LUNAR groupe créé en 2013, distillant du métal progressif énergique et lourd, à la frontière d’avec le métal pur et dur. Une musique très forte qui offre des breaks techniques inventifs, des couches musicales variées les faisant lorgner du côté du death métal prog que joue si bien OPETH. Un 4e album complexe où il faudra se poser pour en tirer la substantifique moelle progressiste.

« A Summer to Forget » avec trompette foraine de Joe, air prog d’antan et la voix vocoder déjantée; un riff nerveux, visqueux, une voix growl d’un coup et cette alternance, ce changement de tempo, sur un STATIC-X soft, un SCATTERBRAIN musclé, un KING DIAMOND avec la voix typée. Du rock de lisière avec une rythmique dark heavy métallique, puis death métal mais toujours ce son, ce sang prog derrière pour les parties instrumentales très techniques comme celle de ce solo synthé en feu. Il faut s’habituer à cette voix gutturale avant tout. « Fall Back into Old Habits » déboule, charge teutonique de Sacramento sur un lit de braises heavy; mais pourquoi le chroniquer? Des breaks qui coupent ce déluge fort bruyant, la guitare mitrailleuse et le pad à trois niveaux étant bousculés par une section cuivre, une autre orientale à chœur langoureux, une autre à la ZAPPA, sur du Devin TOWNSEND, un grand bazar musical. A noter l’un d’eux rappelant au bon souvenir des cordes de Robert FRIPP lui-même. Le final infernal technique, ludique, progressivement hypnotique. « Seasonal Interlude » avec le Cello de Raphael, le pourquoi de ma chronique. Un morceau délicat, doux, vocal chaleureux, chœurs de castrats. Un interlude limite folk qui vaut pour le piano électrique clair, se transformant en orgue glacé. La voix gutturale part sur un crescendo où le Cello amplifie la dramaturgie violente; un son rappelant les travaux éphémères des BELIEVER. Musique éruptive où le saxo de Gary crispe l’air ambiant sur ce final à la KING CRIMSON métal. « Weakening Winter Touch » intro cinématique avec un arpège guitare, du vent amenant un son métal prog lourd et posé à la fois. La voix flirte avec le rock progressif fin 70 qui se voulait plus nerveux, comprenant que la fusion métallique serait une nécessité. L’évolution du titre part dans une section grandiloquente, aérienne; le break frippien pose l’atmosphère avant de repartir sur cet air majestueux pompeux.

« Spring In My Step » intro guitare à gauche, batterie qui débouche l’oreille à droite; le son revient avec les claviers sur un air ‘Heavy Metal’ du célèbre dessin animé. Le son des 80 boosté par la rythmique moderne complexe avec encore la folie des SCATTERBRAIN au loin, groupe qui ne se prenait pas au sérieux. Un vocal limite phrasé-rapé, un break ambiant, l’on se pose; lunaire ce break avant la décharge hormonale growl malfaisante. La seconde moitié ressemble à une chevauchée sans harnais sur un cheval piqué par un frelon. Un fondu qui pose et introduit « Tempora Mutantur: Part I - Passage of Time » en 3parties. Délicatesse du piano, harmonica et voix douce pour un intermède introductif solennel qui conforte le groupe dans un tiroir progressiste; à noter la présence de Sam des CALIGULA’S HORSE. « Tempora Mutantur: Part II - Broken Pendulum » enchaîne avec un clavier cristallin forain, spatial, étonnant. Le temps s’arrête ça tombe vu vu les textes; le déluge apparaît comme la lave avec growl malfamé tirant sur le death métal honni des progueux. De l’énergie, des accélérations, un bruit contenu qui fait peur pour celui qui ne comprend pas la fusion ou les expériences d’OPETH. Le torrent de lave nettoie tout. « Tempora Mutantur: Part III - Watch the Weather Change » en écoute à l’heure de la chronique, étrangement un radio edit avec une voix de stade et le son typé hard rock FM qui fleure bon les 80. L’alliance avec la voix growl donne toujours la sensation d’avoir deux groupes jouant l’un après l’autre, une idée de fusion novatrice, une idée farfelue pour certains. Le plus c’est ce côté progressiste dans la tessiture extrême métal death prog.

LUNAR avec Alex d’HELION PRIME et Ryan au départ, avec Wayne des WILDRUN, Joe de THANK YOU SCIENTIST et Sam des CALIGULA’S HORSE pour le pedigree. Album traitant des effets du temps sur notre corps, symbolisé musicalement par cette alternance mélodique et décharge heavy. Sur du OPETH, HAKEN, TOOL pour une musique variée extrême amusante, émouvante, bestiale qui prend aux tripes. Un son plus près d’un VOIVOD que d’un DREAM THEATER, avec Chandler se jouant du growl de Brian pour donner ce conglomérat de musique extrême, comme notre double facette personnelle. Un must pour les fans extrêmes, un danger musical pour les progueux des 70.