Voici le premier album d’ONIRICO, un projet musical qui existe depuis 2009, fruit du travail d’un duo de multi-instrumentistes argentins de la ville de San Juan, et qui comme vous le constaterez se montre extrêmement talentueux en frappant droit dans le mille avec cet Opus hyper peaufiné et ultra mélodique de rock progressif. Il a été publié le 20 décembre dernier sous le label chilien « MYLODON Records », tant au format physique que sur les plateformes de streaming.

Par l’entremise de sept chansons, en anglais avec quelques petits bouts en espagnol, cette formation nous raconte les différentes étapes de la vie d’un individu, où l’on découvre ses aspirations et ses croyances, le choc de ses combats intérieurs et ses doutes existentiels, jusqu'à ce qu’il atteigne un état de rédemption et de contemplation, le tout, sur une musique à la complexité accessible et très agréable. Je dis sept chansons, mais en fait il y en a six, car l’intermède de 26 secondes de « Shapes of the Past » ne présente que des bruits sonores, possiblement quelqu’un qui sort de sa voiture et qui rentre chez lui. Disons-le, c’est un passage carrément inutile. Heureusement, à part cet écart, tout le reste se présente très bien dans plusieurs styles variés, où musicalement, ils se font plaisir avec des démonstrations sur de longues plages !

« The Beginning », sonne le début et on appréciera la clarté des cordes, l’ambiance « cool jazz » moderne, dans le style « LONDON UNDERGROUND » ou le « jingle » de NESPRESSO, où l’on découvre le chant nonchalant d’HERNANDEZ, dans le style « crooner » à la Michael BUBLE, mais atone, et certains interprètes d’Alan PARSONS PROJECT, avec un coté pop langoureux. La voix d’HERNANDEZ n’est pas hyper puissante mais elle joue relativement bien dans ses limites, avec des supports vocaux délicats générés par cette même personne. On y découvre un super solo de basson, chose assez inhabituelle, surprenant par la profondeur du son, et par la rigidité des vibrations basses. Une chanson taillée pour la radio. Bien des artistes rêveraient d’un tel morceau dans leur discographie, avec cet équilibre parfait de chant et de musique distinguées.

« House of Mirrors », avec son introduction sautillante et complexe à la façon de Neal MORSE, nous offre un des bons moments de cet album par son intro aux rythmes enchevêtrés, suivi d’un moment de grâce, un canon de voix douces scandé en espagnol, bien que la chanson soit interprétée en anglais. Bon, on sent les limites du chant, mais cela groove à la basse et aux guitares, offrant des passages « hard rock » accessibles et de bon goût, avec une excellente basse qui se plaît dans les rythmes « jazzy ». On ne peut que saluer la généreuse imagination dans tous les agencements à tiroirs offerts ainsi que dans cette finale qui s’étire dans les claviers et les pincements de cordes.

« Inner Walls » débute en fanfare sur des claviers majestueux et célestes, suivis de petites montées « toolienne » avec ses clapotis de cordes sur fond de vibrations « space ». Ce groupe adore nous offrir des ponts musicaux variés, qui marient la puissance des cordes et la délicatesse du piano, jouant de cette alternance pour nous offrir un délicieux rock progressif pour amateurs de claviers. « Falling Asleep » se veut la pièce tranquille de cet album, avec une guitare acoustique qui résonne d’un esprit « floydien », mais on retiendra ici le deuxième passage du basson sur cet album, qui impose sa personnalité dans cette proposition trop tranquille. Essayez de ne pas vous endormir !

« Ex-nihilo » offre une entrée plus « space » et sombre, se voulant mystique par le souffle des faux chœurs. Des battements bien marqués, des intonations vocales à la OASIS, des percussions hachées, des claviers vintages, des changements drastiques mes toujours harmonieux, nous amène vers ambiance « heavy prog » soudaine, et bien rafraîchissante. Pour conclure, avec ses quinze minutes, « Redemption » avec une super intro de guitare acoustique, une ritournelle redondante qui se développe lentement, dont le style me fait penser à THE CHURCH par ses guitares et ses battements. Vers la fin, après une minute de silence, surprise, la « toune » cachée survient, sans titre, sans chant, juste des belles guitares qui jouxtent, et on en redemanderait, car cette prestation fraîche brille par son authenticité.

Musicalement parlant, c’est brillant pour un premier Opus, et l’on ressent bien ici un travail de qualité où l’on a pris son temps pour bien peaufiner les arrangements. Des experts en mélodie qui livre un album qui dès la première écoute charme par son ton. Les morceaux sont suffisamment longs pour aligner des développements intéressants et engageants. Comme l’indique bien la pochette, on en voit de toutes les couleurs dans des ambiances feutrées ou agitée. La prestation au basson vaut le détour. La voix m’a plu et la sagesse du chanteur de ne pas trop en faire et de rester dans ses limites est à souligner. Un groupe à suivre, en espérant qu’ils ne prendront pas une décade pour livrer la suite. Titres préférés : « In the Beginning », « Inner walls » et « Ex-Nihilo ». Bonne écoute !