pour sa basse et Michel venant déposer leurs doses progressistes. Antony amalgame le tout en chef d’orchestre pour faire de ce titre le fer de lance central de cette face digne d’un opéra rock baroque sans le nommer. Outro sombre flute, guitare, clavier et « You and I » apparaît, Bartosz KOSSOVICZ (COLLAGE) travaillant sa voix entre celle de Steven WILSON et FISH; un new prog intimiste, spleen, envoûtant. Le solo guitare revient aux émois du néo prog anglais, plus langoureux, balayant la question d’avoir autant de belles voix sur cette face; très chaleureux. « Storyteller (Part 2) » finit l’album sur un chœur de voix veloutées pour le morceau bucolique, champêtre; le plus avec Richard qui rayonne, Antony faisant de même; l’air semble sorti d’un album de Robert WYATT.

KARFAGEN sort OMNI, je ne pouvais m’empêcher d’en parler; entre UFO et universalité, fusion des genres musicaux on atterrit sur cet opus chargé émotionnellement. Un voyage musical qui renvoie les travaux personnels d’Antony très loin avec ce brassage de rock symphonique, esthétique, fantastique. KARFAGEN revient en force après ses balbutiements du départ en proposant du symphonique et un opéra rock prog concis et inventif. Il n’hésite pas à aller chercher des senteurs musicales des 70, 80, 90 pour les ramener en 2025 et en sortir un son moderne. Très bon opus diversifié.