Le groupe finlandais OCTOPIE, nous propose cette fois-ci, un album double encore tout à fait dans la lignée opéra rock progressif. En dépit d’un hiatus de 9 ans et avec un effectif un peu réduit, OCTOPIE n’a rien perdu de sa créativité. L’œuvre se veut un peu ambitieuse avec ses 86 minutes et 16 morceaux. Il s’agit encore d’un album concept tournant autour du thème d’un univers avec un régime autoritaire qui contrôle la musique et naturellement du mouvement de résistance underground qui va lui tenir tête.

Les comparatifs sont difficiles à faire, parce que OCTOPIE possède un large éventail d’influences qui va de Van, VAN DER GRAAF GENERATOR à Queen, en passant par JETHRO TULL et GENTLE GIANT. Comme on doit s’y attendre avec un style opéra, les paroles sont abondantes et le lyrisme presque exagéré. En revanche la partie musicale et les arrangements sont généralement superbes. Si vous ne connaissez pas le groupe, vous risquez de trouver que la voix du chanteur est un peu hyperbolique. Cependant il y a beaucoup plus et j’ai bien aimé les fréquents passages de cuivre en particulier et le rythme relaxant qui m’a rappelé des bons moments du groupe Chicago. Les pièces plus musclées tournent autour de sept minutes et plusieurs d’entre elles sont franchement remarquables. Il y a aussi plein de petits interludes qui mettent la table ou qui assure la transition du narratif de l’histoire. Les albums doubles peuvent avoir des faiblesses ou redondances mais ‘Green Divine’ est un album concept qui tient bien la route. Il s’agit vraiment d’un progressif plutôt éclectique que symphonique ou poly rythmique. Donc on pourra entendre des balades assez classiques et du rock avec des influences de jazz et de fusion. Par exemple si on prend la pièce ‘The Harbingers’ on retrouvera une intro presque RPI, avec de beaux arrangements vocaux, suivi de passages plus flottants et mystérieux, presque en clin d’œil, à du MAGMA qui finira En guitare électrique à la Martin Barre. Autre exemple, avec la pièce ‘Green Love’ on croirait retrouver Zappa et les Mothers of Invention. Les pièces plus douces, plus présentes sur le deuxième CD peuvent être délicates et pleine de sensibilité ‘How High Can Man Be’ en est un bel exemple. ‘Summer Is Here’ un de mes préférés débute avec une guitare acoustique un peu démente puis un synthé ronflant, le tout se transformant en un rythme un peu latin, puis en en des effets choraux échevelés. Vous comprendrez qu’il est difficile de mettre en mots, une musique aussi changeante et expressive.

Cela étant dit, on doit applaudir la créativité sans limite et sans peur du groupe et son enthousiasme à faire ce qu’ils aiment. Comme bien d’autres opéra rock ce n’est pas de la musique qu’on écoute tous les jours et pour se faire justice, on doit écouter tout l’ensemble. En ces années où beaucoup de groupes se tiennent trop formellement au progressif classique au point d’être devenu rétro, il est toujours rafraîchissant de voir des musiciens qui ne craignent pas d’explorer et de faire ce qu’ils veulent. Probablement meilleur que leur dernier album. Pour certains ce sera un goût à acquérir particulièrement à cause l’énergie et de l’emphase des parties vocales mais tout de même un album qui mérite votre attention et qui vous procurera de bons moments. J’allais oublier de mentionner que la production est excellente.